Relier pendant une partie de l’année, grâce au réchauffement climatique, l’Europe à l’Extrême-Orient par l’océan Arctique réduirait la distance à 7 900 milles, contre 12 600 milles par le canal de Panama. En outre, il est prévisible que les richesses minérales de l’Arctique susciteront davantage de transports maritimes. Pourtant, plusieurs spécialistes de la Chambre internationale de l’armement de Londres, de l’armement Canarctic Shipping (plus grand opérateur sur l’Arctique canadien) et de la garde côtière canadienne y voient beaucoup d’inconvénients.
NOMBREUSES DIFFICULTÉS
Le caractère imprévisible de la glace de l’Arctique, l’absence d’infrastructures (ports, remorqueurs, chantiers de réparations), l’étroitesse des chenaux, des eaux glaciales non répertoriées et relativement peu profondes pour de grands navires marchands sont autant de facteurs dissuasifs, sans oublier le coût élevé des assurances. La période de fonte de la glace durera probablement de fin juin à fin septembre et ne se reproduira pas obligatoirement aux mêmes endroits l’année suivante. De plus, la calotte glacière polaire est en rotation lente. Des morceaux de glace, difficiles à repérer, devraient flotter plus souvent dans les chenaux. Or, cette glace, très dure, peut déchirer une coque.
Le passage du Nord-Ouest est constitué de cinq routes différentes, parsemées de dizaines de récifs et de chenaux étroits. La route du Sud, la moins encombrée par la banquise mais la plus difficile, ne permet pas aux très grands navires de manœuvrer. Le risque pour un navire d’être bloqué par les glaces et de devoir faire demi-tour pour passer par Panama n’est pas non plus exclu. La garde côtière canadienne a recensé 150 traversées de l’Arctique au cours des cent dernières années, la plupart par ses propres navires.
D’autre part, une question juridique reste à régler. Les États-Unis contestent le contrôle de ce passage par le Canada, qui impose des critères stricts aux navires renforcés pour les glaces. Le passage par le Nord-Ouest sera donc de plus en plus fréquenté, mais pas au point de devenir le "Panama du Nord".