Logistiques Magazine : Le maire de Grans a annoncé un projet d’extension de la plate-forme logistique Clésud sur 140 ha associé à un doublement des capacités de l’actuel chantier de transport combiné. Etes-vous intéressé par ce projet ?
Jean-Claude Brunier : Aujourd’hui Clésud est une réussite. Yves Vidal, maire de Grans, a saisi l’enjeu et la pertinence du ferroviaire puisqu’il souhaite doubler la capacité actuelle du chantier de transport combiné exploité par Novatrans (4 trains par semaine et 49 237 UTI en 2015, ndlr).
Nous sommes intéressés par le projet d’extension à la fois pour créer des lignes et comme exploitant du nouveau chantier. Clésud dispose de suffisamment de foncier pour construire une plate-forme de 1 000 mètres de long capable de recevoir deux trains de 850 mètres par jour et aménager un site capable traiter 60 000 UTI par an. Les logisticiens de la plate-forme se montrent intéressés.
Nous sommes présents à Avignon, à Marseille Canet à Fos Graveleau mais nos trains n’arrivent pas encore à Clésud où se trouvent nos clients. Cette extension est déjà prévue et peut être réalisée rapidement. Le plus tôt sera le mieux même si nous avons des possibilités en gare du Canet à Marseille.
L. M. : S’agissant des flux conteneurisés, Marseille-Fos continue de regagner des parts de marché sur le range nord avec une croissance de 4 % (1,22 M Evp) en 2015. Quelles sont vos perspectives de développement à Fos ?
J.-C. B. : Ces développements s’inscrivent dans la dynamique de la réforme portuaire qui contribue au développement des zones de Saint-Martin-de-Crau, Clésud et Distriport. Les prévisions de trafics sont favorables d’autant que les ports du nord Europe sont saturés.
Marseille-Fos a une revanche à prendre. Le port ne connaît plus de problèmes sociaux. La zone de Graveleau où nous sommes étant exiguë, nous étudions un projet de création d’un terminal de transport combiné sur la zone du Ventillon (à 17 km de Fos2XL, ndlr).
Nous souhaitons lancer une nouvelle ligne quotidienne entre Lille et Marseille car les clients du maritime sont demandeurs et cela nous permettrait de compléter notre réseau dans le Nord-Pas-de-Calais. Nous devons recueillir les intentions des prospects, aménager les sillons, disposer de capacités dans les terminaux pour accueillir de nouveaux trains.
Nous sommes présents depuis février 2015 à Lille où nous avons dédoublé la liaison Toulouse-Bordeaux-Paris. Nous exploitons désormais deux lignes quotidiennes Toulouse-Paris-Lille et Bordeaux-Paris avec une partie du train qui rejoint le train de Toulouse pour gagner Lille. Toulouse est quasiment plein et nous devons à présent consolider la ligne sur Bordeaux.
Notre ligne entre Nancy et Fos, lancée il y a deux ans, me surprend car pour l’instant il ne s’agit que de flux continentaux, c’est dommage. Nous devons être patients pour attirer des flux maritimes.
L. M. : Quelle est votre vision du transport combiné en France ? Etes-vous préoccupé par la situation de Combiwest ?
J.-C. B. : Le combiné doit faire face à des menaces et des opportunités. Le prix du pétrole est exceptionnellement bas. De fait, les routiers, qui ont retrouvé des couleurs, ont une politique commerciale très agressive. Nous faisons en sorte de maintenir nos trafics.
Nous sommes convaincus que l’équation économique est favorable au combiné. De plus, l’équation sociétale obligera les chargeurs à adopter des solutions plus vertueuses. Nous devons continuer à bâtir un réseau puissant aussi bien placé que la route.
Je salue Combiwest qui a contribué à désenclaver la Bretagne. Cependant, l’opérateur s’est positionné sur un axe compliqué et a été impacté par des mauvais sillons.
En bref
T3M a fait circuler 3 000 trains en 2015 pour acheminer 104 000 unités de transport intermodales (UTI), un trafic en progression de 6,7 %.
L’opérateur ferroviaire rail/route a réalisé un chiffre d’affaires de 40 millions d'euros l’an dernier tandis que l’activité transport routier de TAB a achevé 2015 sur un chiffre d’affaires de 51 millions d'euros.