Il y a eu 126 actes de piraterie dans le monde au premier semestre, contre 127 un an auparavant. Selon l’International Maritime Bureau (IMB) de la Chambre internationale de commerce basée à Londres, des pirates ont détourné 13 navires. Ils ont pris 152 navigants en otage, en ont enlevé 41 contre rançon et en ont tué 3. Dans 66 cas, ils ont utilisé des armes à feu ou des couteaux. Les attaques (12) contre les vraquiers ont fortement diminué (− 17), de même que celles (19) contre les porte-conteneurs (− 4).
LE NIGERIA À NOUVEAU
Le Nigeria a connu une reprise de la piraterie avec 19 attaques effectives ou tentées, contre 7 un an auparavant. Les plates-formes pétrolières dans le delta du Niger ne sont plus les seules cibles. Les pirates s’en prennent aussi aux navires-citernes durant les opérations de chargement, accroissant d’autant les risques de pertes de vies humaines et de graves dommages pour l’environnement. L’IMB note la difficulté à obtenir de l’aide des autorités. Elle cite le cas du navire frigorifique Silver-Cape attaqué le 19 mai, alors qu’il était à quai à Port Harcourt. Un marin blessé par balles a dû être transporté à l’hôpital par une voiture de sécurité du port, car la police et l’ambulance ont refusé de venir dans le port.
LA SOMALIE TOUJOURS
La côte somalienne devient de plus en plus dangereuse: 17 attaques en 6 mois (10 pour toute l’année 2006), dont 8 détournements et 85 navigants pris en otage. Ces actes de piraterie répétés menacent sérieusement les routes commerciales internationales et les livraisons d’aide de première urgence. Le 10 juillet, au cours d’une conférence presse commune à Londres, les dirigeants de l’OMI et du Programme alimentaire mondial des Nations unies (PAM) ont demandé l’aide du Conseil de sécurité de l’ONU, de l’Union africaine et des pays voisins de la Somalie. Certains actes de piraterie se produisent même devant les forces navales internationales patrouillant en mer Rouge. Celles-ci ne peuvent poursuivre les pirates dans les eaux territoriales somaliennes sans enfreindre le droit international, a déclaré le secrétaire général de l’OMI Efthimios Mitropoulos. Selon lui, les pirates ont des liens avec les milices locales qui vivent d’extorsions de fonds. "Ce sont des combattants entraînés portant des tenues de combat", précise-t-il, et parfois dotés d’armes automatiques et de lance-grenades. À partir d’un "navire base" dans les eaux territoriales, ils attaquent à bord de bateaux rapides jusqu’à 200 milles au large. Les plus audacieux font des incursions à proximité des routes de trafics internationaux du canal de Suez aux pays du Golfe et même jusqu’au cap de Bonne-Espérance. Efthimios Mitropoulos a renouvelé ses appels au Conseil de sécurité de l’ONU, en vue d’obtenir du gouvernement somalien de laisser les bâtiments militaires étrangers concernés entrer dans les eaux territoriales du pays. "Nous serons alors en meilleure position pour combattre ce fléau commun, souligne-t-il, sans son consentement, sa propre population va souffrir." Selon l’OMI, 15 navires marchands ont été détournés depuis le début de l’année, dont 2 affrétés par le PAM qui a déploré la mort d’un agent de sécurité.
La situation alimentaire en Somalie pourrait devenir catastrophique si les attaques se poursuivent. "Près de 80 % de l’aide du PAM à la Somalie est transportée par mer, a déclaré sa directrice générale Josette Sheeran, mais à cause de la piraterie, le nombre de navires acceptant d’acheminer de la nourriture à ce pays a diminué de moitié". L’aide alimentaire à la Somalie constitue "l’une des opérations humanitaires les plus difficiles du monde", conclut-elle, parce que les pirates ciblent des fournisseurs difficilement trouvés.
BIENTÔT UNE "MARITIME SECURITY HOTLINE"
Lors de la 6e conférence trisannuelle sur la piraterie et la sûreté maritime tenue à Kuala Lumpur les 12 et 13 juin, l’IMB a annoncé l’ouverture prochaine d’une ligne directe et permanente de communications dénommée "Maritime Security Hotline" (603 2 031 0014 ou