Viser la mixité par la formation

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Sensibiliser le public féminin à un métier aujourd’hui accessible, faire tomber les stéréotypes tout en répondant aux besoins de recrutement des clients. RAS Intérim a fait le pari d’une action de formation à la conduite de poids lourds qui ne réunit que des femmes.

Féminiser la profession pour répondre à la pénurie mais aussi à une demande croissante des entreprises, c’est l’objectif du projet « Agir au féminin » élaboré par le groupe RAS Intérim. Né d’une rencontre professionnelle entre Anne Poitevin, responsable de l’agence RAS Intérim de Toulouse, et Sonia Tahari, conseillère en formation au Centre de formation professionnelle ECF Sacareau de Colomiers, Agir au féminin entend, avec le concours de Pôle emploi, promouvoir et participer à la mixité dans les métiers de la conduite par des actions de formation 100 % féminines. Un challenge pour le secteur qui ne compte que 5 % de conductrices. Une première session débutera le 21 septembre à Toulouse avec 10 inscrites. « Lorsque nos clients nous parlent de leurs attentes, le sujet de la féminisation du transport routier revient régulièrement, souligne Anne Poitevin. Avec une vraie mixité dans l’entreprise, l’état d’esprit dans les équipes tend à être plus positif. »

Un parcours complet

Le projet prend forme progressivement au sein du groupe RAS Intérim, qui réalise chaque année son objectif de former 1 000 conducteurs/conductrices. Un parcours de formation complet est proposé aux candidates : TP porteur, permis CE puis un module de perfectionnent à la conduite de véhicules articulés pour donner plus de confiance aux conductrices. « Souvent un manque de pratique est reproché aux débutants sur des manœuvres professionnelles comme la mise à quai, l’attelage/le dételage… », précise Anne Poitevin. Autre argument pour convaincre les potentielles candidates, elles reçoivent une indemnisation de Pôle emploi et la formation est entièrement prise en charge par RAS Intérim avec notamment le soutien financier d’AKTO et du conseil régional d’Occitanie.

Dupliquer l’action

L’initiative est développée avec une conseillère au service entreprises de Pôle emploi, Erika Bosc, et Cyliane Sillon-Loredon, chargée de recrutement à l’agence RAS Intérim de Toulouse pour dénicher les futures conductrices. Une campagne de mailing cible 3 000 candidates potentielles et 90 CV de femmes parviennent au groupe d’intérim. Les profils sont étudiés selon les besoins des cinq entreprises partenaires de RAS Intérim (Transports Jimenez, Transport Jardel Service, Sarrazain Transport, Transports J. Perrenot, Kuehne+Nagel) qui, dès le départ, ont participé à l’opération. « Nous avons demandé aux clients de parrainer les candidates en étant présents tout au long de la formation afin de créer du lien », indique Amel Touag, responsable du développement de la formation à RAS Intérim. Après six étapes pour valider l’envie et le projet professionnel des candidates par des entretiens, des contrôles de références et des prérequis, « nous en avons sélectionné dix, aux profils très variés, de 26 à 54 ans et de la DRH en reconversion à la jeune maman qui souhaitait reprendre une activité professionnelle », précise Anne Poitevin.

Déconstruire les préjugés

Les bonnes pratiques et les pistes d’amélioration de la première action sont analysées pour faire évoluer la démarche et la modéliser. Elle a vocation à être dupliquée, selon les besoins des 160 agences du groupe. « Le transport dans sa globalité souffre d’un manque d’attractivité et tous les stéréotypes sur les femmes dans le transport ajoutent un frein supplémentaire pour les intégrer, soutient Amel Touag. Fréquemment, sous la pression familiale voire sociale, des femmes ne vont pas se diriger vers ces métiers alors qu’elles en avaient le souhait, parfois dès le plus jeune âge. » Pour attirer les femmes, les préjugés doivent être déconstruits en démontrant qu’elles ont leur place dans le TRM à plusieurs niveaux : « Les entreprises sont complètement ouvertes, il y a eu un important changement de mentalité ces dernières années, note Amel Touag. Et le métier ne demande plus autant de force physique : le matériel a fortement évolué, par exemple avec de l’automatisation. »

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