Renforcer sa présence sur l’ensemble du territoire avec, l’idée de « coller à l’implantation de ses clients » pour davantage de proximité. Telle est la stratégie déployée par les Transports Malgogne dont l’activité oscille entre l’acheminement de produits industriels, de matériels agricoles, le transport sous température dirigée et la logistique (capacité de stockage de 20 000 m2). L’entreprise spécialiste du transport longue distance, dont le siège est à Châteaubriant (44), a ainsi installé en juillet dernier un nouveau site à l’est de la France, à Feillens (01) plus exactement, non loin de Mâcon, où travaillent un exploitant et 12 chauffeurs. « Nous faisons du Lyon de façon régulière. Ce site doté d’un entrepôt frigorifique est donc un point de base pour assurer une distribution vers la Drôme, la Vienne et l’Isère », explique Alain Malgogne, président du conseil d’administration. Cette nouvelle antenne nationale, qui a nécessité un investissement de 1,4 million d’euros, permet d’apporter un certain confort aux conducteurs, qui peuvent accéder à l’agence en une journée et passer le relais en cas de long trajet. C’est en 2002 que le transporteur a enclenché ce déploiement national, tout d’abord à Dettwiller (Bas-Rhin) puis à Maubeuge cinq ans plus tard. « Le but de cette implantation dans le Nord (75 personnes actuellement) a été d’anticiper la croissance du secteur agroalimentaire et la demande dans le frigorifique », se souvient Alain Malgogne. Puis s’ensuit une installation stratégique à Sainte-Luce-sur-Loire en 2015. « Châteaubriant est au carrefour de quatre grandes villes de l’Ouest (Rennes, Angers, Nantes et Laval) mais les infrastructures routières sont un peu pénalisantes. D’où l’intérêt de se poster en périphérie nantaise », indique Alain Malgogne. À présent, la volonté est de créer une synergie entre les sites.
Pour une meilleure coordination, l’entreprise castelbriantaise prévoit d’investir dans l’outil informatique pour faire évoluer le TMS et entend s’appuyer sur le groupement Astre auquel elle appartient depuis 1996. Quant à l’idée de s’implanter physiquement à l’international, l’homme répond que ce n’est pas exclu mais pas d’actualité.
Depuis qu’il est arrivé dans l’entreprise, en 1973, Alain Malgogne s’est toujours tenu à sa feuille de route : diversifier la clientèle et les activités pour doper le chiffre d’affaires. Il faut dire que cette approche est inscrite dans l’ADN de la société. Car déjà, lors de la création en 1948, son père Marcel Malgogne avait le mot croissance à la bouche. À l’époque, ce dernier s’est appuyé sur l’industriel Huard, devenu Kuhn (constructeur de machines agricoles), avant de se tourner, dès 1951, vers l’export, tout d’abord aux Pays-Bas puis en Allemagne. Les Transports Malgogne vont alors réaliser jusqu’à 50 % du chiffre d’affaires à l’international. Lorsque Alain Malgogne prend la direction de l’entreprise, en 1988, la société emploie 20 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 2,8 millions d’euros environ dans le transport en bâchés. En 2002, l’entreprise prend un premier virage en se positionnant sur le transport frigorifique, tout d’abord dans l’horticulture puis dans l’agroalimentaire. Cette activité va notamment progresser au travers des alliances avec d’autres transporteurs. C’est ainsi qu’est né en 2015 le groupement MAX LOG West, à l’occasion d’un appel d’offres lancé par le géant Manitou, composé des Transports Malgogne bien sûr mais aussi des Transports Landais, Richard, Gazeau et d’IDÉA Transport.
Aujourd’hui, les Transports Malgogne sont toujours dans l’optique de diversifier leurs métiers. D’ailleurs s’ils proposent déjà la location avec conducteur sur le transport en bâchés et frigorifique avec 12 ensembles, il est envisagé de le faire aussi dans le domaine de l’environnement et ce, sur le marché local, à condition de trouver des moyens humains. Cette orientation sera certainement pilotée par la troisième génération. Car, depuis trois ans, l’heure est à la transmission familiale dans le cadre d’un pacte Dutreil. Âgé de 64 ans, Alain Malgogne est à la retraite et a déjà transmis 35 % de l’entreprise à ses deux fils, Olivier (36 ans) l’actuel directeur général, entré dans l’entreprise en 2008 pour piloter l’agence du Nord, et David (31 ans) à l’exploitation depuis quatre ans. « Tout doucement, je me dégage de l’actionnariat afin de procéder à une transmission graduelle », indique le père. Dans les deux ans, les deux frères posséderont 80 % des parts. Par ailleurs, une réflexion est engagée pour faire entrer au capital un investisseur bancaire, Sodero en l’occurrence. Et alors qu’Olivier envisage une croissance progressive de l’activité, David souhaite, lui, prendre du galon. Prochaine étape : devenir responsable d’exploitation. Une ambition qui deviendra réalité dès 2020. Et quand on demande aux deux frères comment ils envisagent la répartition des tâches, ils se voient « complémentaires » et toujours en connexion avec le terrain.
En revanche, quand il s’agit de parler chiffres, c’est Alain Malgogne qui prend la parole. L’entreprise, qui compte 340 salariés (dont 285 conducteurs, réalise 43 millions d’euros de chiffre d’affaires (dont 10 à 12 % à l’export) : 24,6 millions d’euros dans le transport en bâchés, 17 millions d’euros en transport frigorifique et 1,4 million d’euro générés par la logistique. Le portefeuille se compose de 150 clients réguliers sachant que 25 d’entre eux représentent 50 % du chiffre d’affaires et que le plus gros client génère 7 %. « Nous avons enregistré une croissance assez forte au cours de ces cinq dernières années, de l’ordre de 5 à 7 % par an, et tablons sur 50 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici trois ou quatre ans. Cette année, notre marge de rentabilité est de 2 %. Il faut donc retrouver les 3 à 4 % », précise le dirigeant.
• Siège : Châteaubriant (44)
• CA 2018 : 43 M€
• Effectif : 340 salariés, dont 285 conducteurs
• Parc : 250 moteurs et 610 cartes grises
• Activités : bâché, transport frigorifique et logistique
Au sein des Transports Malgogne, le parc se compose de 250 moteurs. Une enveloppe de cinq millions d’euros est investie chaque année dans le renouvellement de la flotte. Laquelle intègre, depuis plus d’un an, trois véhicules qui roulent au gaz : deux tracteurs et un porteur. Mais l’autonomie de ce mode de transport fait que l’entreprise se limite au trafic régional. Alain Malgogne n’exclut pas en revanche de s’orienter vers l’électrique pour la logistique urbaine. « Si Nantes Métropole souhaite mettre en place une distribution urbaine (cf. Appel à projets FLUX, l’OT n° 2985), il faudra un hub en périphérie nantaise pour massifier et livrer ensuite en centre-ville », estime le transporteur.
F. F.