Quand le shipping se met à digitaliser la relation client

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Au cours des dernières décennies, le pré carré des différentes parties prenantes de l’industrie du transport maritime était strictement délimité : les armements limitaient leur rôle au transport des marchandises sur leurs navires, à la vente en gros des espaces aux entreprises de logistique et à la vente au détail aux grands chargeurs. Les transitaires et entreprises de logistique assuraient la plupart des services à valeur ajoutée, d’un point à un autre, au nom du propriétaire du fret.

Sous l’effet de la sophistication des technologies, les frontières entre les différents métiers se brouillent. De nouveaux entrants émergent, remettant en cause la primauté des choses établies. La pression con-currentielle s’intensifie. Pour certains plus que d’autres. Les entreprises de logistique, les transitaires et commissionnaires en douane font partie de ceux que l’on dit les plus menacés par le nouvel ordre des choses (expliquant sans doute aussi les mouvements de consolidation dans le secteur).

Frontalement, les « digital freight forwarders » viennent les court-circuiter avec des solutions automatisées faciles à utiliser (réservation en ligne instantanée, suivi des conteneurs en temps réel…). En aval, les géants du e-commerce, devenus des pivots du commerce international, internalisent la logistique. Amazon est devenu un transitaire agréé. Alibaba propose un service de réservation en ligne des conteneurs sans intermédiaires. Et voilà que les transporteurs maritimes, aspirant à maîtriser l’expédition de bout en bout, se mettent à s’adresser directement aux chargeurs et font des incursions dans la logistique (CMA CGM en mettant la main sur Ceva Logistics, Maersk avec sa filiale Damco).

En fin d’année dernière, Maersk a présenté une offre de réservation de conteneurs en ligne, « aussi facile que pour réserver un billet d’avion ». L’outil permet aux chargeurs de connaître de façon instantanée les capacités disponibles sur les navires, la liste des dépôts proposant des conteneurs vides et surtout de garantir que « leur réservation ne sera pas annulée lors des étapes suivantes », ce qui est en soi le vrai intérêt du système. Le tout est gérable depuis une application mobile et pour toutes les marques du groupe. Le leader mondial offre aux importateurs et aux exportateurs la possibilité de financer leurs frais d’expédition. Enfin, il vient de lancer la gestion en ligne de dédouanement des expéditions dans sept pays européens.

Hors d’état d’agir

À son tour, CMA CGM vient de dévoiler un package d’outils dit « eSolutions ». Grâce à cette plateforme complètement numérisée, les chargeurs peuvent désormais accéder en temps réel et en quelques clics à diverses fonctionnalités : devis instan-tanés, réservations de conteneurs en ligne avec confirmation immédiate (là aussi, réelle valeur ajoutée au système), connaissement électronique, tracing et tracking des conteneurs, paiement en ligne des factures, simulateur de détention et surestaries. Le 4e transporteur mondial de conteneurs envisage d’autres fonctions, notamment des produits d’assurance et une appli mobile.

L’annonce de CMA CGM précède de peu celle de Kuehne + Nagel, qui avec « KN Pledge », garantit un délai de livraison, un engagement de remboursement à 100 % en cas de retard, une extension de responsabilité.

Face au paysage qui se durcit, la question demeure : combien de morts ? Le sujet suscite moult débats. Un consensus se dégage : le chargeur serait le grand gagnant… Certain ?

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Selon l’Agence européenne pour la sécurité maritime, c’est le coût annuel engendré par les déviations de navires. Motif : des soins médicaux. Un médecin à bord ?

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