Acquis, il y a à peine un peu plus d’un an par le groupe norvégien Eitzen, il est sur le point d’être revendu au groupe belge Sea-Invest. Ce jeu de mains a surpris plus d’un observateur. Un des plus importants manutentionnaires portuaires d’Europe, une véritable nébuleuse d’entreprises avoue son penchant pour les hydrocarbures et le secteur maritime qu’il venait tout juste de quitter en se séparant de l’armement Kleimar. À Marseille, elle ancre un peu plus Sea-Invest où le groupe présidé par Philippe Van de Vyvere est devenu un acteur de premier de plan.
UNE FLOTTE DE 13 NAVIRES
Le fil de la pelote commence en 2005 quand, par le biais de sa filiale de manutention de charbon, Ghent Coal Terminal, Sea-Invest se retrouve dans le conseil d’administration de Fouquet Sacop. Sous la conduite de Christian Garin, le premier armement français spécialisé dans le tramping de produits pétrochimiques est à son apogée. Au rythme d’un navire neuf par an, rien ne semble résister à l’envol de la compagnie. Aussi, c’est la surprise quand Fouquet Sacop passe à l’heure d’Oslo. En juin 2006, le groupe norvégien Eitzen met la main sur la flotte d’aujourd’hui 13 navires pour 219 M€. Christian Garin explique la vente par la nécessité de trouver de nouvelles marges de développement et une dimension vraiment internationale. Il précise alors qu’avec Sea-Invest, il deviendra actionnaire du futur holding pétrochimique d’Eitzen Chemical. Mais rapidement, le groupe norvégien va changer de stratégie. Au point qu’il y a quelques jours, il annonce son intention de vendre à Sea-Invest Fouquet Sacop pour 235 M€ et les dettes s’élevant à 162 M€.
Si les chiffres annoncés sont exacts, en 15 mois, la valeur de la compagnie basée à Marseille aura fait un bond. Comme Philippe Van de Vyvere n’est pas homme à prendre les enfants du bon Dieu pour des gabians sauvages, l’animal totem qui orne le pavillon de Fouquet Sacop, on peut se demander quel est le gagnant dans cette transaction. D’autant que, comme le souligne un expert portuaire:
"Entreprise multi-sites et multi-trafics, Sea-Invest achète par opportunité des entreprises locales, en s’appropriant leur savoir-faire et leur portefeuille clients." Les éléments d’une réponse seront fournis lors de la signature de la vente, promet Christian Garin, par ailleurs président du PAM et qui conserve le pilotage opérationnel de Fouquet Sacop.
UN ACCENT BELGE SUR LE PORT DE MARSEILLE
En attendant, Sea-Invest donne un peu plus l’accent belge au port de Marseille. Depuis 2004, date à laquelle le groupe a acquis pour 34 M€ le groupe Léon Vincent, il n’a cessé d’élargir sa sphère d’influence. Avec cet important distributeur de fruits et légumes vers l’Europe, il entrait, en effet, dans la manutention marseillaise. Par la grande porte: en prenant directement possession de Marseille Manutention, mais aussi par le biais d’une solide participation (24,5 %) dans le holding MGM qui contrôle les deux plus importants manutentionnaires (Eurofos sur les bassins Ouest et Intramar à Marseille), et où il siège aux côtés de Port Synergy (DP Ports et CMA-CGM) et la Socoman.
Ce n’est pas tout. Il a dernièrement acquis Carfos, le manutentionnaire qui possède une convention de 10 ans sur le terminal vracs solides. Résultat, aujourd’hui, Sea-Invest contrôle la quasi-totalité de la manutention des vracs solides, des fruits et primeurs et une bonne partie du trafic roulier et conteneurs de Marseille-Fos. Il possède également des actions en logistique avec un entrepôt réfrigéré de 10 000 m2 sur Fos Distriport, une entreprise de transport routier (Transcosatal), un intérêt à la réalisation d’une autoroute ferroviaire sur le terminal roulier, une agence maritime… Et, last but not least, Sea-Tank qui sur la zone de Fos, a commencé de réaliser une grande unité de stockage de vracs liquides (produits pétroliers et chimiques). Outre la légendaire boulimie de Sea-Invest, faut-il établir un lien de cause à effet avec la future acquisition de Fouquet Sacop?
