Le marché français de l’assurance maritime a connu une évolution au cours des 20 dernières années. "De fusions en absorption et acquisitions, ce marché a su se renforcer pour offrir une véritable réponse aux exigences des clients. Avec le temps, il s’est fait un nom et une renommée dans le monde de l’assurance maritime", a expliqué Patrick Lecerf, président du Cesam (Comité d’études et de services des assureurs maritimes et transport), dans son introduction.
Face aux deux autres grandes places de l’assurance maritime que sont Londres et la Scandinavie, la place française a su développer ses particularités. "Les Lloyd’s de Londres ont surtout axé leur stratégie sur la souscription. Les sinistres sont externalisés. En Scandinavie, le marché est constitué principalement de mutuelle d’armateurs. À l’inverse des Anglais, les assureurs de la Baltique se sont tournés vers la prévention et le règlement des sinistres. En France, nous avons un mélange de ces deux options. Nous nous sommes orientés vers le service avec la prévention et la gestion de sinistres et, parallèlement, nous intensifions notre stratégie vers la souscription", a expliqué Olivier Renault, président de Cap Marine, un courtier d’assurances.
LA PLACE AUX SERVICES
Et Stephen Barton, directeur général de la division maritime et aviation de Cooper & Gay, est venu tempérer cette analyse. "Les choses changent, même en Grande-Bretagne. Nous nous tournons, de plus en plus vers les services aux assurés. Lorsque nous perdons un client pour des questions de prix, nous avons une nouvelle chance à chaque renouvellement de contrat. Lorsque nous le perdons pour une absence de service, nous n’avons plus de seconde chance."
Sandra Laham, responsable juridique de Sucden, société de négoce en matières premières, a donné le point de vue des assurés sur ce marché. Le principal avantage du marché français, selon Sandra Laham, est d’avoir un contact direct avec l’assureur et son représentant le courtier. "Et dans le négoce, chaque heure compte" rappelle la responsable juridique qui veut de son assureur une grande réactivité pour minimiser les effets d’un sinistre. Dirk Olyslager, risk manager d’Exmar, armateur belge spécialisé dans le transport de gaz, a reconnu que le marché français n’avait pas la majorité des contrats d’assurances des navires de l’armement.
"Nous avons placé la plupart de nos risques sur le marché de Londres." Une politique qui reconnaît malgré tout des avantages au marché hexagonal et notamment par la compréhension des risques de la part des assureurs.
Dans ses choix d’un assureur, Exmar est intransigeant. Il n’accepte que des compagnies dont la cotation par l’analyste financier Standard & Poor est au minimum de A –, il veut une stabilité du marché et une solvabilité des compagnies.
L’armateur belge a aussi pointé du doigt les inconvénients. "Nous souhaiterions que les assurances corps et perte d’exploitation soient sous un seul et même apériteur pour régler les sinistres. C’est une question pratique", a demandé Dirk Olyslager.
DES AMÉLIORATIONS À APPORTER
Henry Allard, p.-d-g du cabinet Filhet-Allard Maritime, a souligné les améliorations possibles du marché français. Ainsi, il a insisté sur l’absence de réponse des compagnies lorsque les courtiers demandent des cotations pour des responsabilités civiles d’affréteur. "Ce sont de bons risques à souscrire et nous avons un marché d’environ $ 350 M à prendre." De plus, il a regretté le manque d’implication du marché sur les affaires ayant trait aux matières premières. Ce marché des "commodities" est cyclique et il convient, selon Henry Allard, de créer dans chaque compagnie un service après-vente dédié.
Gilles Mareuse, directeur général Allianz global Corporate, a émis l’idée de créer un pool d’assureurs dédié aux risques spécifiques pour assouvir cette demande. Les assureurs ont aussi rappelé que le marché français avait un atout majeur: le règlement d’un sinistre est de deux à trois fois inférieur par rapport à ses concurrents.