Suite à la pollution du Mærsk-Barcelona, le procureur de la République du tribunal de grande instance de Brest a requis le 1er février une amende de 600 000 €, un record, à l’encontre de son capitaine ukrainien et de V Ship (Hambourg), son ship manager. Leur défense, en leur absence, a plaidé l’avarie.
Une explication qui a été balayée par les inspecteurs du centre de sécurité. Ils n’avaient jamais vu des séparateurs en aussi mauvais état. À la sortie du premier, c’était presque de l’hydrocarbure pur, le filtre du deuxième était cassé, a témoigné l’un des inspecteurs. Ces séparateurs servent à traiter les eaux mazoutées (résidus de mazout des machines, fonds de cales…) en les séparant. Les résidus d’hydrocarbure devant être stockés à bord pour, ensuite, être débarqués à terre. Si la concentration d’hydrocarbure, invisible à l’œil nu, est inférieure aux normes légales, les eaux peuvent être rejetées en mer.
Le procureur a rejeté l’hypothèse d’une avarie. Il a estimé qu’il y avait un manque flagrant d’entretien des séparateurs. Treize parties civiles, dont deux nouvelles, Greenpeace et la Confédération maritime, ont demandé des dommages et intérêt s’échelonnant entre 5 000 à 61 000 €. Le jugement est mis en délibéré au 4 avril prochain.
Ce porte-conteneurs, vieux de trente ans et long de 239 m avait été surpris, le 20 septembre 2005, par un avion des Douanes françaises. Battant pavillon des Bahamas, il se trouvait à 85 milles dans l’ouest de l’Île de Sein, alors qu’il laissait dans son sillage une nappe suspecte de 61 km de long sur 100 m de large (JMM 23-09-2005, p. 5). Le Mærsk-Barcelona avait alors été dérouté sur Brest.
Dans la base de données du Mémorandum de Paris sur le contrôle des navires par l’État du port, il est indiqué que ce navire a été inspecté tous les ans depuis octobre 2001, dont le 13 septembre 2005, à Göteborg. Il n’y avait rien à signaler. Puis le 21 septembre à Brest où une déficience a été constatée. Et encore à Göteborg, le 6 décembre 2005 où, de nouveau, il n’y avait rien à signaler.