« La rentrée, meilleure que l’année dernière, s’est jouée en dernière minute »

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Si la reprise a été lente après le confinement, l’activité est repartie de plus belle à la rentrée pour l’organisme de formation Promotrans qui prévoit désormais de donner un coup d’accélérateur à la digitalisation des formations. Jean-Louis Duhamel, président du groupe Promotrans, et Peter Guillon, directeur délégué général du groupe et président de la SAS Promotrans, reviennent sur la stratégie de l’organisme.
L’Officiel des transporteurs : Après la fermeture des centres pendant le confinement puis la mise en place du proto cole sanitaire, comment se porte l’activité de Promotrans ?

Peter Guillon : Après la fermeture de nos centres du 15 mars à fin mai en conséquence des mesures relatives à la crise sanitaire, la reprise de notre activité en formation continue a été progressive courant juin, avec la mise en place du protocole sanitaire et une réduction sensible de la capacité de nos centres. Puis nous avons appris de la situation et amélioré les conditions d’accueil des apprenants. Aujourd’hui, l’activité s’avère plutôt forte, très orientée sur le réglementaire, notamment avec le rattrapage des formations continues obligatoires (FCO), CACES ou Fimo. En revanche, en demi-teinte, les titres pro reprennent encore progressivement. Nous pensions qu’ils repartiraient plus rapidement courant septembre car des entreprises pensaient retrouver une activité plus forte à partir de cette période. Mais on sent qu’elles sont encore très perturbées par l’actualité et se concentrent sur d’autres tâches que la formation de leur personnel.

Jean-Louis Duhamel : En formation initiale, la rentrée s’est avérée meilleure que l’année dernière mais elle s’est déroulée de manière très désorganisée. Habituellement, à fin juin, tous nos plannings sont prêts. Cette année, tout s’est joué en dernière minute et des signatures de dossiers sont encore en cours, ce qui a été une surprise puisqu’en juin nous étions un peu déroutés par le flux très réduit de dossiers qui nous parvenaient. Nous continuons à effectuer quelques inscriptions.

Estimez-vous que l’aide aux entreprises de 5 000 ou 8 000 euros pour l’embauche d’un apprenti a été décisive pour cette remontée du nombre de dossiers ?

P. G. : L’aide, d’abord limitée aux formations de bac + 3 maximum puis étendue à bac + 5, a effectivement aidé à relancer la machine, tout comme le délai de six mois accordé aux jeunes afin de trouver les entreprises pour effectuer leur alternance. Chez Promotrans aujourd’hui, 10 % d’apprentis restent sans entreprise. Nous avons sélectionné les jeunes avec attention, comme nous le faisons habituellement. Les entreprises ont au plus tard jusqu’à fin février pour se faire connaître. Il a été très difficile d’obtenir des rendez-vous avec elles. Nous avons dû nous glisser dans leur planning très tendu. Mais le résultat est là puisque nous enregistrons un nombre de dossiers plus élevé que l’année dernière.

J.-L. D. : Les entreprises sont effectivement encore très perturbées. Par exemple, dans ma société de déménagement, il y a des jours où je dois placer des salariés en activité partielle parce que l’activité n’est pas assez soutenue. Et, là aussi, avec les clients, les commandes sont passées à la dernière minute. Les entreprises doivent gérer beaucoup de choses, ne serait-ce que l’application du protocole Covid. Elles se penchent sur les formations continues parce qu’elles sont obligées de les rattraper mais, pour le reste, on n’a pas trop le temps.

La formation à distance s’est avérée incontournable pendant la période de confinement. Quelle est la stratégie de Promotrans quant à son utilisation et son développement ?

P. G. : La tendance est à la digitalisation. Avant le confinement, nous proposions 380 modules adaptés au distanciel et nous planifiions de les augmenter. Avec le confinement, nous sommes allés plus vite que prévu, particulièrement dans le domaine de la formation initiale puisqu’à partir de mars nous avons refondu tous nos référentiels afin de pouvoir les dispenser à distance. Nous avons par exemple une version révisée du titre MOLI (management des opérations de logistique internationale) qui est opérée quasi entièrement en distanciel. Nous allons maintenant accélérer le mouvement. La prudence et la sécurité de fonctionnement nous obligent à numériser plus que jamais. Aujourd’hui, personne ne sait si on va pouvoir faire en permanence du présentiel. Et, pour y parvenir, nous avons renforcé notre équipe en digital. La numérisation sera étendue à d’autres formations, y compris à des formations continues. Transformer les modules en distanciel implique de revoir nos infrastructures et l’architecture de nos réseaux car il faut les tuyaux adaptés pour accueillir tout ce monde qui intervient par vidéo à distance.

J.-L. D. : Le confinement a finalement boosté un projet qui était en cours. Le service pédagogique a dû tout repenser très rapidement. De nouveaux systèmes étaient déjà en place et les managers de direction ont fait le maximum pour qu’ils s’appliquent dans tous les centres le plus rapidement possible. La numérisation sera de plus en plus utilisée dans les formations demain. Ainsi, comme beaucoup d’entreprises, nous avons dû nous mettre au goût du jour. En formation continue, nous notons une demande de plus en plus importante des entreprises pour les formules en blending : la partie théorique est dispensée à distance et la partie pratique a lieu en présentiel, tout en respectant les différents cahiers d’obligation en matière de formation continue.

Par rapport aux mesures sanitaires, comment vous êtes-vous adaptés pour la partie pratique dans les camions ?

J.-L. D. : Nous avons limité le nombre d’apprenants dans les véhicules. Ce qui est fondamental, c’est de ne pas se retrouver en espace clos. On demande aux conducteurs de circuler avec les fenêtres suffisamment ouvertes pour avoir un renouvellement d’air permanent. Promotrans s’est dotée d’une équipe de six personnes au sein d’un comité Covid qui s’occupe des sujets et des risques potentiels. À date, nous n’avons pas fermé de centres et nous n’avons pas eu d’incidents notables.

Malgré les conditions actuelles, prévoyez-vous des investissements dans les prochains mois ?

J.-L. D. : Il a fallu rediriger les investissements pour faire face à la crise Covid mais nous ne les avons pas abandonnés car il n’est pas question de réduire à terme nos capacités de croissance. C’est particulièrement le cas dans le domaine de la recherche : 10 à 15 % des formations qu’il faudra professer dans les années à venir n’existent pas encore. Nous devons suivre les nouveaux besoins. Nous travaillons avec un cabinet externe qui examine les possibilités des métiers du futur, surtout en logistique, et nous regardons les formations qui pourraient y correspondre ou devraient être adaptées.

P. G. : Notre stratégie en 2019 a été de nous rapprocher toujours plus de nos clients, à la fois pour consolider notre réseau et renforcer notre maillage sur le territoire et pour avoir une meilleure écoute du besoin de faire la formation et détecter ce qui est attendu et les évolutions. Notre activité est aujourd’hui stable. Nous nous sommes centrés sur l’événement qu’on a vécu. On a été obligés de prendre un prêt garanti par l’État. Aujourd’hui, nous restons avec une capacité solide d’investissement et nos projets ont seulement pris un peu de retard.

L’équipe dirigeante de Promotrans, renouvelée l’année dernière, vient de s’agrandir avec l’arrivée de Pierre de Surône qui était auparavant à l’Aftral…

P. G. : Pierre de Surône nous a rejoints le 1er octobre au poste de directeur exécutif. Son arrivée s’inscrit dans un ensemble puisque de nombreux départs à la retraite ont eu lieu au sein de Promotrans. Nous sommes ravis de la situation. Auparavant, nous avions déjà eu avec Pierre des échanges sur les problèmes du métier, sur la création de synergie dans la profession, sur ce qui pouvait être amélioré en matière de formation. Le hasard a ensuite fait que Pierre nous a rejoints.

J.-L. D. : L’idée était de reconstituer une équipe de qualité, composée de professionnels passionnés. Je suis serein sur l’avenir puisque cette transition est assurée et nous montons en compétences. Nous avons beaucoup parlé avec Pierre et nous sommes sûrs que la dynamique de Promotrans, son esprit, son enthousiasme perdureront. C’est le vœu de tous, y compris des organisations syndicales et patronales qui se trouvent au conseil d’administration, que le deuxième organisme de formation de la branche agisse en mode associatif. Il n’y a pas de climat délétère entre nous et notre confrère, l’Aftral. Nous continuerons à être des confrères qui travaillent pour la branche, au service des entreprises.

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