Sur l’ensemble des segments de trafics, Anvers est dans les clous des résultats du premier semestre. Dans le détail, il y a des variations sensibles. Le numéro deux portuaire européen avait soldé la première partie de l’année sur un trafic de 119,9 Mt et une croissance de 5 %. Il est en phase avec sa trajectoire semestrielle et engrange une nouvelle hausse de 4,8 % qui lui permet d’atteindre pour les neuf premiers mois de l’année les 179,2 Mt. Il fait toutefois mieux dans les vracs liquides (il a gagné près d’un point de croissance en trois mois, + 2,2 %, à 52,2 Mt), dans les vracs secs (près de deux points de croissance, + 9,3 %, à 9,5 Mt) et dans le breakbulk/conventionnel (+ 62,7 % au 3e trimestre contre + 41 % au premier semestre) pour s’établir à 8,3 Mt.
Les engrais (+ 25 %) et la ferraille (+ 13,5 %) ont joué un rôle important dans la dynamique du vrac sec. Il faut en outre saluer la performance dans les vracs liquides compte tenu de l’encéphalogramme plat des marchés pétroliers entre juillet et septembre. En dépit de la chute du pétrole brut (- 68,5 %), le segment est repêché de la noyade par les produits chimiques (+ 9,8 %) et les dérivés du pétrole, qui ont fait 4 % de mieux que l'année précédente.
Restauration de positions dans le breakbulk
Il récupère en outre de sa superbe dans le breakbulk, cette catégorie de marchandises dont il était le leader incontesté il y a encore deux décennies. Le vent a tourné pour lui depuis la fusion entre Gand et Zeeland Seaports (Flessingue et Terneuzen) en 2017 qui a donné naissance à North Sea Port. Le port belgo-néerlandais lui a ravi la place et a creusé l’écart depuis. La conteneurisation d’un nombre croissant de marchandises a fortement joué en défaveur d’Anvers quand pour Sea Port, la part croissante du breakbulk est précisément liée au fait que la grande conteneurisation n’y a jamais véritablement percé.
Anvers récupère donc du jeu (dans l’attente de la diffusion des trafics de son concurrent) et il le doit principalement à la forte croissance du commerce de l'acier (+ 65,9 %), qui assure une grande partie du trafic de ce segment. « Septembre a été le meilleur mois de l'année pour le segment et même depuis juin 2011 », se félicitent les services du port. Le belge profite en outre de l’exceptionnelle conjoncture des matières premières dont la demande et les prix explosent. Mais cette bonne fortune devrait être rapidement contrariée, la pénurie aidant.
Résultats du port d’Anvers entre janvier et septembre 2021
Déception dans les conteneurs
En revanche, Anvers crée la déception sur le conteneur où sa trajectoire de croissance se dissocie de celle des six premiers mois alors qu’il avait réalisé un sans-faute sous l’ère du Covid, s’offrant le luxe de la stabilité en pleine pandémie. En hausse de 5,1 % à l’issue du premier semestre, il marque le pas trois mois plus tard (+ 2,8 %) mais approche les 10 MEVP (9,1 MEVP). L’effet de base opère : le premier semestre 2020 avait été particulièrement faible pour le conteneur en comparaison de la seconde partie de l’année où le trafic va aller crescendo forte. Le conteneur reste à Anvers le seul type de fret dont la croissance est continue depuis 2014. Sans doute le port belge paie-t-il aussi la grande désorganisation actuelle du transport maritime qui fait valser les escales.
Le ro-ro patine également. Il était en croissance de 22 % sur le premier semestre et de 18,2 % fin septembre (3,9 Mt). Il reste lié aux échanges avec le Royaume-Uni et l'Irlande, le Royaume-Uni étant son troisième client et le port étant relié à 12 destinations britanniques et irlandaises. « En plus de la manutention accrue de véhicules, le bois et les matériaux de construction connaissent également des hausses notables », justifie pour sa part l’autorité portuaire.
Belle assurance dans le reefer
Enfin, le port d'Anvers consolide ses positions dans la logistique du froid. Il avait franchi l’an dernier le cap du million de conteneurs frigorifiques traités. Le nombre de boîtes a encore augmenté de 3,6 % par rapport à la même période de l'année dernière. La croissance est notamment liée à sa connectivité avec les marchés d’Amérique latine et d'Afrique.
« Notre ambition est d'être le premier port de produits périssables en Europe. L'année dernière, malgré les circonstances difficiles, nous avions déjà enregistré une belle croissance dans le segment grâce à nos atouts en termes d'emplacement et de services », souligne Jacques Vandermeiren, le PDG du port flamand.
Adeline Descamps