Alors que s’est ouverte à l’OMI la session portant sur la prévention et la lutte contre la pollution, les organisations appellent à réduire immédiatement de 44 % les émissions de carbone générées par les navires utilisant actuellement du fuel à haute teneur en soufre dans l'Arctique.
« Cette semaine, l'OMI a l'occasion de mettre en place une réglementation rapide et efficace pour protéger l'Arctique et le climat mondial des effets du réchauffement des émissions de gaz à effet de serre en obligeant les navires opérant dans l'Arctique à passer à des carburants de transport plus propres », insiste Sian Prior, conseiller de la Clean Arctic Alliance, une coalition internationale d’une vingtaine d’ONG environnementales.
Alors que se tient du 22 au 26 mars à l’OMI la session portant sur la prévention et la lutte contre la pollution, les associations demandent notamment que les navires soient contraints d’utiliser des carburants distillés, tels que le diesel ou le gazole marin (MGO) mais équipés de filtres à particules, ou d’autres sources d'énergie plus propres, pour les navires opérant dans les eaux de l'Arctique.
Le changement climatique a actuellement un impact plus rapide dans l'Arctique que partout ailleurs, alertent-elles. « Le froid polaire qui a recouvert l'Amérique du Nord et l'Europe, et provoqué le chaos dans des endroits comme le Texas, est lié au réchauffement de l'Arctique. » Les ONG craignent une accélération des effets dévastateurs déjà constatés : la fonte massive de glace en été, l'ouverture des routes de navigation plus tôt dans l'année et le dégel du permafrost qui impactent les équilibres socio-économiques des communautés de l'Arctique et du Nord.
Arctique : Le Clean Arctic Alliance refuse de signer un projet de l'OMI
Des émissions polluantes en augmentation de 85 % en Arctique
Selon la Clean Arctic Alliance, les émissions de carbone dues au transport maritime ont augmenté de 8 % au niveau mondial au cours de la dernière décennie, et de 85 % dans l'Arctique rien qu'entre 2015 et 2019. Le réchauffement climatique entraînant la fonte des glaces, le transport maritime se développe. « Entre 2013 et 2019, les données publiées par le Conseil de l'Arctique ont montré une augmentation de 25 % du trafic maritime et une augmentation de 75 % de la distance totale parcourue en Arctique », indique l’ONG.
En novembre 2020, l'Organisation maritime internationale (OMI), a approuvé une interdiction de l'utilisation et du transport du fuel lourd (HFO) dans l'Arctique. Une interdiction qui devrait être adoptée en juin prochain (MEPC77) pour une entrée en vigueur le 1er juillet 2029. Les associations avaient alors levé les boucliers pour avancer cette date à 2024.
La séquence avait fait vivement réagir la Clean Arctic Alliance, déplorant les « failles du règlement » (les exemptions) alors que « l’OMI travaille déjà sur cette question depuis neuf ans ». Elle estime notamment qu’entre 2015 et 2017, ce laxisme a permis, une croissance de 30 % du nombre de navires propulsés au fuel lourd. « Dans le cadre du projet, des exemptions et dérogations permettront à 74 % des navires alimentés au fuel lourd de continuer à l’utiliser dans l'Arctique jusqu'à la mi-2029. Par conséquent, seuls 30 % du transport et 16 % de l'utilisation du HFO seront réellement interdits dans le cadre de la proposition actuelle », fait valoir la coalition environnementale.
LE HFO interdit de séjour dans l’Arctique en 2024
Interdiction du HFO dans le Svalbard
En février, le ministre canadien des transports, Omar Alghabra, et le secrétaire américain aux Transports, Pete Buttigieg, se sont engagés « à travailler avec l'OMI pour mettre en œuvre efficacement l'interdiction de l'utilisation de HFO dans l'Arctique ».
La Clean Arctic Alliance avait alors exhorté les États côtiers – États-Unis, Canada, Russie, Islande, Groenland et Danemark – à mettre en place des interdictions nationales avant l'interdiction de l'OMI et de s’inspirer de l’initiative de la Norvège qui a décidé de proscrire la haute teneur en soufre dans les eaux encadrant le Svalbard, archipel situé dans l'océan Arctique, à l'ouest du Groenland.
A.D.
Le fuel lourd interdit de séjour en Arctique ?