Fouquet Sacop prend l’accent norvégien

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Pour $ 219 millions, le groupe norvégien Eitzen met la main sur la plus importante flotte française spécialisée dans le tramping de produits pétrochimiques. Et la dernière. Une semaine auparavant, le 23 juin, Eitzen avait finalisé l’acquisition de la totalité des parts de la Navale Française, compagnie positionnée sur le même segment, dont il détenait déjà 49 % depuis deux ans.

Comment et pourquoi un armement, qui donne toutes les apparences de la réussite, accepte-t-il d’être acheté amicalement? Pour Christian Garin, président de Fouquet Sacop, il n’existait pratiquement plus de marge de développement. "Il fallait faire face aux attentes et à la concentration de nos clients (Elf, Fina et Total ne forment plus qu’un seul groupe) et il était de plus en plus difficile de trouver des investisseurs maritimes en France." Si Christian Garin reconnaît avoir réalisé une bonne affaire en vendant son armement, le patron d’Eitzen se montre tout aussi satisfait. Sur un marché essentiellement régional explique Axel Eitzen, il peut rajouter la France à un réseau qui figure parmi les tout premiers du monde. Cette nature très localisée du transport maritime de produits pétrochimiques lui fait d’ailleurs "privilégier la croissance externe par acquisition".

Si l’un vend et l’autre achète dans le même but, la similitude des deux patrons ne s’arrête pas là. Descendants d’une famille d’armateurs, ils sont en même temps à l’origine d’une extraordinaire ascension de leurs affaires. Christian Garin n’abandonnera pas Fouquet Sacop, il devrait prendre la tête d’Eitzen France qui regroupera Fouquet Sacop et Navale Française. Avec Philippe Van de Vyère (Sea Invest), entré dans le capital de Fouquet Sacop l’an dernier, il annonce qu’il deviendra actionnaire de la future holding pétrochimique d’Eitzen qui devait naître avant la fin de l’année. "Je reste capitaliste. J’aime ça"? avertit-il.

Rien ne change

L’acquisition de Fouquet Sacop ne devrait rien changer, assurent Axel Eitzen et Christian Garin. Les deux ex-armements tricolores (Fouquet Sacop et Navale Française) conserveront leurs pavillons et leurs immatriculations (essentiellement RIF) comme leurs équipages. Avec le temps, une certaine réorganisation devrait avoir lieu avec peut-être une localisation à Marseille du siège de Navale Française. À noter que cette ancienne filiale maritime de la SNCF, dont le siège est à Montpellier a connu récemment des arrêts de travail pour des revendications salariales des navigants.

L’extraordinaire ascension d’Axel Eitzen

En 1986, Axel Eitzen prend la tête de la compagnie fondée en 1883 par son arrière grand-père Camillo. Avec deux navires en management technique et quatre employés, il repart à la reconquête des océans. Vingt ans après, il est devenu l’un des chefs de file du tramping pour les produits pétrochimiques, gaziers et les vracs solides. Dans le segment des navires de 3 500 à 20 000 t, le pavillon des Eitzen, avec son drôle de E en forme d’euro, flotte sur presque toutes les mers du globe. Concrétisant une vague d’acquisitions, une dizaine en dix ans, l’armement entre à la bourse d’Oslo en 2004, “pour mieux lever des capitaux”.

Axel Eitzen, qui contrôle directement 54 % de son groupe, ne semble guère aimer partager la manœuvre. Il n’est pas rare qu’il se reprenne à deux fois pour acquérir la totalité d’un armement où il était déjà majoritaire. Constituer un réseau mondial d’un ensemble de marchés régionaux, telle est sa stratégie qui va lui faire inaugurer ces jours-ci une filiale à Houston et une autre à Singapour.

R.V.

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