Le nom Girard Agediss s’affiche encore sur les murs du siège historique, aux Essarts (85), et sur les véhicules. Mais, plus pour très longtemps. Signe qu’une nouvelle page se tourne chez le transporteur vendéen spécialisé dans la livraison de meubles et de colis volumineux et pondéreux (plus de 30 kg) pour les e-commerçants. La SAS, qui est entrée dans le giron d’Hermès France Holding (groupe allemand Otto) en 2016, après être passée sous les fourches caudines du groupe Caravelle, dévoile une nouvelle feuille de route avec, aux commandes, Nicolas Tellier, son président âgé de 56 ans. Agediss est devenue la marque commerciale.
Fondée en 1960, « Girard Agediss était une très belle PME locale, avec une cinquantaine de clients, parmi de belles marques, du service quasi personnalisé… Mais il n’y avait pas de process. Quand le groupe Otto a racheté l’entreprise, les flux ont été multipliés quasiment par deux. Lors du premier Black Friday, en novembre 2017, il y a eu un tel apport de volumes (+ 250 %) que la machine a coincé ! Agediss n’a alors pas été en capacité de passer les flux et de livrer les clients dans un délai raisonnable. Et la qualité en a pâti », se souvient Nicolas Tellier. À son arrivée, en février 2018, la société connaît des difficultés. « II était hors de question de se lancer dans une restructuration classique. J’ai proposé un plan de transformation sur trois ans avec l’ambition de faire le pari du redressement par la croissance. L’actionnaire m’a suivi », raconte le dirigeant. Ce plan s’appuie sur une enveloppe de 7 millions d’euros, dont 4 millions pour l’informatique.
« Dès le début, j’ai investi dans des ressources humaines, avec le recrutement d’une centaine de personnes, dont plusieurs postes d’encadrement intermédiaire, et sept commerciaux. Refonte de l’organigramme, réorganisation des différents services (commerce, finance, RH,…) avec des missions, des responsabilités et objectifs clairs… Nous avons également mis en place des outils pour que les salariés communiquent et travaillent ensemble (réunions, annuaire, newsletters…) », poursuit Nicolas Tellier, à la tête d’un effectif de 600 salariés (dont 130 conducteurs).
Autre choix stratégique : l’investissement en capacité dans les nouvelles plateformes pour « absorber » de la croissance. Des agences sont ouvertes à Paris, Lyon, Marseille alors que d’autres poussent les murs à Tours et Bordeaux. « Nous avons réduit le nombre d’agences dans le but de massifier des flux et nous avons augmenté le nombre d’agences en propre afin de mieux maîtriser notre réseau. » Lequel est passé de 51 agences (14 en propre et 37 en sous-traitance) à 39 (19 en propre et 20 en sous-traitance) depuis début 2018.
Par ailleurs, un département Satisfaction client et innovation a vu le jour l’année dernière pour anticiper les besoins. « Nous évoluons sur un marché très porteur (+ 13 % en 2018). Encore faut-il savoir s’adapter à chaque nouvelle demande et exigences (livraisons dans des créneaux de deux heures, plus de services attachés à la livraison, etc.). Nous prévoyons de sortir trois innovations par an. Par exemple, en septembre, nous lançons “Message for you”. » Principe de ce dispositif ? Le client final aura la possibilité d’enregistrer une vidéo attachée à la commande. Laquelle pourra être envoyée au destinataire à qui l’on offre, par exemple, un cadeau. L’outil pourra être utilisé par le donneur d’ordres pour passer un message à ses clients.
L’entreprise investit aussi dans la digitalisation. « Après dix-huit mois de travail, nous aurons un TMS (Transport Management System) avec la mise en place d’outils périphériques. Nous avons déjà installé un BI (solution de Business Intelligence) à destination des donneurs d’ordres pour une meilleure visibilité des livraisons », souligne Nicolas Tellier. Un outil de gestion de la livraison au dernier kilomètre sur smartphone (application Bringg), destiné au client final, avec suivi en temps réel du chauffeur livreur ainsi qu’un logiciel d’optimisation de tournées sont par ailleurs en cours de déploiement. La prise de rendez-vous en ligne pour les internautes sera, quant à elle, en place en fin d’année, selon le transporteur vendéen. Un responsable de la digitalisation doit également arriver en septembre, preuve qu’il s’agit d’« un axe prioritaire ».
Last but not least, la société mettra en place, dès la rentrée, des formations spécifiques destinées à tous ses collaborateurs en investissant dans sa propre école interne baptisée « Agediss Academy ». Misant sur de la formation continue « en permanence », un school truck va également sillonner le territoire en passant d’agence en agence pour former les collaborateurs ou actualiser les process sur les techniques de montage, d’assemblage, etc. « À ma connaissance, c’est une première dans la profession ! », précise Nicolas Tellier. Dès la rentrée, la flotte, qui se compose de 360 véhicules, intégrera également deux camions électriques (de marque Renault). Et, à partir d’octobre, la prestation gants blancs sera proposée par l’entreprise. Les capacités de flux et de stockage seront, quant à elles, augmentées grâce à un hub de 40 000 m2 situé à Mer (41) qui doit sortir de terre en mai 2020. Montant de l’investissement : « Plus de 10 millions d’euros sur neuf ans. » Des projets d’agrandissement sont également prévus pour les agences de Niort et Dijon et des implantations sont programmées à Limoges et dans le sud-est de la France. « Nous relançons à partir de septembre un service “à emporter”, en complément de Mondial Relay, pour les colis volumineux. Nous disposons d’une quarantaine de points emportés Agediss. L’objectif est d’en compter 160 d’ici à la fin de l’année », poursuit Nicolas Tellier. En matière de recrutement, la société table sur l’embauche de trois commerciaux ainsi que quatre informaticiens et jusqu’à cinq chargés de clientèle dans les mois à venir.
« Nous avons gagné 35 clients (soit près de 450 en tout) sur les six derniers mois et nous avons restauré la qualité », assure Nicolas Tellier, tout en se référant à l’indicateur Net Promoter Score qui mesure la satisfaction et la fidélité client. Avant d’ajouter : « Nous nous trouvons à mi-chemin du plan de transformation et il reste beaucoup à faire. Cette année, nous allons diviser par deux la perte et atteindre a priori l’équilibre l’année prochaine. Je suis convaincu que nous allons gagner le pari de la transformation. Je veux qu’Agediss soit une référence en termes de notoriété », ambitionne Nicolas Tellier, qui prévoit de dépasser la barre des 100 millions de chiffre d’affaires en 2020.
• Siège : Essarts-en-Bocage (85)
• CA 2018 : 80 M€
• Effectif : 600 salariés, dont 130 conducteurs
• Parc : 360 véhicules
• Activités : transport et logistique sur le marché du e-commerce (meubles et colis volumineux)
Pour marquer la transformation mise en route, la société Girard Agediss est devenue Agediss depuis le 1er avril dernier. Elle a adopté une identité visuelle « moderne et renouvelée » mais « sans raser le passé ».
Le nouveau logo, qui va se déployer dès septembre, est censé évoquer le mouvement et la précision. « Il illustre le fait que nous allons vers l’avant, vers davantage de croissance », indique le président d’Agediss, Nicolas Tellier. À l’appui de la signature « Vous rendre service » qui l’accompagne, l’entreprise entend s’affirmer comme « une marque relationnelle, dont l’objectif premier est la satisfaction des clients : leur rendre service, leur apporter des solutions innovantes voire devancer leurs attentes ».
À noter, par ailleurs, qu’un plan média sera mis en place, de septembre à novembre, sur le réseau professionnel LinkedIn ainsi que dans la presse spécialisée logistique et e-commerce.
Un petit personnage va également voir le jour pour illustrer la communication d’Agediss…
F. F.