Pourquoi une cabine si haut perchée ? Tout bonnement parce que le camion qu’elle commande est gros, très gros. Et donc aussi très haut.
Un type d’engin que les professionnels du transport qui fréquentent la page Facebook de France Routes n’ont pas eu de mal à identifier : il s’agit effectivement d’un dumper minier et plus précisément d’un Hitachi de la série EH. Quant au modèle exact, c’est un EH4000AC-3. Qui n’est d’ailleurs n’est pas le plus gros de la marque. Mais déjà, avec ses 384 t de PTC pour 244 t de charge utile, entre-t-il dans la catégorie des vrais géants. Et s’il faut un escalier d’une vingtaine de marches pour monter à bord, c’est que le poste de travail de l’opérateur est perché à 6 m du sol.
Longtemps, sur ces gros camions bennes, l’accès à la cabine s’est fait au moyen d’une échelle, placée sur le côté ou plus souvent devant la cabine, le long du moteur. Puis, les camions gagnant en gigantisme, cette échelle s’est progressivement inclinée, pour tendre vers une sorte d’escalier, un peu raide certes, mais plus commode. Enfin, les accès se sont multipliés et surtout perfectionnés, le principal courant désormais en diagonal, devant le moteur, ce qui en fait un véritable escalier, pratique et sûr.
A ce propos, un mot sur la moteur de notre Hitachi EH4000-AC-3. Car pour présenter une calandre de pareille dimension, il faut qu’il soit particulièrement imposant. En fait, il est en proportion avec le poids du camion : un Cummins de 60 l, à 16 cylindres en V développant une puissance maxi nette de 2 370 ch, soit un rapport poids/puissance à peine supérieur à 6 ch/t. Ce qui équivaudrait à circuler à 44 t avec un camion de 273 ch. Mais les conditions d’exploitation ne sont évidemment pas les mêmes. Puissance suffisante toutefois pour permettre à l’Hitachi de rouler à vide (c’est-à-dire à 163 t, tout de même) jusqu’à une vitesse de 56 km/h.
À noter que ce diesel n’entraîne pas mécaniquement les roues motrices. Comme le plus souvent dans cette classe de poids, on a à faire à un transmission de type diesel-électrique : le moteur thermique entraîne une génératrice qui produit de l’électricité qui alimente en courant alternatif (AC) des moteurs électriques dans les roues.
A pleine charge, les roues arrière supportent 257 t, mais à vide, comme ici, ce sont encore 85 t qui pèsent sur les quatre pneus de dimension 46/90R57. Quant à la largeur hors-tout, elle atteint 7,3 m.
Rappelons qu’autrefois, l’accès au poste de conduite des grands dumpers, bien que moins gigantesques que cet Hitachi, n’était pas aussi facile. La preuve avec ces deux camions.
Le premier est un Faun K80 de 75 t de charge utile, datant des années 1970, dont la cabine, tout de même assez haute, était desservie par une simple échelle, placée devant la roue avant droite.
Plus acrobatique encore, la montée jusqu’à la cabine de ce Berliet T 60 GF était une véritable ascension. Le pire étant d’en redescendre ! Ce camion de 60 t de charge utile n’a été produit, entre 1969 et 1970, qu’à 30 exemplaires, achetés par l’URSS pour une mine de Sibérie.
Et puis, en clin d’œil, car ce camion a déjà été présenté en septembre 2013 dans France Routes, voici les multiples accès du Belaz 75710. Un modèle resté pour l’instant unique, fabriqué en Biélorussie et détenteur du titre de « plus gros camion du monde » avec une charge utile de 450 t, correspondant à un PTC de 810 t. Vous avez le choix : escalier du côté droit ou échelle du côté gauche.
