L’israélienne ZIM a eu la main chanceuse en frappant la cloche à la bourse de New York en début d’année alors même qu’elle était en train de remplir ses caisses de liquidités grâce à son positionnement sur les routes maritimes les plus lucratives (trois services hebdomadaires sur le transpacifique) et sur un marché spot au plus haut. L’exploitant de porte-conteneurs a pris de court les analystes financiers si bien que ces derniers n’hésitent pas à parler de « home run », une expression qui désigne un gain considérable réalisé en un délai très court. Ses débuts en bourse avaient pourtant été inquiétants : les actions de la société ont clôturé le premier jour de négociation en baisse de 26,5 % par rapport au prix d’introduction en bourse de 15 $. Elle solde l’année avec un prix de souscription de 15 $, loin des prévisions du consensus financier de 8,99 $ (au 3e trimestre) et un rendement au 2 décembre de 265,5 %.
Plus belle histoire boursière dans le conteneur
En cela, le transporteur de conteneurs figure parmi les cinq premières réussites boursières de l’année et il offre sans doute au secteur la plus belle histoire sur les marchés. « Nous avons distribué un dividende spécial de 2 $ par action en septembre et nous verserons en décembre un dividende intérimaire d’environ 296 M$ [dividendes prélevés sur les bénéfices mis en réserve, NDLR] de 2,50 $ par action pour le troisième trimestre, ce qui représente environ 20 % du bénéfice net trimestriel. En phase avec notre prévision de distribuer 30 à 50 % du revenu net de 2021, nous sommes prêts à restituer un capital important aux actionnaires en 2022 », avait annoncé Éli Glickman, le CEO de ZIM, lors de la présentation des résultats du troisième trimestre.
Les crocs de ses concurrents
ZIM est un cas d’école à plusieurs égards. L’entreprise a décroché l’intérêt d’investisseurs en dépit de la volatilité du transport maritime et de sa politique d’exploitation basée sur l’affrètement (deux navires en propriété) dont les tarifs ont explosé et les contrats se sont allongés dans la durée. Le retournement de marché peut donc lui être fatal. Ces derniers mois, elle a contracté plusieurs accords d’affrètement, dont 15 porte-conteneurs de 7 000 EVP au GNL avec Seaspan.
Il y a encore peu de temps, on lui promettait au mieux les crocs de ses concurrents. Jusqu’en 2019, la compagnie maritime n’en finissait plus en effet de dévisser dans le classement Alphaliner, qui répertorie les opérateurs de la ligne régulière par leurs capacités. Elle s’est finalement rétablie à la 11e place mondiale avec 412 744 EVP répartis sur 108 navires, soit 1,7 % de parts de marché mondial, à la faveur des déboires de PIL et grâce à sa coopération opérationnelle avec l'Alliance 2M (Maersk et MSC) sur plusieurs lignes entre l'Asie et les côtes est et ouest-américaines.
Grâce aux taux de fret
Sur les neuf premiers mois de l’année, les taux de fret ont porté son chiffre d’affaires à 7,26 Md$ (2,63 Md$ en 2020 à période similaire). Le bénéfice net est ressorti à 2,94 Md$, contre 158 M$ en 2020 et le résultat d'exploitation (Ebit) à 3,7 Md$ (283 M$ en 2020). La société repose sur un matelas financier de 2,18 Md$. La dette a diminué de 1,21 Md$.
L’entreprise a revu à la hausse ses prévisions pour l'ensemble de l'année et prévoit de générer en 2021 un Ebitda entre 6,2 et 6,4 Md$ et un Ebit entre 5,4 et 5,6 Md$. Après avoir remboursé en intégralité ses emprunts (349 M$ d’un prêt arrivant à échéance en 2023), ZIM se déclare intéressée par des opérations de croissance externe.
Adeline Descamps