Quelle trajectoire devra suivre le TRM en matière de décarbonation ? À la date où nous bouclons ce numéro, le gouvernement tarde à recevoir la feuille de route établie par la task force sur la base de la trajectoire SNBC (Stratégie nationale bas carbone). Rapprochant les conclusions des différents acteurs (constructeurs, énergéticiens, transporteurs et État), le document émet peut-être des réserves au sujet de la direction prévue par le gouvernement et l’Union européenne quant au calendrier particulièrement serré mais aussi concernant le choix énergétique, davantage porté sur l’électrique. Du côté du secteur, les acteurs répètent que les objectifs fixés ne sont pas atteignables.
Au niveau des ZFE, deux reports d’étape ont d’ailleurs déjà eu lieu. À Paris d’abord, après avoir été repoussée une première fois de juillet 2022 à juillet 2023, l’interdiction des Crit’Air 3 devrait être reportée à fin 2024, voire début 2025 – une décision qui doit encore être validée au cours d’un conseil métropolitain au mois de juin. À Lyon, les Crit’Air 2 seront interdits à partir de 2028 au lieu de 2026.
Face aux coûts que représente la transition énergétique pour les transporteurs, ces reports peuvent apparaître comme des bols d’air. En effet, l’étude annuelle du Comité national routier (CNR) sur les coûts d’exploitation en longue distance démontre à quel point l’année 2022 a été marquée par une inflation inédite des coûts, tant par sa généralisation que par son ampleur. La société financière Ellisphere répertorie de son côté une hausse des défaillances au premier trimestre 2023. Ces pas en arrière du gouvernement – même s’ils ne sont que temporaires – et ces hésitations sur la trajectoire à adopter seront peut-être ce qui permettra aux transporteurs de pouvoir avancer…