Persuadé que Christophe Castaner, l’ex-ministre de l’Intérieur, sera élu à la présidence du conseil de surveillance du Grand Port maritime de Marseille (GPMM), Christophe Claret, le secrétaire général de la CGT des dockers de Fos et ses camarades tirent la sonnette d’alarme face à l’urgence d’investir dans les bassins Ouest. « Il ne faudrait pas qu’on nous mène une politique d’austérité » plante le représentant syndical alors que le conseil de surveillance doit accueillir le 25 novembre deux nouveaux membres, non seulement Christophe Castaner mais également Stéphane Richard (l'ex-PDG d'Orange) dans le collège des personnalités qualifiées.
Un « schéma directeur » réclamé
Les choses sont claires, disent-ils, les deux bassins du port restent complémentaires mais les bassins ouest « représentent 60 % des escales, 90 % des marchandises import-export, 80 % des conteneurs et enfin 95 % des vracs liquides et solides ». Des données qui leur font dire : « À l’Ouest, nous sommes le poumon économique de la région ».
Anticipant un manque d’expérience en matière portuaire du président du conseil de surveillance s’il s’agit du proche d’Emmanuel Macron, Christophe Claret estime qu’un schéma directeur pour les bassins Ouest s’impose, qui fasse le lit « d’une politique multimodale, ferroviaire et fluviale forte » au risque d’un déclassement du premier port de l’Hexagone, qui ne manque pas de concurrence.
Pas de grands investissements réalisés
Depuis le comblement de la rotule, le GPMM n'a pas réalisé d'investissements importants, soutient la CGT. Anticipant la redoutable concurrence de ses voisins du sud, Barcelone et Valence, et des ports du range Nord, le syndicat des dockers déplore que Marseille Fos « ne capte pas son hinterland » et qu'une part importante des marchandises (nationales) transitent encore par les ports étrangers. Il remet ainsi sur la table la création de la zone Distriport 2 et relance le débat sur les développements Fos3XL puis Fos4 XL.
Concernant la desserte terrestre des bassins Ouest du GPMM, les dockers estiment urgente la concrétisation du contournement autoroutier de Port-de-Bouc et de la route Fos-Salon-de-Provence.
Rencontres au sommet
Rappelant que 900 d’entre eux sont employés par cinq entreprises, la CGT se déclare « sur l'offensive » et craint « l'inertie ». Á n’en pas douter, les responsables syndicaux solliciteront le futur président du conseil de surveillance dès son élection afin d’être fixés sur ses intentions. Ils souhaitent également rencontrer les dirigeants de MSC, CMA CGM et Hapag-Lloyd, qui fréquentent le bassin ouest.
Si le conseil de surveillance suivait les recommandations de la CGT des dockers de Fos, le port phocéen ferait « un bond de 40 ans », se prend à rêver Christophe Claret.
Vincent Calabrèse
