Le leader mondial de la croisière a annoncé le 22 juin qu'il prorogeait jusqu'au 15 septembre la suspension de ses activités en Amérique du Nord. En avait-il seulement le choix ?
Le groupe américain, qui détient 50 % du marché mondial de la croisière avec près de 11,5 millions de voyageurs par an, n’a pas tardé à reporter pour la troisième fois sa reprise. L’administration américaine – les centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) – vient de renouveler son interdiction, émise le 14 mars, de naviguer jusqu’au 24 juillet. À l’arrêt depuis le 13 mars, Carnival Cruise Lines avait précédemment déclaré qu'elle reprendrait « certains voyages » le 1er août.
Sans revenus puisque les navires sont au mouillage mais déboursant chaque mois entre 1 et 10 M$ par unité en coûts opérationnels, les majors américaines du secteur, qui pensaient un temps bénéficier du plan de sauvetage massif à 2 000 Md$ adopté par le Congrès américain, ont vu leur capitalisation boursière partir en fumée. Elles s’affairent depuis deux mois à trouver des liquidités, certes pour vivre sans recettes pendant un temps certain mais aussi pour honorer leurs dettes contractées pour financer d’importants programme de construction qui se chiffrent en dizaine de milliards de dollars. Carnival attend par exemple 16 nouveaux paquebots d’ici à 2025. RCCL, le n°2 mondial, doit également réceptionner une quinzaine d’unités.
Des dettes et des levées d’argent
Ainsi, le fonds d'investissement public saoudien faisait son entrée au capital de Carnival Corp. le 8 avril avec 8,2 % des parts. Peut-être la seule fois où l’action du groupe aux dix marques les plus connues de la planète (Carnival Cruise Line, Princess Cruises, P&O Cruises, P&O Cruises Australie, Costa, AIDA, Holland American Line, Cunard et Seabourn) ait frémi depuis le début de l’année.
Certaines ont émis des dettes. D’autres ont levé des fonds pour se désengager d’emprunts et passer la crise. En mai, Norwegian a réalisé une levée de fonds de 2,4 Md$ par le biais d'offres de dettes et d'actions. La compagnie avait alors indiqué à Reuters que les 3,5 Md$ en espèces dont disposait la société lui permettraient de vivre plus d’un an sans revenus.
Le numéro 2 mondial de la croisière, Royal Caribbean Cruises Ltd (RCCL), avait lancé mi-mai une offre sur le marché privé destinée à lever 3,3 Md$. À cette occasion le groupe, propriétaire des compagnies Royal Caribbean International, Celebrity Cruises, Azamara Cruises, et actionnaire de Silversea Cruises (67% ) et de TUI Cruises (50 %) notamment, avait mis en gage 28 navires. Le chiffre d'affaires du groupe des trois premiers mois de l’année s'est élevé à 2 Md$, en baisse de 16,7 %.
A.D.
Les croisières jouent la carte nationale
Quand les compagnies de croisière reprendront-elles le service ?
L'interminable retour à la vie de l'activité croisière
Croisières : Clap de fin pour les tours du monde
Croisières : L'agence sanitaire américaine lance un nouveau pavé dans la mare