Autant emporte le vent pour les entreprises de la filière vélique française ?

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Premier événement exclusivement dédié à la filière de la propulsion vélique, « Wind for Goods » s’est posé le 21 septembre à Saint-Nazaire. Initiée par Nantes Saint-Nazaire Développement, en partenariat avec l'association Wind Ship, la journée propose un tour d’horizon de la jeune filière française, de l’offre à la demande.

Le vent – celui de la crédibilité – va-t-il tourner en faveur de la propulsion vélique dans le transport de marchandises pour que cette solution soit considérée au même titre que les autres carburants alternatifs, sans exclusive pour ces derniers ? écrivait-on il y a près de deux ans alors qu’Armateurs de France avait organisé une journée technique sur le sujet. La filière déplorait alors un manque de visibilité auprès des pouvoirs publics et des investisseurs alors qu’elle porte des projets en phase avec les urgences climatiques et de grands chargeurs en quête de respectabilité durable.

Les choses ont changé, assurent aujourd’hui ses acteurs. Les projets et les marques d’intérêts ont redoublé pour ce « carburant », qui ne nécessite ni extraction, ni transformation, ni transport, ni combustion, fusion ou fission, ni aucun acte d’achat ou revente.

Preuve de cette marque d’intérêt, le 21 septembre, se tient « Wind For Goods », nom donné à un premier événement qui est exclusivement dédié à la propulsion vélique. Initié par Nantes Saint-Nazaire Développement, en partenariat avec l'association Wind Ship, la journée propose de dresser un panorama complet de cette jeune filière française. Avec à l’ordre du jour démonstrations (de la voile Solid Sail en construction aux Chantiers de l’Atlantique qui équipera de futurs paquebots) et conférences en présence de l’explorateur Jean-Louis Étienne.

Une exceptionnelle concentration en France 

En France, la concentration des projets est singulière : Airseas, Beyond the sea, Neoline, Zéphyr et Borée, Towt, Alysées, Ayro... Les technologies s’affinent et se diversifient – Rotors, voiles rigides à profil aspiré, kites, ailes –, « démontrant que l’on peut utiliser le vent de différentes façons pour adresser des contextes d’utilisation qui correspondent aux contraintes opérationnelles du transport maritime », justifie Jean Zanuttini, le président de Neoline.

Après plusieurs initiatives portant sur des rouliers (Neoliner, Canopée), les porte-conteneurs ont hissé les voiles. Un d’entre eux, le Trade Wings 2500, a obtenu dernièrement son AiP du bureau Veritas. D’une capacité de 2 500 EVP, mariant l’éolien et le GNL, il a été conçu dans le cadre d'un partenariat entre trois entreprises françaises – VPLP Design, Alwena Shipping et Ayro – et le bureau d’études Shanghai Merchant Ship Design & Research Institute.

Émergence des porte-conteneurs à voile

« Il est prêt pour l’emploi et a été présenté aux six premiers plus grands armateurs de la ligne régulière », indique Ludovic Gérard, entrepreneur en série dans le shipping, fondateur d’une société de conseil auprès des armateurs mais aussi promoteur, via une autre entreprise qu’il dirige, Ayro, d’un système éolien. 

Zéphyr & Borée qui, avec son partenaire Jifmar, fait actuellement construire un roulier à voiles pour transporter des éléments d’Ariane 6 de l’Europe vers la Guyane, planche aussi sur un voilier adapté au transport de conteneurs. Avec ses 185 m de long, 31 m de large et huit voiles rigides de 256 m², le Meltem pourra transporter 1 830 EVP. Son coût de construction est estimé à 35 M€ par Nils Joyeux, PDG de l’armement nantais qui le destine aux trajets transatlantiques.

Un financement problématique

Comme pour le transport maritime plus conventionnel, le financement reste une problématique. En témoigne le long chemin de croix de Neoline pour obtenir les concours bancaires nécessaires pour lancer la construction. 

Si les banques sont réticentes, des chargeurs, et non des moindres – Ariane, Manitou, Bénéteau, Renault, Michelin, le groupe Pernod-Ricard, le confiseur Cémoi...–, ont été emballés par cette nouvelle génération d’armateurs qui ont fait du vent un mode de propulsion à part entière.

Adeline Descamps

 

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