"En 2006 la plupart des activités du groupe AP Møller-Mærsk ont été orientées à la hausse. Cela s’applique aussi bien à Mærsk Tankers, Mærsk Contractors, Mærsk Supply Service qu’à Mærsk Oil & Gas. Mais ces résultats ont été assombris par une activité en baisse dans le domaine des conteneurs", commence le rapport annuel du groupe danois. Avec un chiffre d’affaires global de 44,5 Md$, en hausse de 27,7 %, Mærsk confirme sa bonne santé financière. Le résultat opérationnel (profit before depreciation, amortisation and impairment losses) gagne, quant à lui, 3,7 % à 8,65 Md$.
L’analyse par secteur d’activité confirme ces résultats. La division "Tankers, offshore and other shipping activities" (voir ci-après) a vu son chiffre d’affaires augmenter de 19,6 % à 3,73 Md$. Mærsk Tankers a participé activement à ce résultat par une activité soutenue et des taux de fret sensiblement identiques à ceux de 2005. Un constat identique pour Mærsk Contractors dont les outils ont été utilisés à presque 100 %. Les services maritimes ne sont pas en reste dans cette escalade. Le développement de ce secteur d’activité a amené une augmentation des taux de fret et du taux d’utilisation des navires. Enfin, la division "Oil & Gas" a apporté son lot à cette performance. À 6,91 Md$, son chiffre d’affaires de cette division "explose" avec un gain de 51 %. Le prix moyen du baril de Brent s’est établi à environ 65 $ pendant l’année, soit 20 % au-dessus du prix négocié en 2005. De plus, Mærsk a pris de nouvelles positions en Grande-Bretagne, une stratégie qui participe au développement de cette activité. Seule ombre à ce tableau, la décision du gouvernement du Qatar de prendre une plus grande part dans la production, réduisant ainsi les gains de Mærsk.
LES CONTENEURS, PLUS DE 50 % DU CHIFFRE D’AFFAIRES
Mais un point noir demeure, celui de la division conteneur. Toutes les activités liées aux conteneurs (armements, terminaux et logistique) ont été moins à la fête. À elles seules, les "activités conteneurisées" entrent pour 56 % du volume d’affaires du groupe.
Et si le chiffre d’affaires de cette division progresse de 17,4 % à 24,27 Md$ en 2006, son résultat opérationnel recul de 54,8 % à 1,5 Md$.
Les pertes nettes s’établissent à − 568 M$ contre un bénéfice de + 1,2 Md$ l’an dernier. Plusieurs raisons sont invoquées pour expliquer cette contre-performance: des taux de fret en baisse; une augmentation significative des soutes; enfin, un volume inférieur aux prévisions. De plus, le groupe danois indique que la concurrence a sérieusement affecté le marché en mettant sur le marché plus de navires que la demande n’a pu absorber. D’un autre côté, le groupe rappelle qu’en 2006, il a pris livraison de 17 navires, dont deux de la nouvelle série des Emma-Mærsk d’une capacité de 10 000 EVP. Ainsi, les concurrents ne sont pas les seuls à avoir inondé le marché dans un contexte de croissance ralentie de la demande.
Le groupe danois n’oublie pas non plus les raisons endogènes qui ont contribué à la baisse. L’intégration du personnel P&O Nedlloyd pendant l’année 2006 a coïncidé avec la mise en place de nouveaux systèmes informatiques propres au groupe. "Nous avons dû former notre force de vente à ce système et accueillir les salariés de P&O Nedlloyd. Deux éléments qui ont amené des dysfonctionnements et amené nos clients à choisir des concurrents", nous a confié un responsable du groupe. Ainsi, au total, Mærsk Line a transporté 12,2 MEVP, soit autant que le volume réalisé par les deux armements distincts en 2005. "Nous n’avons pas participé à la croissance de 2006", a conclu le responsable du groupe.
Le constat est le même pour Safmarine. Opérant principalement sur des trafics Nord/Sud, Safmarine a enregistré une progression de son volume (+ 25 % à 1,2 MEVP), mais voit ses résultats baisser, même si ceux-ci demeurent positifs.
Le contexte décrit pour 2006 semble perdurer sur les premiers mois de l’année. "Les taux de fret restent à leur niveau bas actuel et les prix des soutes ne diminuent pas. Si les prévisions tablent sur une croissance de 8 à 9 % pour l’année, notre progression sur ce secteur sera inférieure parce que nous privilégions le rendement plutôt que la croissance", est-il écrit dans le rapport annuel.
Dans les autres activités, les prévisions sont réalistes. Mærsk Tankers accuse une baisse des taux de fret sur le premier trimestre par rapport à l’année précédente. La division "services maritimes" s’exerce toujours dans un environnement favorable dans un contexte de croissance.
Enfin, le secteur de la production de pétrole et de gaz devrait accuser un repli en 2007 en raison de la hausse des coûts de production qui couvriront l’augmentation de la production.
APM Terminals
Dans son rapport annuel, Mærsk détail les chiffres de sa division manutention, APM Terminals, une première dans la tradition du groupe danois qui divulgue peu de détails sur les différentes filiales. Selon des sources internes, cet ajout aurait été motivé par de nombreuses interrogations d’analystes financiers sur le poids de cette filiale dans les comptes de la division “activités conteneurisées”. Une façon de ramener à sa juste valeur une filiale d’une division. En 2006, cette filiale du groupe danois a enregistré une progression de son chiffre d’affaires de 37,3 % à 2,06 Md$. Dans les 45 terminaux exploités par APM Terminals, le volume manutentionné s’élève à 28,4 MEVP, soit une hausse de 6,4 %. L’an passé, APM Terminals a pu augmenter par croissance externe. La société s’est vue attribuer plusieurs nouvelles concessions, dont Cai Mep (Viêt-nam), Aqaba (Jordanie), Maasvlakte 2 (Pays-Bas), Zeebrugge (Belgique), Mumbai (Inde), Khalifa Bin Salman (Bahrain), Apapa (Nigeria) et sur Port 2000 au Havre. Plus proche de nous, le 2 novembre, un accord a été signé avec l’autorité portuaire de Dunkerque pour l’exploitation du terminal. La société prévoit de nouveaux investissements notamment dans des engins de manutention. L’année en cours devrait voir les chiffres de cette filiale continuer à progresser. APM Terminals prévoit d’ouvrir au troisième trimestre le futur terminal de Portsmouth (Virginie).