« Je suis bloqué depuis hier à l’écluse du Coudray-Montceau sur la Seine amont. On espère une remise en route à 13 heures au moment de la relève du personnel de VNF qui fait fonctionner cette écluse. Cela signifie que je vais arriver en retard chez mon client à Gron sur l’Yonne. C’est affligeant cette situation qui ne préoccupe personne », témoigne Pascal Malbrunot, artisan-batelier.
Les autres écluses bloquées depuis ce matin du 23 mars sont celles du Vives-Eaux et de Varennes tandis que celles du Port à l’Anglais, d’Evry et Ablon fonctionnent.
« Le nombre de bateaux ne signifie rien, l’important c’est le volume qu’on transporte et qui est attendu par nos clients : j’aperçois 1 fois 1750 tonnes + 1 fois 900 tonnes + 2 fois 700 tonnes + 2 fois 1400 tonnes soit un total de près de 7000 tonnes de marchandises bloquées », souligne Pascal Malbrunot A l’écluse du Coudray, ce sont 7 bateaux qui stationnent et ne peuvent continuer leur navigation empêchant le bon déroulement de l’activité chez leurs clients.
Cet artisan-batelier, qui ne veut pas se résigner et s’est levé ce matin à 5h55 comme tous les jours, poursuit :
- « Les fois précédentes lors des mobilisations nationales contre la réforme des retraites, la situation a été variable, j’ai été bloqué à Suresnes par exemple puis j’ai pu de nouveau naviguer sans difficulté.
- On est à la merci à chaque fois d’un concours de circonstances qu’on ne maîtrise pas du tout. On essaie d’alerter les journaux France 3, le Parisien, personne ne vient. On appelle VNF mais personne ne répond.
- Le transport fluvial est à l’arrêt, c’est tant pis ? »
Les écluses du Rhône à l'arrêt également
Sur le Rhône, la situation des artisans-bateliers apparaît tout aussi difficile que sur la Seine.
« On est bloqué depuis une semaine. L’entretien annuel a commencé le 5 et devait s’achever le 16 mars mais la mobilisation contre la réforme des retraites a empêché le bon déroulement des travaux, soupire Michel Sanvert, artisan-batelier qui navigue sur le Rhône.
« Deux écluses ne fonctionnent pas : Vaugris et Bollène, ajoute cet artisan-batelier. Nous n’avons aucune visibilité sur une reprise de la navigation sur le Rhône entre Marseille et Fos. Les bulletins quotidiens de la CNR montrent surtout une non-évolution de la situation ».
Pour Bernard Theuret, autre artisan-batelier du Rhône :
- « Presque tous les bateaux sont chargés et on est coincé. Les écluses n’ont pas pu rouvrir comme prévu le 16 mars : les grévistes ont empêché les intervenants d’accéder à des écluses et donc de faire les travaux. La CNR ne peut pas dire ou faire grand-chose, le problème est d’ordre national.
- Bloquer les bateaux et le transport fluvial, cela ne sert à rien. L’Etat se fout de la situation de la filière. Nous voyons les camions rouler tranquillement sur l’autoroute. Que doit-on en penser ? Quelle importance accorde-t-on encore au transport fluvial sur le Rhône ? Faut-il rappeler que la CNR est une filiale d’EDF ? La priorité est-elle la navigation ou la production d’électricité ?
- En janvier et en février 2023, l’année avait plutôt bien commencé, là on peut dire que mars est égal à zéro. Qu’en sera-t-il d’avril qui arrive très vite ? Nous n’avons aucune visibilité. Ce sont des transports qui ne se font pas, des PME, TPE qui sont en péril ».
