Le 5 novembre dernier, le site internet du Journal of American Chemical Society diffusait une synthèse de sept pages sur "Mortality from Ship Emissions: A Global Assessment". Celle-ci résume l’étude menée conjointement par l’université du Delaware, la Duke University (Caroline du Nord), l’Institut de technologie de Rochester et par le Deutsches Zentrum für Luft und Raumfahrt (Centre allemand de l’atmosphère et de l’espace) de Wessling.
"Nos conclusions indiquent que les fumées des navires sont responsables d’environ 60 0000 décès résultant de cancers des poumons et de déficiences cardiopulmonaires. La plupart des décès ont lieu le long des côtes européennes et en Asie du Sud et de l’Est. À normes constantes et compte tenu de la croissance attendue du transport maritime, nous estimons que la mortalité liée aux émissions des navires devrait atteindre 84 000 décès prématurés en 2012". Dans le détail, chaque année, les émissions des navires sont estimées être de 1,2 à 1,6 Mt de particules d’un diamètre aérodynamique de 10 µm (10− 6) et moins; de 4,7 à 6,5 Mt d’oxydes de soufre (SOx) et de 5 à 6,9 Mt d’oxydes d’azote (NOx). Des études récentes estiment qu’environ 15 % des NOx et 5 à 8 % des SOx proviennent des navires. Étant donné qu’environ 70 % des fumées des navires sont émises à moins de 400 km des côtes, elles peuvent potentiellement contribuer à une pollution significative de l’air respiré par les populations littorales.
La concentration des particules d’un diamètre de 2,5 µm et moins (P2,5) est particulièrement favorable à l’augmentation du nombre de cancers des poumons et autres pathologies cardiopulmonaires. La méthodologie utilisée par cette étude est similaire à celle déjà employée dans d’autres recherches, notent les auteurs: estimer l’importance des émissions polluantes des navires; estimer à partir de modèles, la "surpollution" dont ces émissions sont responsables le long du littoral; en déduire l’accroissement du risque résultant de cette surpollution; puis calculer la surmortalité ayant pour origine l’accroissement du risque. Selon les résultats obtenus, 3 % à 8 % des décès dus au cancer des poumons ou à des pathologies cardiopulmonaires ont pour origine les polluants générés par les fumées des navires.
SURMORTALITÉ À L’EST DU BASSIN PARISIEN
La carte européenne des risques liés aux émissions de P 2,5 d’origine maritime est "curieuse": si le sud-est de la Grande-Bretagne "bénéficie" de la mortalité la plus forte, les côtes françaises de la Manche sont relativement épargnées, contrairement à l’est du bassin parisien. Cela dit, le Benelux et la région frontalière de l’Allemagne ainsi qu’une partie de la Bretagne arrivent en 2e position en terme de surmortalité.
Le nombre de recherches médicales convergentes devrait amener à un débat et probablement à une modification des comportements ainsi que l’espère Philippe Louis-Dreyfus, président des armateurs européens, à propos des gaz à effet de serre (JMM du 19-10-2007, p. 9)