Victimes collatérales et effets ricochet pour le propriétaire des compagnies de croisières Star Cruises, Dream Cruises et Crystal Cruises et actionnaire majoritaire du constructeur naval allemand MV Werften implanté à Wismar, Stralsund et Rostock.
Le bras de fer qui l’oppose depuis des mois à l’État allemand à propos d’un ensemble de prêts s’est soldé par une issue fatale pour le croisiériste asiatique, lui-même filiale du conglomérat malaisien éponyme (tourisme, casinos, hôtellerie, agro-industrie…).
Genting Hong Kong devait bénéficier d’un ensemble de prêts, accordés à la fois par le land de Mecklembourg-Poméranie occidentale et par le niveau fédéral. Il soutient depuis le début qu’il a respecté toutes les conditions pour en disposer (notamment, être à court de liquidités) et présenté les garanties exigées par le gouvernement allemand en contrepartie de l’allocation des fonds, y compris l'investissement en capital de sa société mère.
Il avait donc cherché en fin d’année dernière à soutirer une partie d’un prêt de 123 M$ pour achever la construction du Global Dream, le nouveau paquebot de 3 000 passagers de Dream Cruises, dont la livraison a été plusieurs fois retardée en raison de la crise sanitaire et de ses conséquences.
Défaillances croisées
Confronté à un blocage des fonds publics, le recours judiciaire s’est avéré infructueux et les négociations avec le gouvernement allemand ont achoppé. Dans l’incapacité d’obtenir ce prêt d’urgence, MV Werften a fini par déposer une demande d'insolvabilité le 10 janvier.
Dès lors, se posait la possibilité de défaillances croisées sur le paiement des échéances de la dette du groupe estimé à 2,77 Md$, les créanciers étant en droit d'exiger le respect de leurs accords de financement respectifs.
Le 19 janvier, Genting Hong Kong a demandé la liquidation judiciaire de l’ensemble des activités de construction navale (MW Verften et Lloyd Werft à Bremerhaven) et des trois compagnies de croisière Star Cruises, Crystal Cruises et Dream Cruises. Dans le document, le groupe indiquait toutefois vouloir poursuivre l'exploitation de Dream Cruises.
Le 20 janvier, un tribunal des Bermudes, où est enregistrée la société, a approuvé la nomination de deux administrateurs judiciaires provisoires de la société de conseil en gestion Alvarez & Marsal à Hong Kong pour superviser la restructuration de Genting Hong Kong et les négociations avec les créanciers de la société.
Mandat d’arrêt
Dernier effet collatéral en date, Crystal Cruises a annoncé qu'elle suspendait les opérations de ses trois navires jusqu'en avril 2022 alors que les Crystal Symphony et Crystal Serenity opèrent actuellement dans les Caraïbes. À l’issue de leur séjour, les passagers du premier devaient être débarqués ce week-end du 22 et 23 janvier en Floride et ceux du second à Aruba le 30 janvier.
Le Crystal Endeavor, un yacht d’expédition, entré en service en juillet 2021, actuellement dans l'Antarctique, doit achever sa traversée par Ushuaia, en Argentine, le 4 février. La décision fait suite à un vent de panique dans les agences de voyage suite à la liquidation de la maison-mère.
Les déconvenues n’en finissent pas. Peninsula Petroleum Far East vient de porter plainte devant le tribunal de district américain du district sud de la Floride pour des impayés de carburant totalisant quelque 5 M$ alors que d’autres factures sont en souffrance depuis 2017.
Un mandat d'arrêt contre le Crystal Symphony a été émis, celui-là même qui doit débarquer ses passagers en Floride.
Adeline Descamps
