Ce n’est pas un ministre mais deux qui ont participé à la treizième Rencontre Fret ferroviaire du futur et OFP qui s’est tenue à l’Espace Saint-Martin à Paris le 28 novembre 2023. Au-delà de la présence renouvelée de Clément Beaune, ministre des transports, Carole Grandjean, ministre de la formation professionnelle, avait également tenu à assister à cette journée marquée par une nouvelle audience record.
Même si le doublement de la part modale du fret ferroviaire ne semble plus devoir être atteint d’ici à 2030, cette représentation ministérielle a confirmé le plein soutien du Gouvernement au développement du secteur.
La formation du personnel : un défi de taille
Cependant, entre les effets d’annonce et la concrétisation sur le terrain, il y a toujours un pas qui est long à franchir. Tous les intervenants à la tribune ont souligné le besoin d’accélérer le tempo pour répondre aux enjeux de la transition écologique. Certains d’entre eux ont même prouvé que c’était possible de manière rapide et frugale à l’image des promoteurs de la nouvelle plateforme multimodale de Puyoo devenue opérationnelle en l’espace de six mois seulement.
Pour que tous les projets se réalisent, il faut néanmoins du personnel et l’une des tables rondes de la journée a montré toute la difficulté du processus. Sur 1 000 candidats à un poste de conducteur de train, seuls huit parviennent à le devenir au bout de treize mois de formation et d’un coût de 50 000 € à la charge des entreprises ferroviaires. Au travers de la grande réforme des lycées professionnels, il est donc clairement demandé à l’Etat de bien vouloir mettre en place des spécialisations ferroviaires.
Une équité de traitement attendue
Ce n’est pas là le seul défi que doit affronter la filière. Celui de l’amélioration des infrastructures figure tout en haut de la pile. Car le fret ferroviaire n’entend pas rester plus longtemps le parent pauvre de l’utilisation des sillons alors même que son importance était redevenue vitale lors de la crise sanitaire. À défaut d’obtenir des priorités lors de la répartition des sillons, le secteur demande, à tout le moins, une équité de traitement avec les services voyageurs.
Surtout, et les intervenants ont là-encore beaucoup insisté sur ce point durant la journée, il faut donner au fret ferroviaire de la visibilité. Car c’est cette condition essentielle qui doit permettre aux acteurs de s’engager financièrement dans la durée.
Un nouvel opérateur
Cette treizième édition n’a, cependant, pas fait la part belle aux opérateurs de fret de proximité (OFP). Tout juste a-t-on appris qu’un nouvel opérateur avait obtenu son certificat de sécurité en 2022 pour desservir les ports de Chalon-sur-Saône et de Mâcon.
Pourtant, ces mêmes OFP seront, à n’en pas douter, des acteurs indispensables pour développer le fret en Régions. Ces dernières ont, en effet, inscrit dans le volet mobilités de leurs CPER, en partage avec l’Etat, non moins de 930 M€ d’investissements pour le fret ferroviaire. Serait-ce là le signe d’une inflexion en faveur du fret ferroviaire après des décennies de domination routière ?