L’Officiel des transporteurs : votre fédération a réuni ses instances le 4 septembre. Au programme, entre autres sujets, le train de mesures fiscales annoncé au début de l’été en direction du transport routier Qu’en est-il ressorti ?
Florence Berthelot : Nous nous trouvons dans une période déterminante liée à des annonces gouvernementales qui, à l’exception du rabotage des deux centimes sur la ristourne gazole, ne visent pas l’ensemble du secteur du transport routier. Certaines entreprises sont touchées par la suppression de la déduction forfaitaire spécifique (DFS), pas toutes, d’autres par le gazole non routier (GNR), d’autres encore par la fiscalité des entrepôts logistiques ou le malus sur les contrats courts…
L’objectif de notre réunion a consisté à faire le point sur les simulations de coûts supplémentaires générés par ces mesures au sein des entreprises. Nous avons également pris le pouls de la perception qu’ont nos adhérents de la conjoncture économique. L’activité commence à décliner dans certains secteurs clients et le moral de nos chefs d’entreprise tend à décliner. C’est ce qui est ressorti de notre dernier baromètre de conjoncture. Le tout sur fond de ralentissement de la croissance à l’échelle européenne, notamment en Allemagne, notre premier client et fournisseur.
L'O.T : les organisations patronales (FNTR, TLF, OTRE, CSD) ont sollicité une audience auprès du Premier ministre. Qu’en attendez-vous ?
F. B. : La panoplie de mesures annoncées par le gouvernement engage divers ministères (Travail, Finances, Transports). Le Premier ministre est celui qui coordonne cet ensemble et c’est à lui de nous expliquer dans quelle direction il veut s’engager. Or, on constate que le gouvernement est en train de boucler sa loi de finances et que, sur les contrats courts, il y a des décrets qui sont parus. Nous ne sommes pas entendus ni écoutés… Notre inquiétude est que les arbitrages sur la loi de finances se déroulent actuellement, même si l’on sait que l’on peut encore agir par la suite.
L'O.T. : les fédérations professionnelles du secteur – notamment la vôtre – privilégient depuis longtemps la voie de la pédagogie et du dialogue avec les pouvoirs publics pour valoriser la place du transport routier français dans l’économie et pointer la fragilité de sa compétitivité. Pour autant, des mesures fiscales ou réglementaires continuent de s’abattre sur les entreprises. Comment se faire entendre et respecter ? N’avez-vous pas, vous fédérations, atteint vos limites ?
F. B. : C’est une question importante. Elle provoque des remises en question. Ce qui est troublant c’est que, en bilatéral, les institutionnels soulignent tous l’importance du secteur. Mais, dès qu’ils prennent une posture politique en public, ils retombent dans leurs travers. On sait bien par ailleurs que le secrétaire d’État aux Transports, Jean-Baptiste Djebbari, ne pèsera pas dans les décisions.
L'O.T. : alors que faut-il faire pour se faire entendre ? Descendre dans la rue et se mobiliser comme d’autres secteurs le font lorsqu’ils se sentent menacés par certaines mesures ?
F. B. : S’il y a une action, elle sera unitaire. On a l’impression que tout le monde n’attend que cela – les journalistes de la presse grand public les premiers – que nous bloquions les routes. Et je pense que le gouvernement a peut-être en tête ce calcul, que nous y allions. Ils nous attendent…
Lire l'intégralité de l'entretien dans L'Officiel des Transporteurs n°2987 du 13 septembre 2019.