– Le pré-acheminent maritime vers le Siroco, transport de chalands de débarquement, dont le radier a servi de cadre rare au cocktail offert par la Marine nationale, a été très instructif. Il a, en effet, permit se constater les limites physiques de l’utilité du code ISPS dans un port de commerce dont l’une des entrées maritimes est commune avec un port de plaisance.
– Le Prestige peut recommencer. Après de longs rappels sur le durcissement des normes européennes relatives à la sécurité des navires, une question: est-on raisonnablement sûr qu’un transporteur de fioul lourd russe très visqueux, en route vers Singapour et ayant des problèmes structuraux graves au large de l’Espagne serait “géré” sans interférence contre-productive entre une région littorale très “autonome” et l’État central? “Je crains que la situation n’ait pas beaucoup évoluée” répondait le préfet maritime de Méditerranée, Jean Tandonnet, de retour d’un récent séjour professionnel en Espagne. L’une des causes déterminantes du naufrage du Prestige reste donc d’actualité, cinq ans après. Elle devrait le rester longtemps, estimait un juriste spécialisé dans les accidents maritimes.
– “La liberté des mers est la condition du développement économique”, a estimé l’amiral Alain Oudot de Dainville, chef d’État-major de la Marine. Un arbitrage clair a donc été exprimé au profit du “core business” de la Marine: l’action militaire.
– “Il faut conforter nos points forts maritimes: le tourisme, la plaisance et l’offshore pétrolier”, a recommandé Jean-Yves Perrot, président de l’Ifremer (et ancien directeur adjoint du cabinet de Bernard Pons, ministre des Transports et du Tourisme, entre autres). Il a ajouté que l’avenir est aux énergies renouvelables d’origine maritime totalement absentes des réflexions gouvernementales.
–“ L’avenir du maritime européen n’est peut-être pas dans le transport de marchandises, mais plutôt dans les navires de service comme les câbliers, qui sont à haute valeur ajoutée”, a expliqué Philippe Louis-Dreyfus en sa qualité de président des armateurs européens. Il ajoutait en direction probablement des “jeunes” que les salaires et les congés des officiers étaient plutôt “sympathiques”. De quoi agacer Jacques Saadé, président de la CMA CGM (JMM du 14-12-2007, p. 4).
– “Nous avons vainement suggéré à plusieurs reprises au gouvernement de recevoir M. Lefebvre, secrétaire général de la FNPD CGT avant qu’il ne parte en retraite” expliquait un manutentionnaire, car “nous savons qui nous allons prochainement perdre et craignons qui nous risquons de trouver”. Voilà donc pourquoi les lettres envoyées par toutes les parties concernées par le passage portuaire, au président de la République et aux ministres chargés des transports insistaient sur la concertation étroite avec les partenaires sociaux (JMM du 7-12-2007, p. 13).
– “Si le problème des portiqueurs reste en l’état, le vrai risque marseillais pèsera sur le pétrole; activité à forte rentabilité pour l’autorité portuaire” estimait un grand connaisseur de l’établissement.
– Selon une rumeur circulant dans l’administration, l’ENMM de Marseille serait “sauvée”. Celle du Havre disparaîtrait au “profit” de son homologue nantaise. Pourquoi, l’ENMM de Nantes qui est déjà passée en mode “dégradé”? Parce qu’il serait judicieux d’y faciliter l’élection d’un maire UMP alors qu’au Havre, la mairie est déjà du “bon” bord. Face à de telles motivations, fermons-les toutes pour former les futurs officiers à Port-Revel!
– Autre rumeur récurrente, le ministère de Jean-Louis Borloo va connaître une nouvelle grande réforme “fondatrice”: ce qu’il reste de l’administration des ports, de la flotte et des gens de mer pourrait se retrouver au sein d’une même microstructure. Enfin, l’unité du maritime retrouvée; dans un placard!
– Le “modèle économique” de certains colloques selon lequel “qui paie, parle” devrait être réexaminé. Il serait en effet souhaitable de prendre en compte la pertinence du propos payant.