TTL : En quoi votre parcours professionnel vous prédisposait-il à devenir la première femme dirigeante d’une entreprise ferroviaire française ?
C. H. D. : Après avoir fait une école de transport routier classique, j’ai été directement confrontée aux exigences du transport combiné au travers d’une première expérience professionnelle pour le compte de Distri Chrono. Il s’agissait alors de réaliser des livraisons à l’heure dans une fourchette comprise entre 98 et 99 % ! J’ai travaillé par la suite pour le compte de VFLI en devenant chef de site à Lyon pour le compte d’un opérateur de transport combiné. C’est forte de cette expérience dans ce monde très complexe qu’est le ferroviaire que j’ai été recrutée pour diriger l’entreprise ferroviaire Combirail à compter de septembre 2019. L’objectif qui m’avait été assigné alors par Jean-Claude Brunier, président du groupe Open Modal, était de pleinement intégrer la traction ferroviaire au sein de la chaîne de transport combiné du groupe tout en déployant un service client hautement qualitatif.
TTL : Comment avez-vous transformé un OFP en entreprise ferroviaire en plein développement au service d’un groupe intégré comme Open Modal ?
C. H. D. : Tout est parti du rachat par Open Modal de l’OFP Ferrivia fin 2018. En prolongement de l’obtention du certificat de sécurité en juin 2019, j’ai mis en place avec mon équipe toutes les bases permettant à Combirail d’assurer la traction des trains longs (850 m) et à longue distance de T3M. Au-delà, notamment, du renforcement du pôle sécurité (avec à sa tête une femme – NDLR) et de la mise en place de notre propre école de formations de conducteurs, nous nous sommes dotés des moyens en matériel moteur nous permettant d’assurer la meilleure qualité de service possible. Avec un ratio de deux machines en service pour une en réserve, nous avons réussi à gagner dix points de taux de qualité par rapport à la situation antérieure.
Aujourd’hui, avec un parc de treize locomotives et 50 salariés, nous assurons la remorque de deux trains de combiné de T3M sur les parcours Avignon-Bonneuil-sur-Marne et Marseille-Canet-Valenton ainsi que la traction de trains vers Fos-sur-Mer au départ de Gerzat, Chalon-sur-Saône et Loire-sur-Rhône pour le compte de Ferrovergne (groupe Combronde, également actionnaire de Combirail - NDLR). Nous devrions intégrer une troisième relation T3M à compter de décembre 2023.
TTL : Prévoyez-vous d’amplifier les prestations de sous-traitance réalisées pour le compte d’autres opérateurs ?
C. H. D. : Effectivement, et cela rentre directement dans le cadre de la création récente de la Desserte Open Modal (DOM). Ce nouvel outil a été mis en place pour chercher de la performance sur la desserte du dernier kilomètre. Déjà, nous assurons les manœuvres sur le terminal de Bonneuil-sur-Marne et ce sera également le cas sur le nouveau terminal TOP à partir de mai 2024.
S’agissant des prestations réalisées pour le compte de tiers, nous assurerons également les manœuvres à Loire-sur-Rhône des trains de combiné de Captrain France en provenance de Barcelone à compter du 7 novembre 2023. Nous avons à cette fin prévu de nous doter de locotracteurs supplémentaires.
Toutes ces activités, ainsi que d’autres potentiellement réalisées pour le compte d’autres clients dans le domaine du transport combiné, pourraient nous amener à doubler de taille dans les cinq années à venir.