Figurer dans le top 1 % des entreprises mondiales évaluées par EcoVadis et Sustainalytics pour leur performance ESG (environnement, social et gouvernance), tel est le Graal que veulent atteindre, à l’instar de DKV Mobility, les opérateurs de cartes accréditives comme AS 24, UTA Edenred ou E.Leclerc carburant. Après avoir réduit son empreinte carbone de 50,4 %, en 2023, DKV Mobility cherche ainsi décarboner les flottes de ses clients de 30 % d’ici 2030 par rapport à 2019, l’année de référence. Et de faire feu de tout bois en prenant en charge, outre les carburants conventionnels, une gamme sans cesse plus large de carburants alternatifs : GNL, GNC, biogaz, hydrogène et même HVO, (hydrotreated vegetable oil ou en français « huile végétale hydrotraitée »), un biocarburant hydrogéné paraffinique de synthèse déjà disponible dans certains pays européens (voir encadré) qui réduit, du puits à la roue, jusqu’à 90 % les émissions de CO2. Sans oublier bien sûr la recharge électrique.
Autre tendance forte sur le marché des cartes accréditives, la majorité des opérateurs de cartes sécurisent les enlèvements de carburant en intégrant dans leur appli un système qui verrouille l’usage de la carte lorsque le conducteur est sur la route. Lorsque ce dernier a besoin de faire le plein, il lui suffit de déverrouiller le système sur l’appli, le temps de remplir son réservoir. De quoi limiter drastiquement les enlèvements frauduleux.
Reste que la force première qu’un opérateur de carte accréditive réside dans la densité de son réseau. À cet égard, DKV Mobility s’appuie sur un maillage de 68 000 stations-service en Europe. En France, il en compte 5 000 dont plus de 2 500 sont sous enseignes low cost comme Carrefour, Cora, E.Leclerc, Esso Express, Intermarché, Magasins U, etc. Pour accompagner ses clients dans leur transition énergétique, l’opérateur basé à Ratingen (Allemagne) propose la DKV Card +Charge qui combine avitaillement en carburant et recharge électrique. En Europe, cette carte accréditive recouvre 823 000 points de charge utilisables principalement par les véhicules légers. Ce réseau rassemble en France plus de 133 000 points. « Nos utilisateurs ont accès à 100 % des réseaux publics et semi-publics ainsi qu’au réseau Tesla », souligne Anne-Sophie Joussemet, Sales Representatives Team West Manager chez DKV Mobility. Depuis avril dernier, la DKV Card +Charge propose un tarif unique afin de simplifier la gestion des coûts pour les conducteurs et les gestionnaires de flotte. Dans la foulée, DKV Mobility élargit son offre de carburants alternatifs. À commencer par le HVO disponible dans 1 800 stations-service européennes. « Tous les véhicules diesel peuvent être ravitaillés en HVO, avec l’approbation du fabricant, permettant une transition énergétique simple et économique », insiste Anne-Sophie Joussemet. En France, l’arrêté du 26 juin 2024 autorise la distribution du HVO, aussi appelé « Gazole XTL ». Ce qui ouvre la voie à la circulation dans les zones à faible émission. Pour développer son mix énergétique en France, DKV Mobility a ouvert trois nouvelles stations GNC (gaz naturel comprimé) à Châtillon-sur-Thouet (79), Saint-Symphorien (33) et Thouars (79). Lesquelles acceptent désormais la DKV Card dans le cadre d’un nouveau partenariat avec Seolis et sont visibles sur la solution DKV Maps disponible sur l’application DKV Mobility qui aide à planifier les trajets en France et en Europe.
Conforme à la philosophie des stations-service low cost, E.Leclerc profite du ralentissement économique pour attirer de nouveaux transporteurs. En 2024, l’enseigne dispose de 728 stations-service dont 23 sont situées sur autoroute. Grâce à un accord de coacceptation signé avec Shell et BP, sa carte accréditive fonctionne dans 1 100 stations. Ce qui porte à 500 le nombre de stations-service en propre adaptées aux PL et 600 en incluant ses partenaires. Par ailleurs, E.Leclerc propose aux transporteurs une solution complète de carburants avec des enlèvements en station-service à travers sa carte ou directement en vrac en dépôt pétrolier. « Notre maillage fait qu’un transporteur peut trouver sur notre appli une station à moins de 50 km partout en France ouverte 24 h/24 dans 99 % des cas », fait valoir Thierry Forien, directeur adjoint de la Société d’importation E.Leclerc (Siplec). L’entreprise affiche une belle progression dans le secteur du TRM. En 2021, les professionnels du transport représentaient moins de 15 % de sa clientèle contre 20 % en 2023. En plus de trouver du gazole et de l’AdBlue dans les stations-service, ses clients pourront acheter dans les hypermarchés E.Leclerc du lubrifiant, lave-glace et autres produits de mobilité. Et ce, dès le deuxième semestre 2025. Parallèlement, E.Leclerc travaille sur une offre d’abonnement mobilité pour la recharge électrique. Pour l’heure, cela ne concerne que les véhicules électriques légers. Actuellement, l’enseigne dispose d’environ 4 000 points de charge en France. Demain, ils seront alimentés grâce à la surproduction d’électricité verte délivrée par les ombrières photovoltaïques que l’enseigne a pour obligation d’installer sur ses parkings.
Comme ses concurrents, UTA Edenred étend chaque année sa toile tant en France qu’à l’étranger. Plus précisément en Europe, où la filiale du groupe Edenred (plateforme digitale de services et de paiement) a signé notamment avec Circle K qui opère 430 stations dont 370 en République d’Irlande et 60 en Irlande du Nord. « Par ailleurs, nous avons étendu notre réseau en Espagne avec 80 stations Q8 », rapporte Christian Wittmer, directeur d’UTA France. En 2024, l’entité française compte dans son réseau national 4 700 stations (contre 4 100 en 2022). « 2 700 d’entre elles sont à prix bas », souligne le directeur France qui a notamment signé un contrat-cadre avec l’enseigne Intermarché. Laquelle représente quelque 1 620 stations-service dont plus de 1 000 sont équipées de pistes poids lourd et de pompes à haut débit. Plus de la moitié des magasins de l’enseigne ont déjà signé un contrat avec UTA France. Lequel ne se limite pas à proposer du gazole ou de l’AdBlue à ses clients. Ils peuvent aussi acheter du gaz, du biodiesel ou avitailler leurs véhicules électriques sur des bornes de recharge. À cet égard, Edenred a acquis cette année la société Spirii qui exploite une plateforme de gestion de points de charge pour véhicules électriques. Présent dans 18 pays, cet opérateur regroupe plus de 250 plateformes partenaires incluant des fournisseurs et des installateurs d’infrastructures. Par ailleurs, Edenred a signé avec l’opérateur de bornes de recharge Milence. Cette joint-venture, cocréée par Daimler Truck, Traton et Volvo, a pour objectif de mettre à disposition des transporteurs 1 700 points de recharge PL en Europe d’ici 2027. En France, une première station de recharge s’est ouverte à Heudebouville, au sud de Rouen dans une zone logistique. Elle dispose de quatre chargeurs CCS (Combined Charging System) de 400 kW. À la fin de l’année, elle devrait en compter six au total, avec l’arrivée de deux nouveaux chargeurs de type MCS (Megawatt Charging System).
De son côté, AS24 n’est pas en reste dans son souci d’accompagner ses clients vers la décarbonation de leur flotte. En plus des transactions sur le gazole, la filiale de TotalEnergies propose un large éventail de carburants alternatifs : du GNL au GNC, du bioGNC à l’hydrogène en passant par la recharge électrique à venir. Depuis septembre 2024, AS 24 propose du HVO 100 dans deux premières stations en France, au Plessis-Pâté (91) et à Reims (51), avec l’ambition d’opérer quinze stations offrant du HVO en 2025. Ces stations accueilleront également des bornes électriques pour poids lourds qui seront mises en service fin 2024. En Europe, de nombreux pays ont sauté le pas. « Notre carte AS 24 permet de retirer du HV0 100 dans 74 stations-service en Europe dont 36 en Italie, 20 en Grande-Bretagne, 9 en Suède », rapporte Cédric Amiot, responsable communication et RSE d’AS24. L’opérateur de carte accréditive compte en Europe plus de 1 600 stations-service accessibles à travers la carte AS24 dont 270 implantées en France. « Nous avons développé un réseau de 40 stations en bioGNC relié à GRDF », indique Cédric Amiot, qui constate une hausse de la demande en bioGNC et du GNL de l’ordre de 20 % par rapport à 2023, dans un contexte où le gazole enregistre une baisse de la consommation du fait de la conjoncture économique. En matière d’hydrogène, les utilisateurs de la carte AS 24 pourront accéder au réseau de stations dédiées opéré par Teal Mobility, une coentreprise créée par TotalEnergies et Air Liquide. Ce nouvel acteur envisage de déployer 100 stations d’ici dix ans en France, en Allemagne, en Belgique, au Benelux et aux Pays-Bas.