Le Premier ministre esquisse une nouvelle stratégie portuaire

"Nous avons 5 ans devant nous. En 5 ans, on peut rattraper beaucoup de retard, lever pas mal de verrous et pourquoi pas prendre de l'avance", estime le chef du gouvernement.

Crédit photo Anne Kerriou
Édouard Philippe a annoncé une réforme de la gouvernance des ports le 21 novembre, à l'occasion des Assises de la mer. Il plaide pour une meilleure complémentarité sur les grands axes, des efforts de compétitivité auxquels l'État prendra sa part et un soutien au transport combiné pour favoriser la fluidité portuaire.

"La France n'a pas un trafic portuaire à la hauteur de sa façade maritime, de son marché intérieur et de sa place en Europe." C'est par ce constat récurrent et largement partagé que le Premier ministre a engagé la présentation des grandes lignes de son ambition maritime, le 21 novembre, lors des Assises de l'économie de la mer.

"Nous avons 5 ans devant nous. En 5 ans, on peut rattraper beaucoup de retard, lever pas mal de verrous et pourquoi pas prendre de l'avance", estime le chef du gouvernement.

Soigner l'articulation entre les ports

Édouard Philippe veut d'abord réformer la gouvernance des ports avec en tête un objectif de complémentarité. "Il existe en métropole trois systèmes portuaires qui ont clairement un intérêt européen et international, et qui pour cette raison doivent rester dans le giron de l'État", a d'abord posé le Premier ministre. Pas de changement, donc, dans ce domaine.

Mais le chef du gouvernement en appelle à une meilleure articulation sur chaque axe et entre les différentes façades maritimes. "À terme, je ne veux plus 3 ports nationaux. Je veux un seul port français, avec 3 portes d’entrée", a souligné le chef du gouvernement, en appelant les acteurs du monde maritime à se mobiliser. "L’État peut fixer les objectifs, mais il ne pourra obtenir des avancées décisives sans le concours des professionnels".

Dépasser les limites d'Haropa

Dans l'immédiat s'ouvre donc le chantier de la gouvernance. "Je ne remets pas en cause le succès d'Haropa, mais cette avancée est en train d'atteindre ses limites", note Édouard Philippe. Un avis partagé par le président de la région Normandie, Hervé Morin, qui va jusqu'à réclamer "un nouvel établissement public de tête avec des opérateurs autonomes par port".

"Il faut plus d'intégration et un pilotage unifié qui inclue au même niveau les trois ports : Le Havre, Rouen et Paris", analyse pour sa part le Premier ministre. Une mission en ce sens est confiée au préfet François Philizot, délégué interministériel au développement de la vallée de la Seine, qui doit remettre ses conclusions en février 2018. Tout l'enjeu consistera à voir où l'État placera finalement le curseur de l'unification.

Dunkerque et Marseille en têtes de pont

Sur la façade méditerranéenne, c'est Jean-Christophe Baudoin, délégué interministériel au développement de l'axe portuaire et logistique Méditerranée-Rhône-Saône, qui s'attellera à conduire les réflexions d'ici l'été. Sa feuille de route porte sur une meilleure articulation du port de Marseille avec les autres ports de la façade méditerranéenne, ainsi que sur le développement de l'hinterland "profondément dans les terres, vers le nord".

Dunkerque, enfin, "doit être notre tête de pont sur l'axe Nord, en se coordonnant avec les ports proches et en particulier Calais", a estimé Édouard Philippe. Sur cet axe, la réflexion sera conduite par le préfet de région des Hauts-de-France.

Du cas par cas pour les autres ports

Concernant les ports d'intérêt national, "l'échelle pertinente peut être la région", mais "cela ne veut pas dire que les autres collectivités n'auront pas leur mot à dire, que l'État s'en désintéressera et que tous doivent être gérés de la même manière", a poursuivi le Premier ministre.

Là encore, une "mission de concertation" va étudier les situations, au cas par cas.

Des ports capables de livrer "des batailles commerciales"

Deuxième fil conducteur de l'ambition maritime d'Édouard Philippe : la compétitivité. "Il faut voir les ports comme des centres de service", et pas seulement comme des gestionnaires d'infrastructure, a estimé le chef du gouvernement. Dans cette approche, les ports doivent devenir des écosystèmes "capables de mener de véritables batailles commerciales".

Édouard Philippe s'est engagé à ce que l'État apporte sa pierre à l'édifice en donnant plus de visibilité sur les charges, notamment fiscales, et en révisant les règles de domanialité pour sécuriser les investisseurs. Un dossier qui échoie à la ministre des Transports, Élisabeth Borne.

Soutien au transport combiné

Troisième axe, enfin, qui va guider la politique maritime du gouvernement : la fluidité du passage portuaire. Le Premier ministre a promis de "soutenir partout le transport combiné ferroviaire et fluvial, notamment en maintenant "un dispositif comparable à celui de l'aide à la pince".

Dans le Nord, le Premier ministre a affirmé sa volonté de faire de Seine-Nord "un succès pour nos ports, nos fleuves, et nos territoires".

Pour la desserte du Havre, il s'est dit prêt à suivre les préconisations de la concertation publique en cours. "Si elle conclut qu’il suffit d’optimiser l’organisation actuelle, nous le ferons. Si elle conclut qu’il faut étendre le terminal multimodal, nous le ferons. Et si elle conclut qu’il faut faire la chatière, je le dis : l’État prendra ses responsabilités et nous le ferons", a martelé Édouard Philippe, rappelant également qu'en matière ferroviaire, l’État investit dans la modernisation de la ligne entre Serqueux et Gisors pour une amélioration de la desserte en 2020. 


Halte aux bisbilles numériques

Le Premier ministre a enfin appelé de ses vœux une plus grande efficacité en matière de gestion des données. "Il y a actuellement deux systèmes concurrents, l’un sur l’axe Seine, l’autre sur l’axe Rhône. Je les connais bien mais je veux désormais un seul système. J’ai demandé à la ministre des Transports d’y réfléchir et de me faire rapidement des propositions pour avancer avec les industriels", a fermement souligné Édouard Philippe.

La seconde étape consistera à atteindre une "digitalisation complète de la logistique maritime avec la mise en place d’une plate-forme nationale des données portuaires".

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