L’arrivée au siège de Transports Bour, avenue de Meaux, à Poincy (77), l’impression de sérénité et d’espace marquent d’emblée le visiteur. Le site est facilement accessible et le parc de l’entreprise étendu. Lorsque l’on est invité à progresser dans les bureaux, on découvre de vastes espaces très aérés. « L’entreprise familiale est implantée à Meaux depuis ses origines. Le terrain sur lequel nous sommes aujourd’hui installés a été acheté dans les années 1990 mais c’est seulement en 2001 que nous y avons déménagé. Au moment de la construction, j’avais souhaité des volumes généreux pour favoriser des conditions de travail évitant toute forme de stress », justifie Christophe Chabaud, le gérant de la SARL fondée par Louis Bour au milieu des années 1920. Celle-ci a enregistré, ces trois dernières années, une légère mais constante progression de son chiffre d’affaires, pour atteindre l’an passé 2,5 millions d’euros. La bonne tenue de l’activité s’expliquerait par le renforcement de l’exploitation de l’activité location de grues « mais également par l’implication de l’ensemble de l’équipe et de l’impact des travaux liés au Grand Paris », tient à préciser le dirigeant. Stratégiquement, Christophe Chabaud tient à contrôler le développement pour se maintenir à une taille raisonnable : « Il m’importe de conserver un contact humain dans toutes les relations de l’entreprise en interne comme en externe, avec nos clients. Notre manière de travailler peut être qualifiée d’artisanale. Nous sommes fiers de nous définir comme des artisans au milieu d’un monde de grandes entreprises », explique le dirigeant.
Les Transports Bour ont clairement divisé leurs activités en deux parties distinctes : le transport et la location de grues. Les deux contribuent à égalité au revenu de l’entreprise. Disposant d’un portefeuille restreint mais composé de clients fidèles, la société, en matière de transport, cultive des valeurs de confiance, de durabilité et de proximité. « Parce que nous sommes une PME, nos clients connaissent personnellement chacun de leurs interlocuteurs, et réciproquement. En interne, nous nous considérons comme étant tous sur un même bateau. Je me contente d’en être le capitaine, de lire les cartes et le bulletin météo. À l’équipage reviennent les fonctions et les rôles essentiels car c’est lui qui assure le fonctionnement quotidien de l’entreprise », explique le représentant de la troisième génération de l’entreprise familiale. L’activité transport est subdivisée en trois secteurs géographiques. Le premier couvre le Grand Ouest (Île-de-France, Normandie, Nord) ; il comprend le transport en citerne acheminant la mélasse et ses dérivés. On trouve également une activité de benne pour des aliments destinés au bétail. Le deuxième secteur est centré sur la région parisienne ; il est structuré autour des porte-engins. Le troisième rayonne principalement sur le bassin parisien mais peut s’étendre au-delà. Il est organisé à partir du parc de véhicules équipés de grues auxiliaires. Ce dernier est techniquement le plus stimulant puisque, chaque chantier étant spécifique, il nécessite une grande adaptabilité, de l’anticipation et des études en amont.
Compte tenu de la nature des activités, la place des conducteurs est importante. Parmi les qualités retenues par Christophe Chabaud figurent le goût pour le métier, l’autonomie, l’amour du travail bien fait, la souplesse ou encore la réactivité. Le dirigeant ne cache pas que « l’équipage » est vieillissant et qu’il éprouve les pires difficultés en matière de recrutement, ce malgré une implication auprès des organismes formateurs et l’emploi de techniques modernes comme le job dating. Néanmoins, le gérant ne tarit pas d’éloges sur son équipe, soulignant « le plaisir de travailler ensemble ».
L’équipe de conducteurs est relayée par un groupe de quatre employés administratifs dont deux technico-commerciaux qui assurent également l’exploitation (location de grues comprise). Si chacun, à son poste, place l’humain au centre, Christophe Chabaud reconnaît que le métier a beaucoup évolué : « Ces dernières années, j’ai personnellement dû passer moins de temps au contact direct de notre clientèle du fait de la croissance des contraintes administratives, fiscales et légales. Mais nous nous efforçons tous de maintenir voire d’améliorer la qualité de notre service et de notre engagement. » Ce dernier mêle modernité et tradition y compris dans les outils de gestion utilisés quotidiennement puisque, par exemple, à l’exploitation, le crayon et la gomme côtoient l’informatique et les logiciels.
Alors que l’entreprise a longtemps fait confiance à la marque Scania pour composer son parc moteurs, ce dernier a été diversifié, et le constructeur Volvo y a fait une entrée remarquée. « Nous avons choisi de travailler avec des marques premium afin de minimiser les soucis techniques. La place plus importante dorénavant accordée à Volvo est due à l’arrivée d’un agent à proximité immédiate du siège », explique le gérant. Le renouvellement des véhicules a lieu tous les cinq à sept ans. Les attentes du transporteur à l’égard des constructeurs reposent sur l’adaptabilité aux besoins de la PME, la qualité mais également le confort de la cabine : « L’accueil du conducteur à bord et l’ergonomie sont des paramètres auxquels nous accordons toute notre attention, le tout sans pénaliser la rentabilité du véhicule ni le poids », justifie encore le dirigeant. Si l’entreprise seine-et-marnaise continue d’accorder sa confiance au diesel, Christophe Chabaud avoue s’intéresser à une énergie alternative : « Je pense que le thermique a encore du potentiel. Concernant le gaz et l’électrique, je les envisage plutôt comme des alternatives à moyen terme. Car sur le long terme, l’hydrogène me paraît tout à fait pertinent », analyse le gérant. Sur ses secteurs d’activité, la société n’est pas encore challengée par ses donneurs d’ordres. Quant à savoir si la pression de ces derniers pourrait croître dans les années à venir, Christophe Chabaud affiche un avis marqué : « La législation et la politique donneront certainement le “la”. Il faudra juste que les décideurs nous permettent d’orchestrer la mise en œuvre après avoir écouté les entreprises, notamment celles de notre taille. »
• Siège : Poincy (77)
• CA 2018 : 2,5 M€
• Effectif : 19 salariés dont 15 conducteurs
• Parc : 29 cartes grises (16 moteurs)
• Activités : citerne, benne, porte-engin, levage
Les origines de l’entreprise, dont la marque commerciale est devenue Transports Bour, remontent à 1925. À cette époque, Louis Bour, grand-père de l’actuel gérant, se met à son compte et construit ses propres véhicules. Il associe des châssis d’autobus à des tourelles portuaires. Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, après que sa flotte a été éparpillée à travers la France, il part la récupérer et achète des surplus américains pour transformer des porte-ponts en engins de levage. L’esprit du fondateur, mais également celui de son gendre Adrien Chabaud, qui lui succédera plus tard, semble continuer à souffler sur l’actuel dirigeant ainsi que sur l’ensemble de l’équipe. Les valeurs chères à Louis Bour – travail, implication et adaptation – restent au centre du métier dont Christophe Chabaud est aujourd’hui le garant. Il faut dire que ce dernier accorde un soin tout particulier aux archives de l’entreprise. A. D.