L’annonce du gouvernement danois tombe quelques jours après les derniers événements survenus dans cette zone devenue la plus exposée à la piraterie maritime l’an dernier. Ces derniers jours, un navire-citerne géré par Poli Shipmanagement et le subsea Bourbon Evolution 802 ont fait l’objet d’assauts. Le premier s’est soldé par la prise d’otages de 15 marins, qui sont toujours séquestrés avec demande de rançon mais sains et saufs selon le gestionnaire du navire.
Le Danemark tente depuis plusieurs mois d’imposer une solution maritime. Après les attaques répétées contre plusieurs porte-conteneurs du fleuron danois Maersk, qui appelait d’ailleurs à une solution militaire, le ministre de la Défense Trine Bramsen (social-démocrate) avait tenté d'obtenir en vain le soutien d'autres pays de l’UE pour lancer une mission navale conjointe. En janvier 2021, le pays a même nommé un représentant spécial pour la sécurité maritime, l'ambassadeur Jens-Otto Horslund, afin de s'attaquer aux problèmes du golfe de Guinée.
Faute de réponse, le pays nordique se lance en solo. La frégate de la classe Absalon sera équipée d'un hélicoptère Seahawk pour permettre la surveillance et un temps de réponse rapide et comptera entre 160 et 175 membres d'équipage. La mission dans la zone devrait démarrer en novembre et durer jusqu'en mars 2022. Il est question, en plus de l’équipage, d’une « force de frappe maritime » composée de soldats du Commandement des opérations spéciales. Cette force d'intervention est notamment formée pour mener des opérations de sauvetage sur des navires détournés.
30 à 40 navires dans la région
Cinquième nation maritime du monde, l’État danois indique qu'en moyenne 30 à 40 navires exploités par le Danemark naviguent quotidiennement dans le golfe de Guinée. Il estime la valeur de ce commerce à 1,6 Md€ par an, mais en tant que nation maritime, il estime que ses obligations s'étendent à la protection de l'ensemble de la navigation commerciale et au droit à la libre navigation.
Piraterie : une réponse militaire dans le Golfe de Guinée ?
Prise d’otages et séquestrations
Bordé par 6 500 km de côtes, qui s'étend du Sénégal à l'Angola, le golfe de Guinée est l'une des principales voies de transit du pétrole du delta du Niger et des biens de consommation à destination et en provenance de l'Afrique centrale et occidentale. Chaque année, plus de 20 000 navires y croisent.
L’an dernier, la côte ouest africaine a représenté plus de 95 % du total des prises d’otages selon le Bureau maritime international (BMI, IBM en anglais), l’organisme dépendant de la Chambre de commerce internationale, qui recense les atteintes au commerce maritime. Depuis 2019, cette région inhospitalière a connu une augmentation sans précédent du nombre d'enlèvements en concentrant 25 % du total mondial. Rien qu'au cours du dernier trimestre de 2019, 39 membres d'équipage avaient été kidnappés, avec usage d’armes à feu pour 80 %. Les trois détournements de navires et neuf des onze navires qui ont fait l’objet d’attaques avec armes à feu en 2020 concernaient la zone.
A.D.
