Jacques Saadé : Un boulevard emblématique de Marseille à son nom

 

Un an après la disparition de Jacques R. Saadé, le président et fondateur du groupe CMA CGM, la ville de Marseille a décidé de donner le nom d’un boulevard du front de mer en son honneur. Un lieu chargé de l’histoire portuaire, où se profile une nouvelle silhouette urbaine. Un juste retour des choses sans doute. 

Jacques Saadé prête son nom à l'une des artères les plus emblématiques du front de mer complètement réinventé ces dernières années sous l’égide de l'Établissement public d'aménagement (EPA) Euroméditerranée, à la manœuvre d’une opération d’intérêt national qui aura mobilisé plus de 7 Md€ de fonds publics.

S’étendant le long de la mer depuis le MuCem, le musée nationale des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée dessiné par l’architecte Rudy ricciotti, jusqu’au siège du groupe, le boulevard en question est celui que l’on peut voit de loin sur tous les clichés présentant la skyline de Marseille, un ensemble de tours de relative grande hauteur et toutes signées par des architectes en cour, Jean Baptiste Piétri (H99, 99,99 m), Jean Nouvel (La Marseillaise, 135 m) et Yves Lion (Horizon, 113 m pour l’instant), et érigées sur d’anciennes friches portuaires.

C’est en tout cas ce cliché très « bankable » que le photographe aixois Camille Moirenc a saisi dans une belle lumière dorée sur un ciel bleu noir, et qui est passé en boucle dans la presse suite au prix de la régénération urbaine que les 2,5 km de linéaires portuaires reconfigurés ont obtenu lors du MIPIM en 2015.

Avant cela, seule la tour abritant le siège social de 147 m du 4e armateur mondial CMA-CGM, tracée par l’architecte anglo-irakienne Zaha Hadid, se distinguait à l’horizon. C’est d’ailleurs pour ces nouveaux objets de modernité toute verticale, que Jean-Claude Gaudin avait consenti à modifier les documents d’urbanisme de façon à libérer administrativement les envies de hauteur dans cette zone plafonnée. Lui qui avait longtemps résisté pour protéger de la concurrence l’altière basilique romano-byzantine Notre-Dame de la Garde (la Bonne-Mère), juchée depuis 1864 sur son piton à plus de 200 m.

Croire en Marseille

La ville rend finalement à Jacques Saadé ce qu’elle estime qu’il lui a donnée : croire en son potentiel en « osant en faire le point de départ d’une aventure entrepreneuriale mondiale ». Il faut reconnaître qu’il l’a fait alors même que la deuxième ville de France par sa population était en souffrance, industriellement en déclin, démographiquement en hémorragie, en grande difficulté d’emplois et en sous-investissements chroniques.

Jacques Saadé a quelque part aidé Marseille à concrétiser cette ville-port qu'elle aimerait être mais qu'elle n'est pas encore : faire, en termes de dynamisme économique comme d’intégration, ce qu'ont réussi d’autres grandes métropoles portuaires comme Barcelone, Anvers ou Hambourg.

« Vous avez honoré un homme et une entreprise en donnant son nom à ce boulevard. Jacques Saadé a montré que depuis la France, depuis cette ville, nous pouvions entreprendre, construire un leader mondial. Il a donné à ce pays l’un de ses plus beaux fleurons industriels. Soyez assurés que nous resterons toujours engagés pour Marseille, pour un territoire toujours plus dynamique, plus fort et plus solidaire », s'est exprimé Rodolphe Saadé, le PDG de l'armement, à l’occasion de l’inauguration du Boulevard Jacques R. Saadé, en présence de nombreuses personnalités et élus, dont Rami Adwan, l’ambassadeur du Liban en France.

A.D.

 

 

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