Partie d’une feuille blanche, la conception du Volta Zéro rompt avec l’image du poids lourd thermique traditionnel et même avec ses concurrents électriques. « La suppression du moteur à combustion a permis de repenser complètement son design et son confort de conduite », confirme Rob Fowler. Le président-directeur général de Volta Trucks, start-up suédoise porteuse de cette innovation, valorise la « position centrale et l’ergonomie du poste de conduite doté d’une vision à 220 degrés grâce à une cabine ’verrière“ avec portes coulissantes de chaque côté ». Conçu pour la distribution en ville, le véhicule offre « une visibilité optimale avec une ligne de vision à environ 1,8 m de hauteur. La protection des usagers de la route est renforcée par des caméras de recul qui remplacent les rétroviseurs traditionnels, d’une caméra à 360 degrés montrant au conducteur son environnement complet ainsi que par des systèmes d’avertissement qui détectent les objets dans les angles morts sur les parties latérales du véhicule ».
Le système de propulsion du Volta Zéro est placé sous le châssis. Il se compose d’un moteur électrique unique relayé par un essieu à propulsion électrique qui entraîne les roues arrière. « Cette conception évite l’emploi d’un arbre de transmission et allège le véhicule pour une autonomie accrue », indique le P-dg. Elle libère aussi de la place entre les rails du châssis où est logée la batterie. D’une puissance de 160 à 200 kWh délivrant une vitesse maximale de 90 km/h, celle-ci fonctionne au lithium-fer-phosphate (LFP) non inflammable et pèse 500 kg. « Sa durée de vie est de dix ans ou 4 000 cycles garantis avec aucune perte de performance, explique Rob Fowler. En fin de vie, la batterie LFP peut être recyclée et réutilisée comme dispositifs de stockage d’énergie ». Par cycle, elle offre une autonomie « de 150 à 200 km avec une charge maximale soit une capacité utile de 8,6 t et de 37,7 m3 capable d’accueillir 16 palettes EUR ».
Dans sa configuration actuelle, le Volta Zéro est proposé avec une caisse pour transporter des marchandises ambiantes. Celle-ci est fabriquée avec des panneaux en composite de lin et de résine biodégradable disposant des mêmes performances de sécurité et de résistance que les matériaux acier. Ces panneaux ont été développés par les sociétés suisse Bcomp et britannique Bamd avec le concours de l’Agence spatiale européenne. Une version carrossée pour fret frigorifique est également annoncée. « C’est la batterie du véhicule qui alimentera l’unité de refroidissement et de réfrigération », évoque le dirigeant. De série, le Volta Zéro sera équipé également d’aides à la conduite dont de navigation, de changement et de sortie de voies, au stationnement et de diagnostic automatique connecté sur son état technique avec suivi à distance.
Deux prestataires se sont engagés auprès de Volta Trucks pour tester le Volta Zéro en conditions réelles d’exploitation au premier semestre 2021 : DPD UK dans la zone à faibles émissions de Londres, Bring et Posten dans plusieurs centres-villes en Norvège, en Suède, au Danemark et en Finlande. S’ajoute Bridgestone, fournisseur des premiers modèles en pneumatiques (285/70R19.5146/144M R-Steer 002) conçus pour des véhicules électriques à couple élevé. « Une douzaine d’exemplaires seront testés », précise Rob Fowler. À l’issue de ces essais, la production en série débuterait en 2022 et serait assurée par des partenaires industriels basés au Royaume-Uni en cours de sélection. Dès 2022, la start-up, qui déclare avoir déjà reçu plusieurs commandes, prévoit de construire environ 500 exemplaires et jusqu’à 5 000 par an à partir de 2025. Assurant un TCO (coût de possession) équivalent à celui d’un véhicule diesel de même capacité, Volta Trucks prévoit une commercialisation par ses propres moyens avec Londres, Paris et les villes de Scandinavie pour premières cibles. Sous la forme d’une location (ou d’une vente à la demande des futurs clients), le Volta Zéro sera commercialisé dans le cadre d’une prestation globale et modulaire baptisée Truck as a Service. La mensualité inclura au choix le loyer du véhicule avec sa batterie, l’infrastructure de charge, l’entretien, l’assurance, la formation… La montée en puissance de Volta Trucks, du Volta Zéro et de son modèle économique suppose des financements et des levées de fonds. À date, Rob Fowler se déclare attaché à « son indépendance », dont vis-à-vis d’autres constructeurs de véhicules industriels. Les investissements engagés par Volta Trucks ont été financés pour l’heure sans aide publique, assure-t-on, portés par plusieurs financeurs au sein d’un groupement piloté par le groupe suédois Byggmästare A J Ahlström.