Selon cette loi, d’ici à trois ans, toutes les importations américaines transportées par avion à passagers devront être "scannées" au départ. Dans un délai de cinq ans, tous les conteneurs maritimes destinés aux États-Unis devront être "scannés" avant chargement. Les États-Unis font donc largement participer leurs fournisseurs aux efforts pour renforcer leur sûreté intérieure.
Les services transports des grands exportateurs mondiaux expriment leur confiance dans les procédures de contrôle et autres programmes de suivi afin de protéger les flux commerciaux internationaux. Ils estiment en revanche, que le contrôle visuel de toutes les importations va coûter fort cher aux fournisseurs et donc aux clients finaux, sans pour autant atteindre le but recherché.
Le ministère américain de la Sécurité intérieure, les Douanes américaines, les transporteurs maritimes, la Commission européenne et 17 gouvernements (dont la France et plus significatif, la Grande-Bretagne et l’Allemagne; la Chine restant muette) partagent cet avis.
"Nous devons déjà faire face à un engorgement croissant des ports du fait de la hausse des échanges conteneurisés. Chacun peut imaginer ce que cela va donner si tous les conteneurs doivent être contrôlés", notait Nicolette van der Jagt, secrétaire général du Conseil des chargeurs européens. "Nous regrettons que les États-Unis agissent de façon unilatérale sans attendre les résultats des actions pilotes que les Douanes américaines et celles des États membres de l’UE étaient sur le point de lancer", ajoutait-elle.
John Lu, président du conseil des chargeurs asiatiques poursuivait dans la même veine: "En tant que principal exportateur vers les États-Unis, l’Asie sera la plus durement touchée. La mise en œuvre de cette loi ralentira l’écoulement des flux portuaires et aéroportuaires. Selon toute probabilité, les chargeurs supporteront la majorité des surcoûts car le rapport de force, dans notre zone, est favorable aux transporteurs."
Peter Gatti vice-président exécutif de la National Industrial Transportation League, USA expliquait: "la Ligue estime que la loi sur le contrôle total des flux est contraire à de nombreux objectifs fixés à la Commission d’enquête qui devait tirer des enseignements des attentats du 11 septembre.
SCREENING OU SCANNING?
"Cela a été un choc pour les chargeurs qui s’attendaient à un renforcement des moyens de filtrage (screening) et non pas à une obligation de scanning des conteneurs", expliquait à son tour Ted Kawamura, d.g. du conseil japonais des chargeurs. "Dans ces conditions, on peut s’interroger sur la pertinence du maintien de tous les dispositifs de renforcement de la sûreté basés sur l’évaluation du risque", poursuivait-il.
Bref, tout le monde ou presque, critique publiquement la position américaine voulue par les démocrates.
Les services transport des chargeurs mondiaux vont avoir un vrai sujet de conversation lors de leur réunion annuelle qui se tiendra en septembre à Singapour. Parmi les thèmes de réflexion, pourrait figurer la question suivante: quand on a déjà tout avalé une première fois, peut-on réellement refuser de vider à nouveau la coupe, lie comprise?
“Vouloir inspecter tous les conteneurs entrant aux États-Unis reviendrait à détruire les ports”
Qui a dit: “Nous ne croyons pas à la sûreté à tout prix. Nous croyons à la gestion du risque. Cela passe donc par une analyse des risques et des faiblesses ainsi que de leurs conséquences possibles, et par une estimation de la probabilité de survenance des risques et du rapport coûts/avantages des possibles mesures de prévention.
Nous croyons également à la sûreté par couches successives. […] “Nous ne voulons pas que les dispositifs mis en place fassent plus de mal que de bien. Vouloir inspecter tous les conteneurs entrant aux États-Unis reviendrait à détruire les ports”?
Réponse: Michael Chertoff, patron du ministère américain de la Sûreté intérieure (JMM du 6-5-2007; p. 22) qui ne précise pas si les ports susceptible d’être détruits seraient ou non américains.