Le transport maritime est par définition une aventure. Clément Mousset et Cédric Rivoire-Perrochat n’ont pas eu le temps d’entamer leur périple en lançant Croisières Maritimes et Voyages en janvier 2020 que le covid les a littéralement terrassés, emportant au passage la maison-mère, la compagnie maritime britannique et ses six paquebots.
Remis de ce tsunami psychologique et économique, les deux entrepreneurs ont décidé de repartir à l’assaut d’un marché qu’ils considèrent prometteur en lançant un armement indépendant et français sur leurs propres deniers, soutenus par une levée de fonds… Cette « one single ship company », basée à Marseille, présente des standards à mille lieux de cette expression britannique qualifiant les armateurs à la mauvaise réputation.
Le positionnement de la toute jeune Compagnie française de Croisières (CFC), ressemble à s’y méprendre à celui de CMV mort-née. Le marché cible ? Celui des croisières haut de gamme visant une clientèle francophone avec un paquebot de 219 m à taille humaine, acquis auprès de Holland America Line. Le bien nommé Renaissance du haut de ses 29 ans a été rénové en 2018. Il aligne 629 cabines pour accueillir 1 110 passagers et 560 membres d’équipage.
Les passagers cibles ?
La nouvelle compagnie vise les amoureux des vieux liners, en couple ou en solo mais sans enfants, parés à vibrer pour des croisières de plus de 12 jours avec des itinéraires sortant des sentiers battus. Des croisières multigénérationnelles spécial familles seront également prévues.
Le navire battant pavillon tricolore aura Marseille pour port d’attache et tête de ligne avec le Havre. Cocasse, la compagnie a été lancée le jour même où, dans une intervention publique, le maire de Marseille s’est fendu d’une nouvelle diatribe contre les compagnies de croisières. Que Benoît Payan soit rassuré : l’ancien Maasdam, qui avait l’habitude de fréquenter les eaux de la cité phocéenne, retrofité pour voguer en Alaska, possède des scrubbers… en boucle ouverte pour l’heure mais appelés à passer en circuit fermé.
Une évidence à l’aune de l’établissement d’une zone Seca en Méditerranée en 2025, désormais acté. « Les résidus d’échappement seront débarqués dans les ports qui pourront les retraiter. Et nous n’utiliserons bien sûr que du fuel désulfuré, désoufré dans nos opérations quotidiennes, y compris en haute mer », promettent les associés. Des filtres catalytiques installés sur les tuyères d’échappement éliminent les oxydes d’ammoniac et d’azote. Le navire est connectable au courant de quai, opérationnel à Marseille en 2025. Le voyage inaugural partira de Norvège le 1er février 2023 pour se positionner dix jours plus tard au Havre. Il faudra attendre septembre pour découvrir sa livrée bleu marine à Marseille
Nathalie Bureau du Colombier