La culture de l’indépendance

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Après plus d’un quart de siècle d’existence, les Transports Guichard continuent d’investir dans la diversification de leurs activités alors que leur fondateur a d’ores et déjà commencé à passer le flambeau.

La question de la succession ou de la transmission ne se pose pas pour les Transports Guichard. Créée par Éric Guichard sous la forme d’une entreprise individuelle en 1990 avant de devenir une SARL en l’an 2000, la société dont le siège social est installé à Meaux sera à terme dirigée par Sébastien Guichard, le fils du fondateur. Ce dernier, aujourd’hui gérant, s’est en outre entouré de sa fille Deborah qui pilote les ressources humaines. Père, fils et fille veillent ainsi au quotidien sur une entreprise qui compte 45 employés et réalise un chiffre d’affaires en progression constante sur les derniers exercices. Celui-ci est en effet passé de 3,7 M€ en 2016 à 4,2 M€ en 2017 puis à 4,5 M€ l’an passé. Pour 2019, le budget estimé avoisine les 5 M€. Le recrutement de trois conducteurs poids lourds et deux VL à la toute fin de l’été, pour exploiter un matériel inutilisé faute de personnel, doit permettre de répondre à la demande. Ce volume d’affaires est réparti entre plusieurs activités et deux sites. Depuis leur création, les Transports Guichard disposent d’implantations à Rungis (94) et à Meaux (77). Le site du Val-de-Marne, spécialisé dans le frigorifique, est placé sous la responsabilité de l’un des conducteurs et opère pour plusieurs grands noms, notamment un mareyeur, fidèle de la première heure. Il assure 45 % des revenus des Transports Guichard. Celui de Meaux intervient dans deux domaines, l’industriel (cartonnerie, emballages divers) et le BTP. Que ce soit à partir de Meaux ou de Rungis, les Transports Guichard ont défini une zone de chalandise qui, en intégrant l’Île-de-France, s’étend jusqu’à Beauvais au nord, Reims à l’est, Orléans au sud et Chartres à l’ouest. Au début de l’année 2019, l’entreprise s’est dotée d’un nouveau siège social qui a correspondu au démarrage d’une activité de stockage en intérieur, grâce à un entrepôt de 4 000 m2, ou à l’extérieur (5 000 m2). « Comme nous ne disposons pas de commerciaux, notre développement est fondé sur le bouche-à-oreille. Nous nous sommes lancés dans la logistique après avoir rencontré un client qui nous permet d’employer à l’heure actuelle trois préparateurs de commandes », explique Éric Guichard. Cette nouvelle dimension constitue l’un des leviers de croissance identifiés par Sébastien Guichard, le directeur de l’exploitation : « Nous recherchons un deuxième client pour exploiter pleinement notre savoir-faire en matière de stockage et de préparation de commandes. Mais nous souhaitons aussi augmenter notre chiffre d’affaires en affrètement, et envisageons d’embaucher une seconde personne dédiée. »

Une attention particulière aux prix

Bien qu’ayant enregistré une croissance de 22 % en deux ans, les revenus n’en sont pas moins soumis à un strict contrôle car père et fils sont sur une même longueur d’onde, qui s’attache à défendre la marge. Pour y parvenir, les dirigeants de l’entreprise seine-et-marnaise mènent une politique de maintien de leurs prix : « Tout le monde a besoin du transport mais personne ne veut payer. Au fil du temps, on ne peut que déplorer une dévalorisation de notre métier et des prestations qui y sont associées. À notre échelle, nous tentons de préserver notre valeur ajoutée. Aussi notre entreprise est-elle connue en région parisienne pour sa volonté de ne rien lâcher en matière de tarif. Nous sommes systématiquement sur la brèche. Nous pouvons cependant nous féliciter de notre intransigeance puisque nos arguments ont fini par être entendus de façon plus large », observe le directeur de l’exploitation.

Regardante quant aux conditions tarifaires, l’entreprise prête également une attention toute particulière à la considération apportée par la clientèle aux conducteurs. Sébastien Guichard est catégorique : « Nous privilégions les donneurs d’ordres qui respectent notre personnel roulant, quitte à restreindre notre portefeuille. » Lequel compte 160 entreprises. En échange, les Transports Guichard mettent un point d’honneur à ne « jamais faire faux bond à un client ». Même si elle est exigeante à l’égard de ses conducteurs, attendant de leur part sérieux, ponctualité et rigueur dans la prise en charge de la marchandise et le traitement du matériel, l’entreprise fondée il y a presque trente ans par Éric Guichard est à l’écoute de son personnel. « Notre parc moteur est majoritairement composé de Scania pour la simple raison qu’il s’agit d’une demande de nos conducteurs et parfois des candidats à la conduite. Nous avons choisi de la satisfaire même si le coût d’achat est parfois élevé. Cela permet en outre de les fidéliser », avoue Éric Guichard. Ce dernier est d’autant plus sensible au chapitre des ressources humaines que l’entreprise a été contrainte pendant une année de laisser un tracteur et trois porteurs à l’arrêt en raison d’un manque de personnel roulant. À l’instar de plusieurs confrères, les Transports Guichard n’ont pas hésité à ériger de grandes pancartes à l’extérieur de leur siège social. Dans leur cas, les résultats ont été probants. Si la SARL s’est retrouvée dans une telle situation, c’est aussi parce qu’elle a progressivement mis un terme à sa politique de formation interne consistant à proposer à certains de ses conducteurs VL de passer aux poids lourds.

Un parc en propre et en location

L’entreprise localisée à Meaux présente la caractéristique de mixer achat et location de poids lourds pour son parc qui, à l’exception d’un véhicule Euro IV dépendant de Rungis et servant comme véhicule de secours, est entièrement composé de modèles Euro V ou VI. « La location concerne plus spécifiquement notre site de Rungis, qui est d’ailleurs ouvert la nuit. S’appuyer sur la réactivité d’un loueur est un facteur important en cas de panne mais permet également de répondre pratiquement instantanément à une nouvelle demande, les délais de livraison de véhicules neufs étant actuellement très longs. À titre d’exemple, nous avons commandé au mois de mai dernier un porteur que nous ne réceptionnerons qu’en décembre prochain », explique Éric Guichard. Le transporteur qui, en la matière, fait confiance à Petit Forestier et à sa filiale Stricher, dispose aussi d’un parc d’une vingtaine de VUL de marque Iveco dont l’essentiel est là encore rattaché à l’activité frigorifique.

Small is beautiful

Si les axes de développement sont clairement identifiés, Éric Guichard a toutefois conscience que son entreprise a besoin de se structurer davantage : « Avec le recul et l’expérience, j’observe que les entreprises de notre taille sont de moins en moins nombreuses ou qu’elles sont de plus en plus souvent rachetées par de grands groupes. Mon fils, qui prendra le relais, et moi-même, souhaitons conserver notre indépendance. Celle-ci passe certainement à moyen terme par l’emploi d’administratifs pour nous seconder », conclut-il.

Première au gaz

Le GNV effectue son entrée chez les Transports Guichard. Un tout premier véhicule a rejoint la flotte au mois de septembre 2019. Il est donc encore trop tôt pour formuler un premier retour d’expérience.

« À la demande d’un important client de notre site de Rungis, nous venons de louer un premier porteur Iveco Stralis auprès de notre fournisseur habituel. Nous pensons que notre flotte est appelée à accueillir davantage de véhicules roulant au GNV », indique Éric Guichard. Son fils souligne, malgré tout, qu’il s’agit là d’un test dont les résultats seront étudiés avec attention.

A. D.

Repères

• Siège : Meaux (77)

• CA 2018 : 4,5 M€

• Effectif : 45 dont 38 conducteurs

• Parc : 63 dont 43 moteurs

• Activités : Industriel, BTP, frigorifique, stockage

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