Rotterdam redresse bien la barre au premier semestre 2021

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Le premier port de la rangée nord-européenne a repassé tous ses indicateurs au vert franc même si tous les volumes ne sont pas encore remis d’équerre par rapport à 2019. Le minerai de fer, le charbon et les conteneurs ont tiré les flux vers le haut. Paradoxal pour le port néerlandais qui porte des investissements conséquents dans la capture et le stockage de CO2 et l’hydrogène.

En 2020, le port néerlandais avait traversé une mauvaise passe, perdu au passage quelques parts de marché au profit de son challenger belge Anvers mais sans pourtant être descellé de sa place de leader portuaire européen. À 436,8 Mt en 2020, les trafics avaient dévissé de près de 7 % par rapport à 2019. La chute de 9,1 %, au premier semestre 2020 , augurait d’une très mauvaise année. Mais avec un repli limité à 4,6 % durant le second, il avait amorti le choc.

Au 30 juin 2021, Rotterdam avait traité et manutentionné 231,6 Mt, soit une hausse de 5,8 % par rapport à la même période de l'année précédente. Malgré cette embellie, reconnaît l’autorité portuaire, « les volumes ne se sont pas encore remis du creux de la vague de l'année dernière. Au cours du premier semestre de l'année, on a surtout constaté une augmentation des flux entrants et sortants de minerai de fer, de charbon et de conteneurs », résume le premier port de la rangée nord-européenne. 

Tous les segments en croissance

Exceptés les vracs liquides, tous les segments sont en croissance, de + 22,5 % pour le vrac sec à + 8,7 % pour le conteneur. Les flux de marchandises, qui affichent les plus importants rebonds, sont ceux qui reviennent de très loin : le charbon (+ 35,8 %) et le minerai de fer et acier recyclé (+ 34,4 %).

Le vrac sec termine ainsi le semestre en hausse de 22,5 %, à 37,7 Mt. La reprise de la production d'acier en Allemagne a dopé la demande de minerai de fer et de ferraille. Les trafics de cokes pour les hauts fourneaux ont été plus élevés en conséquence. La demande de charbon énergétique pour la production d'électricité a également été beaucoup plus importante, tirée par la reprise de l'économie « mais elle est aussi liée à la production décevante d'électricité d'origine éolienne », justifie le port.

Les prix élevés du gaz ont par ailleurs permis à la production d'électricité à partir du charbon d'être compétitive malgré des droits d'émission de carbone plus chers. Certaines données sont en trompe l’oeil. La hausse du charbon peut surprendre dans la mesure où le combustible fossile est à terme condamné par l’agenda politique et environnemental. Pris sur cinq ans, les trafics sont bel et bien en dépréciation avec une baisse de 44 % entre 2015 et 2020.

Les vracs liquides déprimés continent de peser

Rotterdam reste une vaste zone industrialo-portuaire en bordure du Rhin, port pétrolier d’abord et avant tout avec le brut qui représente 50,37 Mt, soit 50 % de la catégorie des vracs liquides (100,85 Mt), et les produits pétroliers (30,71 Mt, + 3,7 %). Mais les rentes pétrolières n’en sont plus vraiment : le segment stagne (+ 1,1 %), reflet de l’environnement complètement déprimé des marchés pétroliers. Au sein de la catégorie, le GNL dévisse de 4,7 % mais ses volumes sont encore marginaux.

Le port de la façade nord-ouest de l'Europe a notamment reçu davantage de fuel en provenance de Russie, principalement en raison de la diminution des exportations directes de la Russie vers les États-Unis. Chose inhabituelle, les exportations de l’énergie ont été ce premier semestre plus importantes que les imports « parce qu’une plus grande quantité a été transportée vers les États-Unis, notamment en raison du froid extrême qui y règne. »

Le roulier se remet

Secoué par le Brexit, le roulier ne pouvait que se redresser (11,77 Mt, + 8,8 %) et ses résultats auraient sans doute été bien meilleurs sans le confinement du deuxième trimestre.

Les autres marchandises diverses ont augmenté de 14,7% (2,28 Mt), principalement en raison de la hausse des métaux non ferreux et de l'acier.

Reste la locomotive du leader européen : le conteneur, en croissance de 8,7 % à 7,61 MEVP, du reste relativement équilibré entre les imports et les exports (3,63 et 3,97 MEVP respectivement). L’écart de trajectoire en tonnage (+ 4,4 % avec 77,99 Mt) étonne. « Il y a deux raisons, répond la direction. D’abord, davantage de conteneurs vides ont été traités, notamment au premier trimestre, qu'à la même période en 2020. Ensuite, on observe depuis quelque temps déjà une tendance à la baisse du poids moyen des conteneurs pleins. »

Par rapport aux perturbations dans le transport maritime engendrées par plusieurs chocs sur la supply chain – la crise sanitaire planétaire, le blocage du canal de Suez, la fermeture partielle du port de Yantian et ses impacts sur ceux de la région de Shenzhen – « le traitement des flux de conteneurs s'est déroulé sans problème à Rotterdam », assurent les services.

+​20 M€ tirés de l’exploitation

Le chiffre d'affaires a augmenté de 7,5 % pour atteindre 387,6 M€. Il résulte de l’augmentation des revenus des contrats de location de sites, des droits de port et de la baisse des dépenses d'exploitation (- 4 %). Le résultat d'exploitation avant impôts s’est établi à 153,1 M€ (128,4 M€ au premier semestre 2020) et le résultat après impôts à 116,7 M€ (98,1 M$ ). Rotterdam maintient son programme d'investissement fixé à 265,7 M€

Parmi les faits saillants qui ont accompagné le premier semestre, les équipes d’Allard Castelein, directeur général du port de Rotterdam, retiennent les avancées sur le plan de la transition énergétique. Le gouvernement néerlandais a alloué environ 2 Md€ aux quatre entreprises qui portent le projet Porthos de capture et stockage de CO₂. À partir de 2024, le CO2 sera stocké à grande échelle dans sous la mer du Nord.

Des attentes

Rotterdam porte aussi plusieurs projets autour de l’hydrogène. Une décision d'investissement est attendue pour la construction d'un pipeline d'hydrogène dans la zone portuaire. Des études sont menées sur la construction de gazoduc entre Rotterdam, Chemelot et la Rhénanie-du-Nord-Westphalie pour divers produits, dont l'hydrogène et le CO₂.

« Pour atteindre les objectifs climatiques, le nouvel exécutif devra faciliter les investissements majeurs dans les infrastructures. Le port de Rotterdam a également besoin de plus de latitude à court terme dans le cadre de la réglementation applicable aux émissions d'azote afin de mettre en œuvre une série de projets dans le domaine de la transition énergétique. Si cela ne se concrétise pas, nos ambitions ne pourront pas être réalisées à temps », glisse Allard Castelein.

Adeline Descamps

Les principaux faits du premier semestre

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