« Il se crée toujours 1,3 entreprise pour une disparition »

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Le nombre de créations d’entreprises depuis 2022 a fortement baissé depuis début 2022 mais reste supérieur à celui des disparitions. Néanmoins, l’inquiétude monte quant à la baisse de la consommation. Le point avec Franck Paquotte, chargé d’études économiques chez Ellisphere, société spécialiste de l’information sur les entreprises.
Depuis le début de l’année, l’activité semble en baisse dans le transport. Comment percevez-vous cette tendance ?

Cette tendance s’inscrit plus globalement dans une croissance faible du PIB français. Pour l’heure, l’Insee et la Banque de France prévoient un gain de 0,9 % pour 2023. Si la France échappe à la récession, certains de ses grands partenaires à l’export tels que l’Allemagne et l’Italie souffrent. L’inflation rogne également la consommation des ménages. Tous ces facteurs réunis impactent bien évidemment le commerce intérieur et les échanges extérieurs.

Comment cela se traduit-il en chiffres de créations et de disparitions d’entreprises ?

Le nombre annuel de créations dans le secteur du transport terrestre, toutes activités confondues, a amorcé un fort retrait en 2022 (– 39 %). Cette baisse se poursuit sur les 6 premiers mois de 2023. Il se crée toujours néanmoins 1,3 entreprise pour une disparition. Ces dernières sont majoritairement des cessations volontaires ; seules 3 % sont le fait d’une liquidation judiciaire. Les mouvements dans les « Activités de poste et de courrier » sont les plus nombreux (71 % des créations et disparitions), très loin devant les « Transports routiers de fret interurbains ou de proximité » (moins de 10 % des créations et disparitions). Les nouveaux entrants et les sortants restent essentiellement des entrepreneurs individuels, à plus de 83 %.

Notez-vous une hausse des défaillances ?

Oui, mais moindre qu’en 2022 où l’on notait un effet de rattrapage post-covid auprès des greffes. Sur douze mois glissants à fin août 2023, l’ensemble du transport et de la logistique représente 4 % des procédures de redressement ou de liquidation judiciaire ouvertes en métropole ; soit près de 2 000 dépôts de bilan, en progression de 33 %. Les transports terrestres en représentent 92,4 %, en hausse de 31,4 % menaçant quelque 10 600 postes salariés. Dans cet ensemble, le « transport routier de fret de proximité » pèse pour près de 38 % des défaillances, en augmentation de 36 % sur un an, suivi du « routier de fret interurbain » qui cumule plus d’un quart des procédures (26 %), en hausse de 43 %.

Décelez-vous des disparités selon les Régions ?

Les disparités par région restent importantes. Si l’Île-de-France paie le plus lourd tribut avec 40,4 % des défaillances métropolitaines ; la progression y est limitée (+ 21 %). Au second rang, la région Auvergne-Rhône-Alpes enregistre quant à elle une hausse de 59 % des défaillances. D’autres évolutions supérieures à 60 % sont relevées en Occitanie, Nouvelle-Aquitaine et Bourgogne-Franche-Comté. Selon leurs profils économiques, ces régions sont handicapées par les difficultés tantôt dans l’Industrie, l’Agriculture ou l’Agroalimentaire.

L’inflation, bien que moins forte qu’en 2022, se poursuit. Sur quels postes de coûts, l’inflation a-t-elle eu des répercussions notables ?

Une inflation, certes moins forte qu’en 2022, mais toujours attendue autour de 5 %, qui freine la consommation des ménages, en particulier dans les produits de première nécessité comme l’alimentaire ou l’habillement ainsi que les biens d’équipements du foyer. Cette baisse de consommation impacte donc l’ensemble des transports et en particulier le routier de marchandises. Dans les mois qui viennent, des inquiétudes montent également sur certains pans d’activité utilisant les transports comme la construction dont les carnets de commandes s’assèchent progressivement.

Percevez-vous si les entreprises du transport sont parvenues à répercuter les hausses de prix sur leurs clients ?

Face, par exemple, à l’explosion du prix des carburants, la répercussion sur les clients a été partielle et inégale, selon la santé financière de l’entreprise, son positionnement face aux différents donneurs d’ordre et la crainte de perdre des marchés. Certains ont opté pour le réajustement mensuel à la hausse ou la baisse, du prix facturé aux clients selon l’évolution du cours du pétrole. Précisons que, plus que jamais, le carburant est devenu la plus grande dépense après les salaires des chauffeurs (réévalués en 2022, de 5 % au 1er février puis de 1 % au 1er mai), représentant environ 15 à 25 % du coût total des opérations.

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