Rolf Habben Jansen, PDG de Hapag-Lloyd : « L'exploitation d'une compagnie aérienne n'est pas une extension logique de notre activité »

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À l’instar de ses homologues de la ligne conteneurisée, Hapag-Lloyd engrangera de substantiels bénéfices. Mais à l’inverse des trois autres compagnies européennes figurant dans le Top 5 mondial – la danoise Maersk, la française CMA CGM et la suisse MSC –, l'allemande n’a aucune intention de se développer dans la logistique, qu’elle soit terrestre ou aérienne.

Au cours d’une conférence de presse, Rolf Habben Jansen, PDG de Hapag-Lloyd, a fait part de son scepticisme quant aux prolongements air-mer terre de ses concurrentes : CMA CGM avec sa compagnie Air CargoMaersk avec Star Air et MSC, qui étudie actuellement la possibilité de racheter la compagnie aérienne publique italienne ITA en partenariat avec la compagnie aérienne allemande Lufthansa.

 Le numéro cinq mondial de la ligne régulière envisage pour sa part de réserver ses bénéfices à un développement organique plus classique : outre la généreuse rémunération de ses actionnaires, il mentionne des investissements dans de nouveaux navires et conteneurs et songe davantage à la manutention portuaire.

À l’occasion de sa prise de participation de 30 % dans le terminal de Jade Weser à Wilhelmshaven, aux côtés du manutentionnaire allemand Eurogate, Rolf Habben Jansen n’avait pas caché son intérêt pour d’autres actifs : « Nous avons appris au cours des 18 derniers mois à quel point il est important d'avoir un réseau autour de quelques terminaux, où il est nécessaire d’avoir le contrôle », avait-il alors annoncé. Hapag-Lloyd envisageait alors de consolider ses opérations dans une quinzaine de terminaux. « Et il ne serait pas illogique d’investir dans la moitié d’entre eux ».

En phase avec un de ses écrasants actionnaires 

La position du dirigeant fait aussi écho aux positions de son principal actionnaire, Klaus-Michael Kühne (Kühne Maritime et Kühne Holding AG détiennent 30 % des parts de Hapag-Lloyd) qui, en novembre 2020, dans un entretien à un journal allemand, s’était épanché sur la concurrence croissante entre les logisticiens et les compagnies maritimes autour de l’enjeu de la logistique terrestre. 

L'actionnaire majoritaire de Kuehne + Nagel, connu pour son verbe franc, avait estimé que cette évolution était « dérangeante », que « la répartition actuelle entre l'entreprise de logistique et la compagnie maritime a[vait] bien fonctionné jusqu'à présent », sans pour autant craindre cette nouvelle forme de la concurrence : « Nous offrons à nos clients une garantie de neutralité, des conseils et des services à forte valeur ajoutée ». Mais la percée des transporteurs dans la logistique est de ce point de vue inquiétante selon lui. » 

Nous étions alors en novembre 2020 et les transitaires et chargeurs n’avaient pas encore massivement eu recours à l’affrètement de navires pour sécuriser leurs transports. Pourtant, l’homme d’affaires avait déjà déclaré : « Il y a des années, j’avais dit, sur le ton de la plaisanterie, que nous devions réagir en nous regroupant pour affréter des navires ou créer notre propre compagnie de ligne ». 

Tout en se félicitant de détenir 30 % des parts de Hapag-Lloyd, influence qu’il a cherché à accroître ces dernières années, il a glissé dans cet échange que Hapag-Lloyd n'avait pas l'intention de s’orienter dans la même voie que ses concurrentes. 

Pas un positionnement naturel

Rolf Habben Jansen exclut en effet l’incursion dans le fret aérien. « L'exploitation d'une compagnie aérienne ne fait pas partie ce que nous considérons comme une extension logique de notre activité ». Prudent et réservé – les armateurs pratiquent en général une langue policée –, il reconnait toutefois qu’il est encore trop tôt pour avoir un avis tranché sur ces investissements et peut les concevoir comme une « voie valable pour d'autres ».

« Nous avons choisi de ne pas nous lancer, notamment parce que nous ne sommes certainement pas les experts en la matière. Nombre de nos clients ont tendance à considérer le fret aérien et le fret maritime comme des domaines distincts et à faire leurs propres choix à cet égard. »

Adeline Descamps

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