Après avoir mis la main en 2018 sur U.N. Ro-Ro, qui opère en France depuis le port de Sète après avoir choisi initialement Toulon, DFDS a confirmé être en négociation pour acquérir les activités de transport routier international de l’opérateur multimodal Ekol Logistics (430 M€ de chiffre d’affaires). Il s’agissait jusqu’à présent d’une rumeur.
Dans un communiqué, la direction de DFDS justifie son intérêt pour cette société turque en faisant part d’une conviction. Elle estime que la Turquie va devenir un centre de production important dans le cadre de la relocalisation d’entreprises européennes de l’Asie vers des centres de proximité.
« À la lumière des développements géopolitiques et de la sécurité et stabilité de la chaîne d'approvisionnement, on s'attend à ce que la capacité de production de la Turquie et les échanges avec l'Europe s’intensifient dans les années à venir », indique le communiqué. Le transporteur vise les entreprises, soucieuses de réduire les risques liés aux problèmes d'approvisionnement que la pandémie a révélés de façon prégnante.
Les échanges sont à un stade plutôt avancé, un dossier ayant été soumis aux autorités turques de la concurrence. « En Turquie, il est habituel de déposer une demande d'autorisation avant que les conditions et les documents de la transaction ne soient finalisés ».
Le rachat d'Ekol Logistics, qui renforcerait les activités du transporteur en Turquie et dans la région méditerranéenne, s’inscrit du reste dans la stratégie du groupe de transport pour lequel la logistique est un prolongement naturel. « Une telle combinaison d'activités de ferry et de logistique dans le réseau méditerranéen refléterait le modèle commercial éprouvé de DFDS en Europe du Nord », confirme la direction.
Une collaboration de longue date en Méditerranée
Ekol France a démarré ses activités dans l'Hexagone en 2012, depuis Sète, avec un entrepôt sous douane de 1 350 m2 pour des opérations de groupage/dégroupage. Son offre s’est ensuite étoffée avec un service de dédouanement, des activités d’affrètement et de commission de transport.
Les marchandises importées de Turquie sont notamment des pièces détachées pour les constructeurs automobiles, du textile (marques Mango, Inditex etc..) et du fret général. Une fois à Sète, elles sont redistribuées en France pour moitié, le solde vers l’Espagne (35 %), la Grande-Bretagne et la Belgique.
Le logisticien turc et l'armateur danois coopèrent de longue date en Méditerranée. DFDS a récemment lancé une nouvelle ligne ferroviaire entre Sète et Cologne pour le transport des remorques d’Ekol Logistics à bord de ses rouliers reliant Sète au port turc de Yalova, où est implanté le terminal ro-ro de l’opérateur multimodal.
Dupliquer le schéma de Trieste
La compagnie a choisi de faire passer ces remorques par Sète et non par Trieste, son hub pour les autres marchandises transportées entre la Turquie et l’Europe centrale, cherchant à dupliquer le modèle adriatique. « Il s’agit d’y opérer un nouveau hub pour proposer en France une alternative au port italien, d’autant que le volume de marchandises en provenance de Turquie est appelé à croître », expliquait Jimmy Marolle, directeur de l’unité opérationnelle méditerranéenne de DFDS en France, dans un entretien en avril au JMM.
DFDS avait alors annoncé la mise en place ultérieure d’un train qui relierait la Turquie au Royaume-Uni, en passant par Sète et Calais avec Prime Rail, « l’opérateur ferroviaire mandaté par DFDS pour [notre] développement ferroviaire et multimodal en Europe », avait-il fait valoir.
Sur les 71 navires de DFDS, dix-neuf sont aujourd’hui exploités en Méditerranée, dont cinq sur la ligne entre Sète et le port turc de Yalova.
A.D.