Le contexte. La première autoroute ferroviaire espagnole est le fruit d’un partenariat public privé qui rassemble plusieurs acteurs. Du côté privé, il y a la société espagnole Tramesa, qui a acquis des wagons spécifiques auprès du fabricant slovaque Tatravagónka et construit une grue-portique dans le port de Valence ; et la société italienne Trans Italia, qui s’est dotée de semi-remorques P400.
L’Autorité portuaire de Valence (APV) et ADIF, l’entreprise publique espagnole homologue de SNCF Réseau, ont réalisé différents aménagements des infrastructures. L’investissement total a atteint 20 millions d’euros et a bénéficié des fonds européens dans le cadre du programme de relance post-Covid, NextGenerationEU.
Quatre départs par semaine. La traction est assurée par la compagnie ferroviaire Medway, filiale du groupe maritime MSC et chaque convoi pourra transporter 40 semi-remorques sur 20 wagons.
En termes de rotations, l’objectif est d’atteindre quatre départs/semaine après la période creuse du mois d’août. Cette nouvelle ligne devrait permettre d’éviter la circulation sur la route de 10 000 véhicules chaque année tandis que la réduction d’émissions serait de 16 000 tonnes annuelles de CO2.
Un caractère novateur. La principale originalité du projet, outre son caractère novateur, réside dans son articulation avec le transport maritime. Trans Italia gère chaque année sur le territoire espagnol 70 000 camions qui ont pour origine/destination l’Italie et la Grèce.
Elle travaille dans la majorité des cas avec l’armateur italien Grimaldi qui assure des liaisons vers l’Italie (Salerne, Savone et Livourne) et la Grèce (Le Pirée et Patras). Le projet est donc véritablement multimodal, comme l’a souligné Luigi D’Auria, directeur général de Trans Italia, lors de la cérémonie d’inauguration de la nouvelle ligne.
Un axe transversal. Les promoteurs du projet ont l’intention de prolonger l’autoroute ferroviaire vers Lisbonne et de créer ainsi un véritable axe transversal en plein milieu de la péninsule ibérique. Cependant, aucune date de lancement de cette extension n’a été annoncée.
Un programme ambitieux. Pour le ministère des Transports, l’inauguration de la ligne Valence-Madrid est la première composante d’un vaste programme de développement des autoroutes ferroviaires en Espagne.
ADIF a établi une liste de 18 projets potentiels. Le plus important est la ligne Algésiras-Madrid-Saragosse (1 074 kilomètres). L’objectif est notamment de favoriser le report d’une partie du trafic des camions en provenance du Maroc, via le détroit de Gibraltar.
Des aménagements importants. Mais l’adaptation de la ligne, pour tenir compte des dimensions spécifiques des convois d’autoroutes ferroviaires, oblige à réaliser des aménagements importants (modifications dans 43 tunnels, changement de ballast et de traverses, modernisation de la signalisation, électrification, adaptation des voies dans les gares, etc.), soit au total 174 projets à réaliser. L’investissement nécessaire est évalué à plus de 468 millions d’euros.
De premiers appels d'offres. ADIF a lancé les premiers appels d’offres mais il n’y a pas encore de date pour le démarrage du projet. La ligne dispose d’un opérateur : la société Rail&Truck Strait Union, dont le principal actionnaire est Continental Rail, filiale de CMA CGM.