Le site d’ArianeGroup à Vernon où il teste ses lanceurs spatiaux ©ArianeGroup
L’énergéticien français et le groupe aérospatial veulent développer l’hydrogène liquide dans le domaine du transport, et notamment pour l’alimentation des navires. À l’état liquide, l’hydrogène permettrait d’embarquer une plus grande quantité d’énergie et donc d’obtenir une autonomie bien plus importante qu’un hydrogène stocké à l’état gazeux.
Par ce partenariat, les deux industriels entendent développer des liquéfacteurs d’hydrogène d’origine renouvelable pour le transport, notamment maritime et fluvial. L’accord doit se traduire dans un premier temps par la construction d'un liquéfacteur dans une unité pilote à Vernon dans l’Eure où le groupe aérospatial développe et teste le propulseur Vulcain des fusées Ariane 5 et 6, qui utilise déjà de l'hydrogène. C’est cette expertise qui intéresse Engie. ArianeGroup maîtrise notamment les systèmes capables de produire de l’hydrogène liquide à -250 ° (contre -160°C pour le GNL), le transporter et l’injecter dans des réservoirs mobiles.
Dans la répartition des tâches, Engie sera en charge de la chaîne d'avitaillement d'hydrogène liquide et ArianeGroup de la production des premiers liquéfacteurs. L’objectif est d’avitailler à l’hydrogène des navires, d’abord pour leur alimentation électrique via des piles à combustibles géantes (technologie du bordelais HDF Energy). Mais les deux partenaires voient plus loin : la propulsion, technologie aujourd’hui inenvisageable dans le maritime pour des raisons de stockage et de transport. Avec l’hydrogène comprimé à 300 ou 700 bars, les volumes à embarquer seraient beaucoup trop importants.
Avec CMA CGM
Le projet se traduira par une phase de R&D jusqu'en 2024, un premier démonstrateur dans un port en 2025, en partenariat avec l’armateur français CMA CGM, et une commercialisation pour 2030.
Pour financer ce projet de plusieurs dizaines de millions d’euros, ArianeGroup et CMA CGM ont déposé un dossier d’IPCEI (Important project of common european interest) qui permet aux États membres européens de soutenir massivement des projets privés ayant une dimension européenne dans des domaines spécifiques. Le développement de l’hydrogène décarboné fait partie des priorités. L'Allemagne, l'UE et plus récemment la France ont annoncé des plans massifs de soutien au développement de la filière hydrogène. Le gouvernement français a prévu une enveloppe de 1,5 Md€ pour soutenir de tels projets. Un autre projet de production d’hydrogène vert, également localisé à Vernon, va d’ailleurs bénéficier du plan de relance français, mais sans aucun lien a priori avec l’ambition d’Engie et d’ArianeGroup.
La rédaction