L'île privée Ocean Cay MSC Marine Reserve, aux Bahamas, a accueilli le 5 décembre les premiers passagers des paquebots de l'italo-suisse. Les îles privées à destination des passagers sont une nouvelle tendance des compagnies de croisière, notamment américaines. L'Européenne se défend de faire quelque chose de similaire...
Avec un léger décalage avec ce qui était initialement prévu (les premières escales étaient annoncées le 9 novembre), MSC Cruises a officiellement donné corps, le 5 décembre, à son projet Ocean Cay MSC Marine Reserve aux Bahamas, entre Miami et Nassau. Incarnation d’une intégration verticale complètement inattendue de la part d’un armateur et compagnie de croisière européen, l’italo-suisse MSC étant sur les deux segments.
In extremis, en raison « d’un incident opérationnel de dernière minute dont nous pensons que les conséquences pouvaient impacter l’expérience de nos clients », MSC a décidé d’annuler les trois escales prévues les 9, 10 et 11 novembre à bord des MSC Seaside, MSC Meraviglia et MSC Armonia, les fleurons sortis des chantiers tricolores de Saint-Nazaire pour entrer dans sa flotte ces deux à trois dernières années. Celles des 15, 16 et 17 novembre ont l’été également.
Île privée conçue sur mesure pour un passager de croisière
Le 5 décembre, la nouvelle île privée de 38 ha acquise par MSC il y a plus de trois ans, a accueilli ses premiers clients, passagers à bord du MSC Divina. Ils ont foulé le sable blanc d'aragonite de ce qui était un ancien site industriel d’extraction de sable que l'Italo-suisse a transformé en un lieu de villégiature ET réserve marine « respectueuse de l'environnement et de l'écosystème local ».
« Ocean Cay est fondé sur un engagement profond envers les principes écologiques - des croyances qui façonnent tout, de la façon dont les sites sont construits à la façon dont l'île est gérée, en passant par les activités proposées », a déclaré Pierfrancesco Vago, PDG de MSC Cruises, à l’occasion de l’accueil des premiers passagers. Dans les mois à venir, la compagnie va adjoindre un Centre de conservation sur le corail pour des programmes de recherche et la sensibilisation du public.
MSC se défend de proposer quelque chose de similaire à ce qui existe ailleurs en mettant en avant les dimensions écologique et culturelle de son projet. Une allusion sans doute à une voisine, Perfect Day à CocoCay, l'île privée conçue sur mesure pour un passager de croisière, en l'occurrence de Royal Caribbean. Le groupe américain, qui y a récemment investi 250 M$, y vend « la plus grande piscine à vagues des Caraïbes », « la plus grande piscine d'eau douce des Caraïbes » et « le plus haut toboggan aquatique d'Amérique du Nord », sans oublier la tyrolienne, le ballon géant à hélium, les restaurants à thèmes, les cabanes…
Une concurrence pour les ports ?
Les compagnies de croisières avaient plutôt tendance à faire du bateau la destination, se livrant d’ailleurs à une véritable surenchère dans les concepts qu’autorise la démesure de leur ville flottante. Le Norwegian Bliss dispose d’une piste de karting sur deux niveaux. Le MSC Seaside se targue de sa tyrolienne de 129 m. Les Symphony et Harmony of Seas (Royal Caribbean) en ont aussi fait une source d’attraction. Les trois Quantum de Royal Caribbean disposent d’une nacelle fixée à un bras géant qui s’élève à près de 100 m au-dessus de la mer.
Les îles privées à destination des passagers des navires sont donc une nouvelle tendance. Norwegian Cruise, Holland America (groupe Carnival) Princess Cruises (groupe Carnival) offrent toutes des « destinations exclusives » à leurs clients, « que personne d'autre ne peut atteindre ».
« La croisière d’aujourd’hui fait du navire une destination à part entière, un espace ludique d’hyperconsommation et finalement une offre exotique à lui tout seul. Avec Ocean Cay Marine Reserve, les Bahamas et MSC poussent encore plus loin l’intégration des services avec un contrôle quasi-total des prestations, et donc de leurs retombées économiques, analysait Yann Alix dans un dossier du JMM consacré à la croisière (Quand MSC Cruise change toutes les règles). Pour les États insulaires caribéens, cette nouvelle offre concurrentielle pourrait les obliger à̀ revoir leur positionnement et leur proposition de valeur. Les communautés économiques insulaires et les autorités portuaires devront sûrement affiner de concert leurs offres ».
Adeline Descamps