La société TG2S, spécialisée dans le transport de matériaux et de déchets en benne, a bien grandi depuis sa création en 2013. Elle se retrouve aujourd’hui à l’étroit sur ses 400 mètres carrés de terrain. Son gérant et fondateur, Stéphane Gomes, vient ainsi d’investir dans un terrain de deux hectares à Oriolles, à quelques kilomètres, afin d’y construire un bâtiment pour réparer les camions et une piste de lavage. Pour le moment, le certificat d’urbanisme a été refusé à l’entreprise, mais le terrain devrait être intégré dans le prochain plan local d’urbanisme intercommunal (PLUI), modifié en 2020. En attendant, les camions peuvent y être stationnés.
Stéphane Gomes a longtemps travaillé dans différentes entreprises de transport en tant que conducteur, sur de la longue distance et du local, avant de créer TG2S. Constatant que certains clients le suivaient au fil de ses expériences, il a décidé de se lancer à son propre compte dans le secteur du TP pour répondre aux besoins de sa clientèle. Le dirigeant a acheté une première benne TP (48 000 euros), bénéficiant d’une aide du département pour la création de son entreprise, et commence à transporter granulats, sable, calcaire… « En 2014, j’avais déjà trop de travail pour moi seul. Je redistribuais du transport mais, ne pouvant dépasser les 25 % autorisés, j’ai décidé d’embaucher une première salariée conductrice, qui venait tout juste de décrocher son permis super-lourd, et d’investir dans une seconde benne », raconte Stéphane Gomes. Mais la demande est exponentielle et, en 2016, pour absorber une surcharge de travail, Sandrine Gomes, l’épouse de Stéphane, passe son permis afin d’aider à la conduite de façon ponctuelle. Elle gère également l’administratif, tout en conservant à mi-temps un poste de secrétaire comptable dans une autre société de transport, STC (Transports Chaignaud). C’est d’ailleurs pour cette entreprise, qui connaît aussi une rapide expansion, que TG2S recrute un nouveau salarié en 2016. « L’un des clients de STC avait besoin d’un transport de conteneurs. À sa demande, nous avons travaillé pour le commissionnaire LMC, en employant un salarié sur des trajets longue distance », explique Sandrine Gomes. L’entreprise TG2S n’a ensuite cessé d’agrandir son équipe afin de louer à certains clients camions et chauffeurs. Aujourd’hui, deux conducteurs transportent des déchets en benne à fond mouvant ; deux autres sont destinés au carrier Garandeau, ce qui a déclenché l’achat d’une benne d’enrochement pour des blocs. « Très peu de transporteurs possèdent ce type de benne spéciale, en acier et renforcée. Pesant 44 tonnes, elle est plus petite que les autres. Avec ce matériel, nous sommes assurés d’avoir du travail. Sur cette activité, notre client principal reste le carrier GSM, avec lequel nous avons commencé à collaborer dès 2013 », indique Stéphane Gomes. En 2018, TG2S compte un nouveau client – le transporteur SDC TP – qui a également besoin de chauffeurs et de camions pour transporter du granulat, du mâchefer, du sable… Deux salariés viennent d’intégrer la société pour ce client. « Nos transports ont évolué en fonction des différents marchés obtenus par nos clients. L’entreprise de transport Tratel utilise également nos services, ainsi que le fabricant de matériaux de construction Fabrimaco Gaia », précise le dirigeant charentais.
Désormais, l’entreprise compte 11 salariés (dont un stagiaire embauché, et Sandrine Gomes). Le gérant a principalement recruté par relation, et rencontré l’une des dernières employées grâce à une annonce sur Facebook. La flotte est constituée de 11 tracteurs Scania, un Mercedes, et de 12 bennes : huit pour les TP, une céréalière pour le transport de déchets (propres ou pas), deux d’enrochement et une à gravas. La société s’est également équipée d’un plateau pour son client GSM, par ailleurs utilisé pour le chargement des « big bags » des magasins de matériaux. TG2S achète ses tracteurs d’occasion ou neufs, bénéficiant notamment d’aides de la Région Nouvelle-Aquitaine. « Au début, nous avions choisi d’utiliser le leasing. Heureusement, car l’un des tracteurs loués est tombé en panne au bout de deux mois. Ce système de leasing a permis d’éviter d’impacter la société, tout juste créée ! », se souvient Sandrine Gomes.
La société assure principalement des transports régionaux. Les demandes sont soutenues dans les TP : les carrières se situent en Charente, et les matériaux, comme le granulat, doivent être acheminés vers Bordeaux, où les constructions s’enchaînent. Dans le sens inverse, TG2S remonte du mâchefer, du charbon. À Bordeaux, les démolitions de chantiers nécessitent du transport vers les décharges. « Le recyclage et la revalorisation sont des secteurs dans lesquels nous voyons le plus d’évolution car aujourd’hui plusieurs entreprises recyclent le béton, souligne Stéphane Gomes. Les chauffeurs doivent être particulièrement consciencieux pour le chargement, le déchargement des matériaux afin de ne pas abîmer les bennes ni dégrader l’environnement immédiat. » Idem pour les boues de ciment ou de forage chargées sur les chantiers ou les centrales à béton. « Il faut être très vigilant car cette matière est liquide, collante, ajoute le transporteur. Cela exige de l’attention, de la précision et un lavage minutieux car la boue de ciment forme un bloc si elle n’est pas rincée correctement. De nombreux transporteurs refusent d’ailleurs ce type de chargement contraignant, alors que je considère cela comme de la diversification. Nous avons acheté du matériel mixte afin d’être réactifs aux demandes – comme une benne arrondie, qui s’est révélée adaptable au transport de la boue » Stéphane Gomes confesse avoir toujours craint de manquer d’activité. Si TG2S ne rechigne pas à charger diverses matières, certaines restent difficilement transportables, comme la boue de refroidissement – trop liquide – ou encore de gros blocs de béton nécessitant d’être chargés à la grue, ce qui s’est avéré trop chronophage. TG2S anime, en outre, une activité saisonnière de transport de marc de raisin. Le chiffre d’affaires de la société est en évolution constante. Sur l’exercice 2017-2018, il s’élevait à 400 000 euros, et a franchi le million d’euros en 2018-2019 : « Nous avons doublé la masse salariale, et les camions récemment ajoutés n’ont pas perturbé les activités déjà établies. Nous travaillons constamment », explique Stéphane Gomes. Les activités se répartissent ainsi : 20 % de traction à fond mouvant articulé (FMA), 60 % de benne TP et 20 % de spécifique – une part qui tend à augmenter.
TG2S travaille la plupart du temps sans contrat. Stéphane Gomes estime que le relationnel est très important. « Avec nos clients, nous avons su entretenir des relations en dehors du travail, et je pense que cela a fait notre succès. Nous sommes restés simples, et je suis sur le terrain pour comprendre la réalité des clients. En restant petits, on travaille intelligemment. Dans certains grands groupes, on peut être pris dans un engrenage, être dépassé et ne plus voir ses clients – alors qu’ils sont en attente de cela. » Le chef d’entreprise est prêt à s’adapter pour satisfaire sa clientèle, mais en garantissant de bonnes conditions de travail aux conducteurs. Ce « patron-collègue » ne fait pas de différences entre lui et les employés, et tient à redistribuer les gains : prime Macron de 1 000 euros versée à chacun, épargne salariale par le biais d’un PEI (plan d’épargne interentreprises), salaire revalorisé, primes diverses… « J’ai reproché des années durant à des patrons de ne pas être reconnaissants, donc je ne veux pas être comme eux. Nos salariés sont investis, solidaires. On n’a pas de turnover… », assure Stéphane Gomes, qui manque encore de camions et de chauffeurs pour satisfaire deux clients. TG2S projette d’ailleurs de reprendre une entreprise de transport située en Charente, avec quatre camions.
• Siège : Boisbreteau (16)
• CA 2018-2019 : 1 M€
• Moteurs : 11 tracteurs
• Effectifs : 11 conducteurs + 1 gérant
• Activités : fond mouvant articulé, bennes TP, spécifique (déchets)