La France a précommandé de quoi vacciner 100 millions de personnes, a indiqué Jean Castex à l’antenne de RMC le 2 décembre. Depuis plusieurs semaines et les premières annonces des laboratoires pharmaceutiques sur la prochaine disponibilité de leurs vaccins, tout ce que la filière française du froid compte d’acteurs s’est calé dans les starting-blocks. L’enjeu est crucial, sur le plan sanitaire, mais également économique et financier. Comme l’on pouvait s’y attendre, on assiste à une sorte de remake du H1N1, en 2009, lorsque s’est posée la question de la fiabilité et de la supposée dangerosité du vaccin mis sur le marché sous l’impulsion de Roselyne Bachelot, la ministre de la Santé de l’époque. Plus de la moitié de la population s’était refusée à la vaccination. Reste que le H1N1 n’a jamais, au bout du compte, franchi les frontières hexagonales, mettant un terme à une atmosphère pratiquement aussi anxiogène qu’aujourd’hui. Le Sars-CoV-2 s’est, lui, bien invité dans le pays, bouleversant la donne. Diverses études se projettent sur une population cible de 65 millions de personnes. L’association France Supply Chain se base sur ce scénario. Elle a fait ses petits calculs : à raison d’une administration en deux temps, il faudra compter au total 78 millions d’injections, soit, sur trois mois, 866 000 injections par jour. La logistique des vaccins se devra d’être irréprochable, avec l’impérieuse exigence de respecter une conservation qui oscillera entre – 20 °C et – 80 °C selon les vaccins. Pour nombre de transporteurs du froid, il sera nécessaire d’investir dans des box réfrigérés susceptibles de respecter les standards de cette inédite chaîne du froid. C’est la Commission européenne qui a la main, au nom des États membres, pour la négociation avec les firmes pharmaceutiques. La valeur des entrepôts, des conteneurs et des box de toutes sortes s’annonce colossale. Les réseaux mafieux seraient déjà sur le pied de guerre, selon Interpol. « Les réseaux de crimes organisés vont tenter d’infiltrer et perturber les chaînes d’approvisionnement des vaccins contre le Covid-19 », prévient l’organisation internationale de police criminelle dans une note, le 2 décembre, aux services de sécurité de 194 pays. Interpol n’hésite pas à affirmer que la pandémie a mis au jour « un comportement criminel opportuniste et prédateur sans précédent ». Y aura-t-il une escorte de sécurité par camion ?
Éditorial