On dit souvent « small is beautiful ». On dit également qu’elles sont le poumon de l’économie française (9 % du PIB), sa force de frappe sur le front de l’emploi (20 % de la masse salariale). En France, à elles seules, elles pèsent d’après l’Insee 95 % du total des entreprises (avec les PME) et on leur doit un volume d’affaires global de 477 milliards d’euros. Les TPE – moins de 10 salariés et de 2 M€ de chiffre d’affaires – demeurent les plus exposées aux soubresauts de l’économie, les plus fragiles lorsque surviennent des crises majeures comme celle des subprimes en 2008 ou, aujourd’hui, celle associée au Covid-19. Exposées car des trésoreries soumises aux « inévitables » retards de paiement de leurs clients (les délais de règlement battent des records en ce moment, loin des trente jours légalement admis dans le TRM), exposées encore car en déficit de muscles au niveau des fonds propres, et puis fragiles car bien souvent dans l’incapacité de s’opposer aux réflexes des chargeurs à augmenter leurs prix. Dans le TRM, les « petites » tentent de survivre à cette crise économique XXL qui les voit subir, par ailleurs, les négligences ou les écarts de leurs clients pendant les phases de chargement-déchargement, les annulations de dernière minute ou l’accueil désastreux de leurs conducteurs dans les entrepôts ou sur les quais. Le petit patron – bien souvent encore au volant – n’ignore rien de cette réalité peu reluisante. Mais son irréductible résilience le porte, lui interdit toute forme de renoncement comme nous l’ont confié tous ces dirigeants de TPE que nous avons interrogés (voir pages Événement). D’aucuns parlent aussi de ce relationnel qui tend à disparaître dans ces petites entreprises car il faut bien se protéger… des autres.
Éditorial