En bordure de l’autoroute gratuite A 84, reliant Rennes à Avranches, le bâtiment ne passe pas inaperçu. Après sept mois de travaux, les Transports Gélin ont inauguré, au début du mois de mai, leur nouvelle plateforme logistique de 18 000 m2 à Saint-Sauveur-des-Landes, à 10 km du siège social de l’entreprise, à Fougères (35). Le nouvel entrepôt se compose de trois cellules de 6 000 m2 disposant de 5 niveaux de racks sur 10 m de hauteur, et alimentées par 18 quais. Entièrement informatisé (sous le WMS Reflex de l’éditeur Hardis) et équipé en radiofréquence, ce nouvel équipement a vocation à accueillir entre 20 000 et 25 000 palettes. L’objectif est à la fois de répondre à l’évolution des besoins des clients actuels, notamment dans les produits secs agroalimentaires (poudre de lait, granulés pour animaux), mais également de s’ouvrir d’autres opportunités dans d’autres secteurs, comme l’électronique par exemple. Pour l’heure, seulement 20 % de l’espace occupe six personnes. D’ici quelques mois, le stockage de palettes devrait se regrouper à Saint-Sauveur-des-Landes pour rationaliser l’activité. Et l’entrepôt devrait alors tourner à 70 % avec une quinzaine de salariés. Cet investissement marque une reprise de l’activité enregistrée par l’entreprise depuis bientôt deux ans. « Cela fait 8 ans que l’on avait besoin de cette plateforme, mais la crise a retardé le projet… », révèle Roland Gélin, le président des transports éponymes. Qui précise qu’il dispose d’une réserve foncière pour une éventuelle extension à Saint-Sauveur-des-Landes. Il y a deux ans, le transporteur a retrouvé la marge financière nécessaire à l’acquisition de 6 hectares et la construction d’un bâtiment répondant aux toutes dernières normes en vigueur. Avec cet investissement de 10 millions d’euros, Gélin se dote d’un outil performant pour l’entreposage et la manutention de palettes et porte à 100 000 m2 sa capacité totale de stockage, essentiellement composée d’une quinzaine de bâtiments dédiés au vrac sur Fougères. Débutée dans les années 1970, l’activité logistique ne représente toujours que 9 % du chiffre d’affaires de Gélin. Mais elle a le vent en poupe : « En quatre ans, l’activité logistique a doublé et, aujourd’hui, nous effectuons en moyenne mille mouvements de palettes par jour (entrées et sorties confondues), pour un total de 40 000 tonnes stockées, dont 26 000 palettes », détaille Denis Gélin, le responsable de la logistique.
La logistique est une activité supplémentaire destinée à élargir l’offre du transporteur. « Les clients sont de plus en plus soucieux de limiter le nombre de leurs partenaires et de centraliser leur gestion. Plus il y a d’intervenants, plus c’est difficile à piloter. Donc même si la logistique est gérée de façon indépendante, elle est devenue complémentaire pour les Transports Gélin. Auparavant, le transport alimentait la logistique ; désormais, c’est la logistique qui tire le transport », souligne Roland Gélin. Toujours soucieuse d’offrir davantage que du transport, l’entreprise est, par ailleurs, devenue en mai dernier le premier transitaire à obtenir l’agrément de dédouanement centralisé national (DCN) facilitant les démarches d’import/export dans la France entière. « On peut maintenant dédouaner des marchandises sans même avoir le camion sur place. Cela intéresse beaucoup les clients jonglant avec plusieurs entrepôts », indique Roland Gélin. Depuis 2011, le transporteur bénéficiait déjà du statut d’opérateur économique agréé (OEA) délivré par les Douanes, et réalise en moyenne 2 500 déclarations de douane par an.
Fondés en 1955 par Louis Gélin, les Transports Gélin sont pilotés par son fils Roland depuis 1993, rejoint par son frère Denis en 1995. Depuis 2010, le fils de Roland, Julien, est chargé du service exploitation, centralisé à Fougères, où travaillent 16 personnes. Depuis peu, la fille de Roland a rejoint l’équipe familiale pour assurer la communication de l’entreprise et chapeauter la refonte du site internet. Les 260 moteurs Renault, Volvo et Scania du transporteur, entièrement entretenus par l’équipe de l’atelier mécanique/tôlerie (20 personnes), assurent 70 000 commandes de transport par an.
La moitié de l’activité (45 %) provient de chargeurs industriels avec des tautliners. « Nous n’avons pratiquement pas de ligne fixe et n’effectuons presque exclusivement que du transport à la demande. La principale difficulté consiste donc à identifier les flux et anticiper les bascules éventuelles de volumes pour construire des plannings à 24 h ou 48 h seulement. L’été, il n’est pas rare que l’on passe de 5 à 20 camions de boissons dans la semaine s’il fait chaud ! », explique Julien Gélin, responsable de l’exploitation. « Le transport à la demande, c’est vraiment l’aventure ! Et l’on arrive à répondre présent grâce à l’importance de notre flotte. C’est notre principal atout », renchérit Roland Gélin. Avec tout ce que cela suppose en termes de contraintes de gestion et de management… Les destinations des camions Gélin concernent principalement la Normandie, le Nord et l’Est, ainsi que le Sud-Est et le Sud-Ouest dans une moindre mesure. La diversification permet d’amortir la saisonnalité ou l’aspect cyclique de certaines activités. Ainsi, près du quart de l’activité (22 %) est généré par le transport de vrac (céréales) avec 50 bennes basculantes et 32 bennes à fonds mouvants (FMA). Cette activité est particulièrement importante vers l’Italie où les Transports Gélin disposent depuis 40 ans d’un site à proximité de Modène, où un petit service d’exploitation se charge de trouver des chargements pour le retour. Récemment, le transporteur s’est équipé de caissons Ampliroll pour le transport de déchets. De moindre importance, l’activité container (9 % du CA) est positionnée sur Le Havre et assure les allers ou retours de marchandises. Pour la manutention et le levage, Gélin propose des grues avec bras de 60 à 88 tonnes avec panier de remorquage adapté et dispose des autorisations de convois exceptionnels.
Siège : Fougères (35)
CA 2015 : 35,4 M€
Résultat d’exploitation : 2,3 %
Effectif : 350 salariés dont 275 conducteurs
Parc : 630 cartes grises (260 moteurs)
Activités : Agroalimentaire, vrac, déchets, containers, logistique
Le système d’informations de Gélin accuse 30 ans d’âge. Même si l’entreprise a fait partie de la première vague des transporteurs à s’équiper d’outils de géolocalisation dès 2002, « il est temps d’arrêter de mettre des rustines », confie Roland Gélin, son président. Le changement de TMS est donc programmé pour l’an prochain. Après un an d’études à redéfinir les process et analyser les besoins, le cahier des charges répertoriant toutes les fonctionnalités requises est en cours de rédaction, en prélude à une consultation des éditeurs. « L’objectif est de disposer d’un outil global qui centralise toutes les informations pour simplifier l’exploitation en préprogrammant le plus de choses pour accélérer les flux. Le but est aussi d’avoir des échanges dynamiques et transparents avec les chargeurs et les opérationnels pour mieux communiquer en cas de litiges ou de retards. Les clients sont preneurs de tout ce qui permet d’anticiper l’activité », souligne Julien Gélin, chargé de l’exploitation. T. Butzbach