Près de 8,2 milliards d’euros par an. C’est, selon l’Union européenne, le montant des vols de marchandises de forte valeur qui se produisent tout au long de la chaîne logistique sur le Vieux Continent. À cet égard, Transported Asset Protection Association (TAPA) rapporte que le nombre de vols a historiquement doublé en 2019, à 8 548 incidents. Dont 1 542 pour la France soit une hausse spectaculaire de 817,8 % par rapport à 2018 ! D’où l’importance de sécuriser les entrepôts logistiques. Après une analyse de risque détaillée (voir encadré), les recommandations portent sur des bonnes pratiques en matière de protection périphériques (tout autour du site), périmétrique (à l’intérieur du site mais autour des bâtiments) et intérieure (dans les bureaux et zones de stockage de l’entrepôt).
Plus vite un système de protection périmétrique détecte une intrusion, plus courts sont les délais pour l’endiguer ou en limiter les dégâts. Sur les grands sites logistiques, les premiers remparts reposent sur une solide clôture physique instrumentée de capteurs de détection de torsion, de mouvements, de vibrations comme ceux de chez Hymatom ou Sorhea. Ou sur des barrières infrarouges (Atsumi, Optex, Prodatec, Seagate, Sorhea, Sunwave-Selco, Takex, etc.). Ou encore sur des câbles coaxiaux hyperfréquences enfouis sous terre (Sorhea, Southwest Microwave, etc.) qui créent une zone de détection de près de 2 m de large pour 1,25 mètre de hauteur, totalement invisible à l’œil nu. Sur les sites plus modestes, Prodatec va lancer cet automne Connect. Il s’agit de détecteurs infrarouges qui communiquent en mode radio avec n’importe quelle centrale d’alarme du marché. De quoi éviter de creuser des tranchées de raccordement au réseau électrique, « d’autant que leurs piles lithium leur confèrent une autonomie de trois ans », souligne Fabien Jimenez, responsable commercial France de Prodatec. Fabriqués en France, ses détecteurs se distinguent par leur revêtement en nid d’abeille. Ce design breveté les rend insensibles au givre, à la neige, à la rosée ou à tout autre dépôt d’humidité. Nul besoin donc d’y intégrer du chauffage. « Ce système repère si l’atténuation des faisceaux relève des intempéries (brouillard, forte pluie, neige épaisse), de la végétation ou d’une intrusion », indique Fabien Jimenez.
De son côté, Sorhea allège également les coûts de mise en œuvre avec sa nouvelle offre So-Beam. La portée du faisceau s’étend à 80 mètres pour l’infrarouge et jusqu’à 300 mètres à vue pour la radio. « Nous proposons aussi des barrières hyperfréquence ou encore des câbles sensibles pour la détection sur clôture », ajoute Christian Valette, directeur général de Sorhea, filiale groupe Vitaprotech. Actuellement, le groupe phosphore sur un câble détecteur de choc qui intégrera la technologie IP (Internet Protocol). Une première dans le domaine.
De plus en plus, les caméras thermiques remplacent les barrières infrarouges ou hyperfréquence, les câbles de clôture ou les câbles enterrés. Normal : « Elles offrent des portées de détection importantes, de l’ordre de 200 mètres. Huit caméras suffisent à ceinturer un entrepôt », précise Matthieu Thaller, responsable commercial de Foxstream, un éditeur d’intelligence artificielle spécialiste de la détection d’intrusion temps réel qui équipe les entrepôts de DPD, La Poste Courrier, Kuehne+Nagel ou Decathlon. Bâtiment. Avantage : ces capteurs réduisent le taux de fausse alarme. Surtout, la levée vidée est immédiate et qualifiée. « Nous générons un flux vidéo dans lequel l’intrus apparaît à l’image dans un détourage rouge. Ce flux crée une alarme au PC du surveillance sur site ou chez le télésurveilleur », souligne Matthieu Thaller. De quoi accélérer l’envoi d’une équipe de sécurité privée ou l’arrivée des forces de l’ordre. Voire interpeler les intrus en flagrant délit.
La protection périmétrique intègre aussi les dispositifs qui interdisent l’accès au site public ou privé, telles les bornes escamotables communiquantes du groupe LBA. À l’instar du modèle ALE A25-60, de 60 centimètres de hauteur, en cours d’industrialisation. En acier brossé, cette borne résiste à une voiture bélier de 1,5 tonne roulant à 50 km/h. « Pour favoriser son adoption, cette borne escamotable s’installe, se raccorde et se pilote aussi facilement qu’une barrière conventionnelle », fait valoir Jean-Marc Sanchis, directeur commercial et marketing de LBA. Par ailleurs, le groupe se prépare à déployer pour la ville de Paris de nouveaux modèles de bornes amovibles en acier ALE R22-100-C50. Capables de résister à un camion de 7,5 tonnes roulant à 50 km/h, celles-ci sont faciles à installer et réclament une profondeur de fouille de 33 cm seulement. Ces caractéristiques répondent au cahier des charges rédigé par la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. Surtout, cette borne amovible dispose d’un système de préhension qui permet à deux pompiers de l’enlever manuellement, sans recourir à un engin de levage.
Dans l’entrepôt, les caméras de vidéosurveillance permettent d’étudier la sinistralité, c’est-à-dire la sortie frauduleuse d’un produit. « Elles peuvent contrôler le nombre de palettes ou de colis aussi bien à la réception qu’à l’expédition des marchandises sur la dalle du quai que sur les portes de quai pour voir jusqu’au fond de la remorque, détaille Bruno Bourgeois, directeur de la sûreté de PKM Logistique (60). S’il y a de la casse à l’arrivée, on peut alors émettre des réserves sur les bordereaux de livraison. » Dans la même logique, l’exploitant va tracer les colis au picking et copacking. Enfin, certaines caméras vidéo, comme celles de Hikvision, sont capables de faire une levée de doute pour un départ d’incendie.