Les deux contractants n’avaient manifestement pas accordé leurs sons et images. À une ou deux heures d’intervalle, deux annonces ont été faites par communiqués de presse distincts. L’un ne faisait mention ni de l’identité du constructeur en charge des nouveaux navires ni de la compagnie qui allait les exploiter. L’autre a été plus bavard.
Le propriétaire et exploitant de flotte Seaspan a ainsi annoncé une nouvelle commande, cette fois « de 10 nouveaux porte-conteneurs de 10 à 15 000 EVP à motorisation hybride avec le GNL ». Comme à l’accoutumée, le choix du constructeur n’a pas été dévoilé, pas plus qu’il ne l’avait été ces dernières semaines, car l’entreprise basée à Londres n’en finit plus de passer commande.
Depuis décembre, y compris les porte-conteneurs au GNL de ce jour, Seaspan a investi dans 17 nouveaux navires, dont cinq de 12 200 EVP, deux de 24 000 EVP, qui font beaucoup parler d’eux car il se pourrait bien que MSC en soit l’exploitant.
Seaspan commande deux porte-conteneurs de 24 000 EVP
Une capacité supplémentaire de 259 000 EVP
Le contrat de ce jour apporte à Seaspan une capacité supplémentaire de 259 000 EVP alors qu’il possède déjà 127 porte-conteneurs totalisant 1,073 MEVP (recettes liées à l’affrètement de 4,1 Md$ par an). La filiale du groupe Atlas renforce en outre son assise dans la catégorie des navires de 9 000 à 15 000 EVP.
Les nouvelles unités devraient s’échelonner entre le premier semestre 2023 et janvier 2024. Ils seront affrétés à « une grande compagnie de la ligne régulière » pour une durée de 12 ans, mentionnait le communiqué.
MSC, le client-mystère des commandes de 24 000 EVP ?
Affrètement à ZIM
L’armateur israélien ZIM a été plus loquace. Il mentionnait son contrat avec Seaspan pour exploiter les dix porte-conteneurs de 15 000 EVP au GNL en indiquant que Seaspan avait confié la tâche à Samsung Heavy Industries (SHI). Au passage, le constructeur sud-coréen rejoint le cercle des constructeurs de grands porte-conteneurs au GNL, jusqu’alors réservés à ses compatriotes HHI et DSME et au géant chinois CSSC.
Les futurs navires seront exploités entre l'Asie et la côte est américaine, un marché sur lequel ZIM revendique une part de marché de 9 %. La valeur des contrats n’a pas été révélée. Mais le PDG Éli Glickman évoque un « un accord important évalué à plus d'un milliard de dollars ».
« Il nous permet d’atteindre deux objectifs stratégiques, ajoute le dirigeant du 11e armateur mondial par la capacité conteneurisée (386 653 EVP, 1,6 % de parts de marché mondial). Le premier est de répondre avec des navires efficients à la demande croissante du marché sur le commerce entre l'Asie et la côte est-américaine et ainsi d’offrir de la visibilité à nos clients sur cette route. Le second est d’investir dans des navires verts et ainsi contribuer à la réduction des impacts environnementaux de notre industrie, répondant en cela à la demande de nos clients de réduire leur empreinte carbone ».
Adeline Descamps